Loe raamatut: «Avant qu’il ne ressente »
AVANT QU’IL NE RESSENTE
(UN MYSTÈRE MACKENZIE WHITE – VOLUME 6)
B L A K E P I E R C E
Blake Pierce
Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAIGE, qui comprend dix volumes (pour l’instant). Black Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, comprenant six volumes (pour l’instant) ; de la série mystère AVERY BLACK, comprenant cinq volumes ; et de la nouvelle série mystère KERI LOCKE, comprenant quatre volumes (pour l’instant).
Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et rester en contact.
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
REACTION EN CHAINE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)
QUI VA A LA CHASSE (Tome 5)
A VOTRE SANTÉ (Tome 6)
DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)
UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)
SANS COUP FERIR (Tome 9)
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
POLAR AVERY BLACK
RAISON DE TUER (TOME 1)
RAISON DE COURIR (TOME2)
RAISON DE SE CACHER (TOME 3)
RAISON DE CRAINDRE (TOME 4)
LES ENQUETES DE KERI LOCKE
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (TOME 1)
DE MAUVAIS AUGURE (TOME 2)
L’OMBLRE DU MAL (TOME 3)
TABLE DES MATIÈRES
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
PROLOGUE
Il avait lu ce bouquin au moins une demi-douzaine de fois mais ce n’était pas grave. C’était un bon bouquin et il était même arrivé au point de donner à chaque personnage du livre sa propre voix. Ça aidait aussi beaucoup qu’il s’agisse là d’un de ses ouvrages favoris – Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver par Ray Bradbury. Pour beaucoup, ce serait un choix étrange de livre à lire aux pensionnaires d’une résidence pour aveugles, mais tous ceux à qui il l’avait lu avaient eu l’air de l’apprécier.
Il arrivait à la fin de l’histoire et sa pensionnaire avait été subjuguée par le récit. Ellis, une femme de cinquante-sept ans, lui avait expliqué qu’elle était née aveugle et qu’elle vivait dans cette résidence depuis onze ans, après que son fils ait décidé qu’il ne voulait plus s’occuper d’elle et l’avait placée dans la résidence Wakeman pour aveugles.
Ellis avait eu l’air de l’apprécier directement. Elle lui avait raconté plus tard qu’elle n’avait parlé de lui qu’à très peu d’autres pensionnaires car elle avait envie de le garder pour elle toute seule. Et c’était très bien comme ça. En fait, c’était même plutôt parfait en ce qui le concernait.
Mieux encore, il y a environ trois semaines, elle avait insisté pour qu’ils sortent de la résidence ; elle avait envie d’entendre son récit en plein air, avec le visage au vent. Et bien qu’il n’y ait pas vraiment de brise aujourd’hui – il faisait en fait vraiment très chaud – c’était très bien comme ça. Ils étaient assis dans une petite roseraie à environ cinq cents mètres de la résidence. C’était un endroit, lui avait-elle dit, où elle aimait se rendre. Elle y aimait l’odeur des roses et le bourdonnement des abeilles.
Et maintenant, elle y écoutait sa voix lui lire l’histoire écrite par Ray Bradbury.
Il était content qu’elle l’apprécie autant. Il l’aimait beaucoup aussi. Ellis ne l’interrompait pas avec des dizaines de questions comme d’autres pensionnaires pouvaient le faire. Elle restait simplement assise là, le regard perdu au loin, et se concentrait sur chacun des mots qu’il prononçait.
Au moment où il arriva à la fin d’un chapitre, il jeta un coup d’œil à sa montre. Il était déjà resté dix minutes de plus que d’habitude. Il n’avait pas prévu de rendre visite à d’autres pensionnaires aujourd’hui mais il avait des projets pour ce soir.
Il plaça son marque-page à l’endroit où il s’était arrêté et déposa le livre. Maintenant qu’il n’avait plus l’histoire pour le distraire, il réalisa combien la chaleur du sud était oppressante dans son dos.
« C’est tout pour aujourd’hui ? » demanda Ellis.
Il sourit à sa question. Il était toujours aussi étonné de constater que les autres sens aient autant compensé l’absence de la vue. Elle l’avait entendu bouger sur le petit banc au centre du jardin, puis le bruit léger du livre qu’il avait reposé sur ses genoux.
« Oui, j’en ai bien peur, » dit-il. « J’ai déjà dépassé de dix minutes le temps de ma visite. »
« Il reste encore beaucoup ? » demanda-t-elle.
« Environ quarante pages. Alors on le terminera la semaine prochaine. C’est d’accord ? »
« Oui, tout à fait, » dit-elle. Puis elle fronça légèrement les sourcils et ajouta : « Est-ce que ça vous dérange si je vous demande… et bien, vous savez… c’est bête, mais… »
« Non, il n’y a pas de problème, Ellis. »
Il se pencha plus près d’elle et la laissa toucher son visage. Elle promena ses mains le long du contour de sa tête. Il comprenait ce besoin (et Ellis n’était pas la seule femme aveugle qui lui ait demandé la même chose) mais ça lui paraissait toujours aussi bizarre. Un léger sourire se dessina sur les lèvres d’Ellis au moment où elle parcourait son visage des doigts, puis elle retira ses mains.
« Merci, » dit-elle. « Et merci pour la lecture. Je me demandais si vous aviez déjà des idées pour le prochain bouquin ? »
« Ça dépend de quoi vous avez envie. »
« Un classique, peut-être ? »
« C’est Ray Bradbury, » dit-il. « C’est le plus classique que je puisse faire. Mais je pense que je dois avoir Sa Majesté des mouches quelque part. »
« C’est le livre racontant l’histoire de ces garçons échoués sur une île, n’est-ce pas ? »
« De manière résumée, oui. »
« Ça me paraît une bonne idée. Mais celui-ci… ce Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver est vraiment excellent. Un très bon choix ! »
« Oui, c’est un de mes livres préférés. »
Il était plutôt content qu’elle ne puisse pas voir le sourire perfide qui se dessina sur ses lèvres. Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver, de fait, pensa-t-il.
Il prit son livre en main, usé par des années d’utilisation, ouvert pour la première fois il y a environ trente ans. Il attendit qu’elle se lève avec lui, comme un amoureux impatient. Elle avait son bâton de marche avec elle mais elle l’utilisait rarement.
La marche retour vers la résidence Wakeman pour aveugles était courte. Il aimait regarder la concentration qui envahissait son visage quand elle se mettait à marcher. Il se demanda quel effet cela pouvait-il faire de compter sur tous ses autres sens pour pouvoir se déplacer. Ça devait être très fatigant de se déplacer dans un univers sans être capable de le voir.
Tout en scrutant son visage, il espérait surtout qu’Ellis ait apprécié le récit qu’elle avait entendu jusqu’à maintenant.
Il serra le livre contre lui, presque déçu qu’Ellis n’ait jamais l’occasion de savoir comment l’histoire se terminait.
*
Ellis se prit à penser aux jeunes garçons de Quelque chose de diabolique est sur le point d’arriver. C’était le mois d’octobre dans le livre. Elle aurait aimé être aussi au mois d’octobre. Mais non… c’était la fin du mois de juillet dans le sud de la Virginie et elle avait l’impression qu’il ne pouvait pas faire plus chaud que ça. Elle envisageait de faire une ballade avant le crépuscule, mais il faisait toujours un insupportable trente-deux degrés dehors comme le lui avait appris Siri, l’application sur son iPhone.
Hélas, elle avait appris à bien connaître Siri. Cette application était un bon moyen de faire passer le temps. Elle lui parlait d’une voix prétentieuse de robot et maintenait Ellis informée sur des sujets divers, les prévisions météo ou les résultats sportifs.
Il y avait quelques personnes à la résidence qui s’y connaissaient en technologie et qui veillaient à ce que tous ses gadgets informatiques soient mis à jour. Elle avait un MacBook rempli d’iTunes et une bibliothèque musicale assez conséquente. Elle avait également le dernier iPhone et même une excellente application qui lui permettait de communiquer en Braille.
Siri venait juste de lui dire qu’il faisait trente degrés à l’extérieur. Ça avait l’air impossible vu qu’il était presque dix-neuf trente du soir. Enfin, pensa-t-elle. Un peu de transpiration n’a jamais fait de mal à personne.
Elle envisagea d’abandonner l’idée de sa ballade. C’était une promenade qu’elle faisait au moins cinq fois par semaine. Mais elle en avait déjà fait une aujourd’hui avec l’homme qui lui faisait la lecture. Elle n’avait pas vraiment besoin de faire de l’exercice mais… et bien, elle avait sa routine et ses petites habitudes qui lui donnaient l’impression d’être normale, qui lui donnaient l’impression d’être saine d’esprit. De plus, il y avait quelque chose dans l’air à la fin de la journée, au moment du crépuscule. Elle était capable de littéralement sentir le moment où le soleil se couchait et d’entendre une sorte de bourdonnement électrique dans l’air au moment où le silence envahissait le monde autour d’elle, amenant l’obscurité et la nuit.
Alors elle décida finalement d’aller faire sa promenade. Deux personnes de la résidence lui dirent au revoir, des voix familières – l’une remplie d’ennui, l’autre avec un enthousiasme réfréné. Elle savoura la sensation de l’air frais sur son visage au moment où elle sortit sur la pelouse principale.
« Où vas-tu, Ellis ? »
C’était une autre voix familière – celle du directeur de la résidence Wakeman, un homme jovial du nom de Randall Jones.
« Ma promenade habituelle, » répondit-elle.
« Mais il fait si chaud ! Ne traîne pas de trop. Je n’ai vraiment pas envie que tu nous fasses une syncope ! »
« Ou rater mon ridicule couvre-feu, » dit-elle.
« Oui, c’est ça, » dit Randall, avec un petit air moqueur.
Elle sortit pour sa ballade, laissant derrière elle la résidence. Elle sentit un espace ouvert devant elle, la pelouse qui l’attendait. Au-delà se trouvait le trottoir et, cinq cent mètres plus loin, la roseraie.
Ellis détestait l’idée d’avoir près de soixante ans et d’avoir un couvre-feu. Elle en comprenait la raison mais ça lui donnait l’impression d’être un enfant. Mais d’un autre côté, à part le fait d’être aveugle, elle était plutôt bien à la résidence Wakeman. Elle avait même cet homme gentil qui venait lui faire la lecture une fois par semaine – et parfois deux fois. Elle savait qu’il faisait aussi la lecture à d’autres personnes. Mais c’était des pensionnaires d’autres résidences. Ici à Wakeman, elle était la seule à qui il faisait la lecture. Elle avait du coup l’impression d’être spéciale. Elle avait l’impression qu’il avait une préférence pour elle. Il s’était plaint du fait que la plupart des pensionnaires préféraient des romans à l’eau de rose ou des best-sellers inintéressants. Mais avec Ellis, il pouvait lire des ouvrages qu’il appréciait vraiment. Deux semaines plus tôt, ils avaient terminé Cujo de Stephen King. Et maintenant, c’était ce livre de Bradbury et –
Elle s’arrêta de marcher, en penchant légèrement la tête sur le côté.
Elle avait eu l’impression d’entendre un bruit tout près d’elle. Mais après s’être arrêtée, elle n’entendit plus rien.
C’était probablement juste un animal traversant les bois sur ma droite, pensa-t-elle. Après tout, c’était la Virginie du Sud… et il y avait beaucoup de forêts et d’animaux qui y vivaient.
Elle tapota de sa canne devant elle, trouvant une sorte de bien-être dans le bruit familier du clic clic au moment où elle touchait le trottoir. Bien qu’elle n’ait jamais vu le trottoir ou la route qui le longeait, on les lui avait plusieurs fois décrits. Elle avait même fini par s’en créer une image mentale avec les descriptions des fleurs et des arbres que certains des aides-soignants de la résidence lui en avaient faites.
Cinq minutes plus tard, elle sentit l’odeur des roses à quelques mètres devant elle. Elle entendit le bourdonnement des abeilles voletant autour des fleurs. Elle avait parfois l’impression qu’elle pouvait même sentir les abeilles, couvertes de pollen et du miel qu’elles produisaient quelque part tout près.
Elle connaissait si bien le chemin qui menait à la roseraie qu’elle aurait pu s’y rendre sans l’aide de sa canne. Elle en avait fait le tour au moins un millier de fois durant ces onze dernières années à la résidence. Elle y venait pour réfléchir sur sa vie, sur le fait qu’elle était devenue si compliquée que son mari l’avait quittée quinze ans plus tôt et son fils avait fait de même il y a onze ans. Son salaud d’ex-mari ne lui manquait pas du tout mais ce qui lui manquait, c’était de sentir les mains d’un homme sur son corps. Pour être tout à fait honnête, c’était une des raisons pour laquelle elle appréciait autant toucher le visage de l’homme qui lui faisait la lecture. Il avait un menton volontaire, des pommettes saillantes et un accent du Sud qu’elle adorait écouter. Même s’il lui avait lu l’annuaire téléphonique, elle aurait apprécié.
Elle pensait à lui au moment où elle sentit qu’elle entrait dans l’espace familier du jardin. Le béton était résistant sous ses pas mais tout ce qui l’entourait était doux et accueillant. Elle fit une pause durant un instant et réalisa que, comme c’était généralement le cas dans l’après-midi, elle y était toute seule. Il n’y avait personne d’autre.
Elle s’arrêta à nouveau. Elle avait entendu un bruit derrière elle.
Ressenti, aussi, pensa-t-elle.
« Qui va là ? » demanda-t-elle.
Elle ne reçut aucune réponse. Elle était sortie aussi tard car elle savait que le jardin serait désert. Très peu de personnes sortaient le soir après dix-huit heures dans la minuscule petite ville de Stateton, où se trouvait la résidence Wakeman. Quand elle était sortie un quart d’heure plus tôt, elle avait tendu l’oreille pour savoir si quelqu’un se trouvait dans la pelouse à l’avant et elle n’avait rien entendu. Elle n’avait également entendu personne sur le trottoir en descendant vers le jardin. Il était possible que quelqu’un soit sorti avec l’intention de se glisser furtivement derrière elle et l’effrayer mais c’était assez risqué. Un tel comportement avait des conséquences, des lois rigoureusement appliquées par une force de police qui ne rigolait pas quand il s’agissait d’adolescents cherchant à faire une mauvaise blague à une personne handicapée.
Mais elle entendit à nouveau quelque chose.
Elle avait entendu un bruit et elle était d’autant plus certaine que quelqu’un se trouvait à proximité. Elle pouvait sentir son odeur. Ce n’était pas du tout une odeur désagréable. En fait, c’était plutôt une odeur familière.
Un sentiment de peur l’envahit et elle ouvrit la bouche pour crier.
Mais avant qu’elle ne puisse émettre un seul son, elle sentit soudain une pression immense autour de sa gorge. Elle sentit autre chose aussi, irradiant de la personne.
C’était de la haine.
Elle étouffait, incapable de hurler, de parler, de respirer, et elle sentit qu’elle tombait à genoux.
La pression autour de son cou s’intensifia et la haine émanant de son attaquant la pénétrait de toute part alors que son corps était envahi par la douleur. Et pour la première fois de sa vie, Ellis fut soulagée d’être aveugle. Alors qu’elle sentait la vie la quitter, elle était soulagée de ne pas devoir regarder dans les yeux le visage du mal. Au lieu de ça, elle avait devant elle cette obscurité si familière pour l’accueillir dans ce qui l’attendait après cette vie.
CHAPITRE UN
Mackenzie White, toujours sur les routes, était vraiment contente de rester confinée dans son petit box. Elle avait été encore plus ravie quand, il y a trois semaines, McGrath l’avait appelée pour lui dire qu’il y avait un bureau de libre suite à une série de licenciements au sein du gouvernement et qu’elle pouvait s’y installer si elle le souhaitait. Elle avait attendu quelques jours et vu que personne d’autre ne l’avait pris, elle s’y était installée.
La pièce était décorée de manière très minimaliste et elle ne contenait que son bureau, une lampe sur pied, une petite étagère et deux chaises. Un grand calendrier effaçable était pendu au mur. Elle le fixait des yeux en faisant une pause après avoir répondu à des emails et passé des coups de téléphone afin de découvrir de nouvelles pistes concernant une affaire en particulier.
C’était une affaire ancienne… une affaire liée à une simple carte de visite qu’elle avait accrochée au calendrier à l’aide d’un aimant :
Antiquités Barker
C’était le nom d’une entreprise qui n’avait apparemment jamais existé.
Les quelques pistes qu’ils avaient trouvées n’avaient mené à rien. La seule fois où il y eut une légère avancée, ce fut quand l’agent Harrison avait découvert l’existence d’un endroit à New York qui pouvait avoir un lien potentiel avec la société. Mais il s’est très vite avéré qu’il ne s’agissait de rien de plus que d’un homme qui avait vendu de vieilles antiquités bas de gamme dans son garage à la fin des années 80.
Elle avait néanmoins le sentiment qu’elle était vraiment très près de découvrir une piste qui la mènerait aux réponses qu’elle cherchait depuis longtemps – des réponses concernant la mort de son père et le meurtre qui y était apparemment lié et qui avait eu lieu à peine six mois plus tôt.
Elle essayait de s’accrocher à ce sentiment, à cette sensation que la réponse était là à portée de main, encore invisible et pourtant juste devant ses yeux. C’était ce qu’elle devait faire des jours comme aujourd’hui, où trois pistes potentielles s’étaient avérées infructueuses après quelques appels téléphoniques et quelques emails.
La carte de visite était devenue une sorte d’énigme pour elle. Elle la fixait des yeux tous les jours, en essayant d’imaginer une approche différente à laquelle elle n’aurait pas encore pensé.
Cette carte de visite la captivait tellement qu’elle sursauta au moment où quelqu’un frappa à la porte de son bureau. Elle regarda en direction de la porte et y vit Ellington. Il passa sa tête à l’intérieur et jeta un coup d’œil autour de lui.
« Et bien, tu détonnes toujours autant dans un bureau. »
« Je sais, » dit Mackenzie. « J’ai vraiment l’impression d’être un imposteur. Viens, entre. »
« Je n’ai pas beaucoup de temps devant moi, » dit-il. « Je me demandais seulement si tu voulais qu’on aille déjeuner ensemble. »
« Oui, bien sûr, » dit-elle. « On peut se retrouver en bas dans une demi-heure et… »
Son téléphone sonna, l’interrompant au milieu de sa phrase. Elle jeta un coup d’œil à l’affichage et vit que l’appel venait de l’extension de McGrath. « Attends une minute, » dit-elle. « C’est McGrath. »
Ellington hocha la tête et prit un air sérieux.
« Agent White, » dit-elle.
« White, c’est McGrath. Je veux que vous veniez aussi vite que possible dans mon bureau. C’est concernant une nouvelle mission. Trouvez-moi Ellington et amenez-le avec vous. »
Elle ouvrit la bouche pour répondre Oui monsieur, mais McGrath avait raccroché avant même qu’elle n’ait eu le temps d’émettre un son.
« On dirait que le déjeuner devra attendre, » dit-elle. « McGrath veut nous voir. »
Ils échangèrent un regard gêné en pensant à la même chose. Ils s’étaient souvent demandé combien de temps ils parviendraient à maintenir leur relation secrète et cachée de leurs collègues, et spécialement de McGrath.
« Tu penses qu’il est au courant ? » demanda Ellington.
Mackenzie haussa les épaules. « Je ne sais pas. Mais il a dit qu’il voulait nous voir concernant une mission. Alors s’il est au courant, ce n’est apparemment pas la raison de son appel. »
« Alors allons-y et on aura notre réponse, » dit Ellington.
Mackenzie éteignit son ordinateur et rejoignit Ellington. Ils traversèrent l’édifice en direction du bureau de McGrath. Elle essayait de se persuader que ce n’était pas grave si McGrath était au courant à leur sujet. Ce n’était pas une raison de suspension ou de réprimande, mais il ne les laisserait probablement plus jamais travailler ensemble s’il découvrait la vérité.
Bien qu’elle fasse de son mieux pour ne pas se préoccuper, elle était tout de même inquiète. Elle fit de son mieux pour éviter d’y penser alors qu’ils s’approchaient du bureau de McGrath, tout en essayant de rester le plus éloigné possible d’Ellington.
***
McGrath les regarda d’un air méfiant au moment où ils s’assirent sur les chaises qui se trouvaient de l’autre côté de son bureau. C’était un endroit que Mackenzie commençait à bien connaître, être assise sur cette chaise pour être soit sermonnée soit félicitée par McGrath. Elle se demanda à quoi s’attendre aujourd’hui avant qu’il ne leur assigne leur nouvelle mission.
« Bon, on va commencer par laver un peu de linge sale, » dit McGrath. « Il est clair qu’il y a quelque chose entre vous. Je ne sais pas si c’est de l’amour ou juste un truc de passage… et franchement je m’en fous. Mais c’est votre seul et unique avertissement. Si ça vous empêche de faire votre boulot correctement, vous ne serez plus jamais partenaires. Et ce serait vraiment dommage car vous travaillez vraiment bien ensemble. C’est compris ? »
Mackenzie ne voyait pas à quoi ça pouvait servir de nier les faits. « Oui, monsieur. »
Ellington fit écho à sa réponse et elle eut un petit sourire en coin quand elle vit qu’il avait l’air gêné. Il était clair qu’il n’était pas du genre à être habitué à recevoir des réprimandes de sa hiérarchie.
« OK, maintenant que ça, c’est fait, venons-en à l’affaire, » dit McGrath. « On a reçu un appel du shérif d’une petite ville du Sud du nom de Stateton. Il y a une résidence pour aveugles – et c’est à peu près tout ce qu’il y a, d’après ce que j’ai pu comprendre. La nuit dernière, une femme aveugle a été assassinée très près de la résidence. Et bien que ce soit déjà assez tragique en soi, c’est le deuxième meurtre d’une personne aveugle dans l’état de Virginie en dix jours. Dans les deux cas, il y avait un traumatisme au niveau du cou, indiquant par là une mort par strangulation, ainsi qu’une irritation autour des yeux. »
« Est-ce que la première victime était également pensionnaire d’une résidence pour aveugles ? » demanda Mackenzie.
« Oui, mais d’une résidence beaucoup plus petite, d’après ce que j’ai pu comprendre. Au début, ils ont supposé que l’assassin était un membre de la famille, mais ça a pris moins d’une semaine pour innocenter tout le monde. Avec une deuxième victime et le fait qu’il s’agisse de cibles bien spécifiques, il est plus que probable qu’il ne s’agisse pas d’une coïncidence. Alors j’espère que vous comprendrez l’urgence de la situation. Franchement, j’ai l’impression qu’il s’agit là d’une histoire glauque de petite ville. Il n’y a pas beaucoup d’habitants, alors vous devriez rapidement pouvoir identifier un suspect. Je vous assigne cette mission car j’attends de vous que vous l’ayez élucidée en maximum quarante-huit heures. »
« Est-ce que l’agent Harrison va travailler avec nous sur cette affaire ? » demanda Mackenzie. N’ayant pas eu l’occasion de lui parler depuis la mort de sa mère, elle se sentait un peu coupable. Bien qu’il n’ait jamais vraiment été son partenaire, elle avait pour lui beaucoup de respect.
« L’agent Harrison a été assigné à d’autres tâches, » dit McGrath. « Pour cette affaire, il vous aidera en tant que ressource… recherche, informations et ce genre de choses. Êtes-vous mal à l’aise de travailler avec l’agent Ellington ? »
« Non, pas du tout, monsieur, » dit-elle, en regrettant d’avoir dit quoi que ce soit.
« OK, très bien alors. Je demanderai aux ressources humaines de vous réserver une chambre à Stateton. Je ne suis pas idiot… alors je n’ai demandé qu’une seule chambre. Si votre histoire finit par ne mener à rien, au moins elle permettra au bureau de faire des économies. »”
Mackenzie se demanda si c’était une forme d’humour. C’était difficile à dire car McGrath n’avait jamais l’air de sourire.
Au moment où ils se levèrent pour s’attaquer à leur mission, Mackenzie réalisa combien la réponse de McGrath avait été vague concernant Harrison. Il a été assigné à d’autres tâches, pensa Mackenzie. Qu’est-ce que ça signifie ?
Mais ce n’était pas à elle à s’en préoccuper. Au lieu de ça, on venait de lui assigner une affaire et McGrath voulait qu’elle soit rapidement élucidée. Elle pouvait déjà sentir l’excitation du challenge monter en elle, la poussant à se mettre tout de suite au travail.