Loe raamatut: «De retour à la maison»
de retour à la maison
(un mystère suspense psychologique chloé fine—volume 5)
b l a k e p i e r c e
Blake Pierce
Blake Pierce est l’auteur de la série de romans à suspense à succès RILEY PAGE, qui comporte quinze tomes (pour l’instant). Blake Pierce est aussi l’auteur de la série de romans à suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend neuf tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la série de romans à suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la série de romans à suspense LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense KATE WISE, qui comprend deux tomes (pour l’instant) ; de la série de romans à suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend trois tomes (pour l’instant) et de la série de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend trois tomes (pour l’instant).
Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans à mystère et à suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc, n’hésitez pas à vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact.
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LIVRES PAR BLAKE PIERCE
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT
LA FEMME PARFAITE (Volume 1)
LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)
LA MAISON IDÉALE (Volume 3)
LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)
LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)
SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE
LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)
LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)
VOIE SANS ISSUE (Volume 3)
LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)
DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)
SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE
SI ELLE SAVAIT (Volume 1)
SI ELLE VOYAIT (Volume 2)
SI ELLE COURAIT (Volume 3)
SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)
SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)
LES ORIGINES DE RILEY PAIGE
SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)
ATTENDRE (Tome 2)
PIEGE MORTEL (Tome 3)
ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)
LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE
SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)
RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)
LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)
LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)
QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)
À VOTRE SANTÉ (Tome 6)
DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)
UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)
SANS COUP FÉRIR (Tome 9)
À TOUT JAMAIS (Tome 10)
LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)
LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)
PIÉGÉE (Tome 13)
LE RÉVEIL (Tome 14)
BANNI (Tome 15)
MANQUE (Tome 16)
SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE
AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)
AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)
AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)
AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)
AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)
AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)
AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)
AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)
AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)
AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)
AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)
LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK
RAISON DE TUER (Tome 1)
RAISON DE COURIR (Tome2)
RAISON DE SE CACHER (Tome 3)
RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)
RAISON DE SAUVER (Tome 5)
RAISON DE REDOUTER (Tome 6)
LES ENQUETES DE KERI LOCKE
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)
DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)
L’OMBRE DU MAL (Tome 3)
JEUX MACABRES (Tome 4)
LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)
TABLE DES MATIÈRES
PROLOGUE
CHAPITRE UN
CHAPITRE DEUX
CHAPITRE TROIS
CHAPITRE QUATRE
CHAPITRE CINQ
CHAPITRE SIX
CHAPITRE SEPT
CHAPITRE HUIT
CHAPITRE NEUF
CHAPITRE DIX
CHAPITRE ONZE
CHAPITRE DOUZE
CHAPITRE TREIZE
CHAPITRE QUATORZE
CHAPITRE QUINZE
CHAPITRE SEIZE
CHAPITRE DIX-SEPT
CHAPITRE DIX-HUIT
CHAPITRE DIX-NEUF
CHAPITRE VINGT
CHAPITRE VINGT ET UN
CHAPITRE VINGT-DEUX
CHAPITRE VINGT-TROIS
CHAPITRE VINGT-QUATRE
CHAPITRE VINGT-CINQ
CHAPITRE VINGT-SIX
CHAPITRE VINGT-SEPT
CHAPITRE VINGT-HUIT
CHAPITRE VINGT-NEUF
CHAPITRE TRENTE
CHAPITRE TRENTE ET UN
CHAPITRE TRENTE-DEUX
CHAPITRE TRENTE-TROIS
CHAPITRE TRENTE-QUATRE
CHAPITRE TRENTE-CINQ
CHAPITRE TRENTE-SIX
PROLOGUE
Sherry Luntz n’était pas spécialement une sentimentale, mais elle aimait fêter les occasions spéciales. C’était pour ça qu’elle roulait légèrement au-dessus de la limitation de vitesse pour rentrer chez elle du travail. Elle avait deux steaks dans un sac posé sur le siège à côté d’elle, ainsi qu’une bouteille de vin rouge. Aujourd’hui, c’était leur anniversaire de mariage. Elle était mariée à Bo Luntz depuis maintenant vingt et un ans et c’était le premier anniversaire de mariage qu’ils passaient seuls chez eux, sans leur fils. Elle avait espéré que le départ de ce dernier aurait un peu pimenté leur vie conjugale, mais ça n’avait pas été le cas. On aurait dit que ça avait plutôt creusé un fossé entre eux.
La dernière fois qu’ils avaient couché ensemble remontait à deux semaines et ça avait été une sorte de formalité effectuée à la va-vite, un matin, avant d’aller travailler. Mais ce soir… c’était leur anniversaire de mariage et ils allaient célébrer ça dignement. Si Bo ne prenait pas les initiatives, elle avait prévu d’enfiler un petit dessous affriolant qu’elle avait acheté la semaine dernière sur internet et qu’elle n’hésiterait pas à sortir de son armoire.
Elle arriva chez elle à 17h25, cinq minutes avant l’heure à laquelle elle rentrait normalement à la maison. Le pickup de Bo était garé dans l’allée, ce qui voulait dire qu’il était déjà rentré. Ce n’était pas anormal, vu qu’il rentrait généralement avant elle.
Elle se gara et sortit de voiture. Elle réalisa soudain qu’il était possible que Bo ne se rappelle même pas que c’était leur anniversaire de mariage. Il avait normalement une bonne mémoire et se rappelait les dates importantes, mais dernièrement il avait été un peu distrait. Depuis que Luke était parti à l’université, Bo avait été plus distant et il n’avait pas vraiment été lui-même.
Il n’empêche que… elle serait vraiment très fâchée s’il avait oublié leur anniversaire de mariage. Mais vu qu’elle avait aussi très envie de lui sauter dessus ce soir, elle pourrait peut-être attendre demain avant de lui faire la tête.
Elle entra dans la maison. Le silence y régnait. Elle regarda dans le salon qui donnait vers la cuisine, et elle vit que Bo n’était pas là. C’était bizarre vu que, presque tous les après-midis, il était soit assis dans la cuisine à répondre à ses emails, soit vautré dans le divan à regarder les nouvelles à la télé.
Elle fut d’abord un peu surprise mais très vite, un sourire se dessina sur ses lèvres. Peut-être qu’il se rappelait non seulement que c’était leur anniversaire de mariage, mais qu’il était aussi excité qu’elle à l’idée de le célébrer dignement. Elle posa les steaks et la bouteille de vin sur le plan de travail de la cuisine et gravit lentement les escaliers qui se trouvaient entre le salon et la cuisine. Elle savait que Bo n’était pas du genre à utiliser des pétales de roses ou de la musique douce pour la séduire. Aucun des deux n’était particulièrement romantique.
Et ça lui allait très bien comme ça. Franchement, elle serait tout aussi heureuse s’il la surprenait derrière la porte de la chambre et qu’il la prenait là, contre le mur. Elle fut excitée à la seule idée d’y penser et elle accéléra le pas en arrivant en haut des marches.
« Bo ? » dit-elle, avec une touche d’espièglerie dans la voix.
Elle passa devant la salle de bains et arriva devant la porte de leur chambre à coucher. Elle était fermée et elle essaya de se rappeler si elle l’avait fermée en partant ce matin. Mais trop excitée pour y réfléchir plus longtemps, elle ouvrit la porte, en s’attendant à ce qu’il l’attrape par surprise ou qu’il soit allongé tout nu sur le lit, à l’attendre.
Mais il n’y avait personne. Elle fronça les sourcils et fit demi-tour dans le couloir. Où est-ce qu’il peut bien être ?
Puis elle se rappela qu’elle lui avait envoyé un message pour lui dire qu’elle avait acheté des steaks. Elle avait failli terminer son message en disant ‘pour célébrer notre anniversaire de mariage’ mais elle s’était ravisée, en espérant qu’il s’en rappellerait tout seul. Vu qu’il savait qu’elle amenait des steaks, il était probablement sur la terrasse, occupé à allumer le barbecue.
Un peu déçue par le fait de ne pas avoir de surprise dans la chambre à coucher, Sherry redescendit au rez-de-chaussée. En passant par la cuisine, elle faillit prendre les épices pour les steaks mais elle décida d’aller d’abord dire bonjour à Bo. Peut-être qu’elle l’embrasserait langoureusement, histoire de le mettre sur la piste de ce qu’elle attendait plus tard dans la soirée.
Elle ouvrit la porte de la terrasse et sortit. Elle vit Bo au moment de refermer la porte derrière elle. Il lui fallut un moment pour comprendre ce qu’elle voyait.
Il était couché sur la terrasse, face à la porte. Ses yeux étaient écarquillés et il y avait quelque chose de foncé qui lui sortait de la bouche – quelque chose de rond et de mou. Elle essaya de voir ce que c’était et à ce moment-là, elle vit qu’il y avait une large flaque de sang autour de sa tête. Du sang encore humide.
« Bo… ? »
Bien entendu, Bo ne répondit pas.
Sherry sentit un hurlement lui monter dans la gorge. Elle remarqua l’odeur d’allume-feu et de charbons ardents. Bo était effectivement sorti pour allumer le barbecue. Soudain, l’odeur de charbon fut la seule chose dont elle était encore consciente. Elle tomba à genoux en hurlant et se mit à pleurer à côté du corps de son mari.
CHAPITRE UN
« Vous êtes sur le répondeur de Danielle… Laissez un message après le bip sonore. »
Chloé raccrocha et posa son téléphone sur le comptoir. Elle regarda par la fenêtre du bar où elle était entrée par hasard. C’était un jeudi après-midi et elle prenait un verre toute seule, deux jours après avoir élucidé sa dernière enquête. Elle était encore sous le coup de la manière dont elle s’était terminée, mais ce n’était pas ce qui la préoccupait le plus. En regardant à travers la fenêtre les derniers rayons du soleil inonder les rues de Washington, Chloé se préoccupait surtout pour Danielle.
Ça faisait deux jours qu’elle n’avait pas parlé à sa sœur. Elle savait que ça ne faisait pas très longtemps, mais vu la manière dont les choses s’étaient déroulées entre elles récemment, elle ne pouvait s’empêcher de se préoccuper. De plus, ce n’était pas comme si elle avait seulement éteint son téléphone. Il n’y avait personne chez elle non plus. Chloé était passée par son appartement et personne ne lui avait ouvert la porte.
Chloé finit sa seconde bière de l’après-midi et jeta un coup d’œil à l’horloge de son téléphone. Il était 17h17 – une demi-heure s’était écoulée depuis la dernière fois où elle avait regardé. Elle ne se rappelait pas à quand remontait la dernière fois où elle s’était autant préoccupée.
Du coup de l’œil, elle vit le barman s’approcher d’elle. Il fit un geste de la tête en direction du verre vide et dit : « Une autre ? »
Elle faillit accepter. Elle ne buvait pas très souvent mais elle se disait qu’elle arrêterait peut-être de se préoccuper si elle continuait à boire. Elle pourrait se saouler, prendre un taxi pour rentrer chez elle, s’effondrer dans son lit et se réveiller demain matin en se rendant compte qu’elle s’était préoccupée pour rien.
Mais ça ne lui ressemble pas. Ça ne ressemble pas à la nouvelle Danielle que je connais.
« Non, merci, » dit-elle. « Juste l’addition. »
Il alla à la caisse pour aller la chercher. Chloé reprit son téléphone en main. Son journal d’appels prouvait combien elle était préoccupée – surtout cet après-midi. Elle était même allée jusqu’à appeler le club de strip-tease où Danielle travaillait en tant que serveuse. Et ce fut à ce moment-là qu’elle commença vraiment à se préoccuper. Le patron de Danielle lui avait dit qu’elle avait appelé il y a deux jours pour dire qu’elle était malade, qu’elle avait un mauvais rhume ou un truc dans le genre.
Mais si c’était le cas, elle n’était pas restée au chaud chez elle. Et elle ne répondait pas au téléphone. Ça n’avait pas de sens d’éteindre son téléphone quand on était malade, non ?
Le barman lui tendit l’addition et elle lui fit glisser sa carte de crédit. Elle se demanda si elle ne devrait pas signaler sa disparition auprès de la police. Mais ce serait stupide. Si quelqu’un signalait une disparition dans le même genre de circonstances et qu’elle devait s’en occuper, elle lèverait probablement les yeux au ciel et l’ignorerait. De plus… vu les antécédents de Danielle, ce serait la dernière chose dont elle aurait besoin. La connaissant, il était très possible qu’elle ait tout simplement décidé de changer d’air.
Non, pas cette nouvelle Danielle…
Chloé sortit du bar encore plus frustrée qu’avant. Elle essaya de se focaliser sur une émotion en particulier – la préoccupation ou la frustration – mais elle se rendit compte qu’elles allaient de pair. Elle se dirigea vers son appartement, en essayant de se convaincre qu’elle se faisait du souci pour rien. Il n’y avait aucune raison de penser que quelque chose ne tournait pas rond. Elle n’avait jamais été du genre à se préoccuper. Elle avait toujours tendance à trouver une raison logique pour ne pas se faire de souci. Elle était sûre que, dès qu’elle arrêterait de se focaliser là-dessus, Danielle l’appellerait et lui dirait qu’elle était partie rendre visite à de vieux amis dans le Maryland, ou un truc dans le genre.
Juste au moment où cette idée rassurante lui traversait l’esprit, son téléphone se mit à sonner.
Son cœur cessa de battre. Elle était tellement persuadée que c’était Danielle, qu’elle ne prit même pas la peine de jeter un coup d’œil à l’écran. Elle faillit même dire le nom de sa sœur en décrochant.
« Allô ? »
« Agent Fine… bonjour, » dit une voix masculine. Il lui fallut un moment pour reconnaître cette voix et quand elle le fit, elle se sentit un peu mal d’être aussi déçue. C’était Kyle Moulton. À tout autre moment, elle aurait été enchantée d’entendre sa voix mais là, elle était vraiment préoccupée pour sa sœur.
« Salut, Moulton. »
« Désolé de t’appeler sans crier gare. En général, ils me laissent passer des coups de fil à cette heure-ci et j’ai eu envie de savoir comment tu allais. »
« Je vais bien. » Elle fit la grimace en s’entendant mentir et en se rendant compte combien ses mots sonnaient faux. « Tu sais quoi ? » dit-elle. « En fait, ça ne va pas des masses. »
« Le boulot ? »
« Non. Des trucs personnels. »
« Ah, je vois. Dis donc, Fine. La dernière fois qu’on s’est parlé, tu avais déjà des soucis à ce niveau-là. Ça ne va pas mieux ? »
« Tu poses bien beaucoup de questions pour quelqu’un qui est derrière les barreaux et qui ne va pas pouvoir me soutenir émotionnellement. »
Il eut un petit rire. « Je sais. Désolé. Mais il y a pas mal de choses qui se passent pour l’instant et il se pourrait bien que ma sentence soit écourtée de manière significative. En revanche, mes chances de pouvoir revenir travailler au FBI sont plutôt minces. »
« Alors, il y a de l’espoir. »
Il resta un moment silencieux et quand il se remit à parler, il le fit sur un ton légèrement triste. « Écoute… je voulais juste te dire bonjour. Je ne savais pas que tu avais encore autant de soucis personnels. Je peux te rappeler à un autre moment. »
« Non, ne te tracasse pas. C’est juste que… ça a été une dure journée. »
Elle faillit lui parler de ses craintes concernant Danielle, en se disant qu’il pourrait peut-être lui donner des conseils. Mais elle décida que c’était un peu trop personnel – puis, elle n’avait pas spécialement envie qu’il sache qu’elle pouvait être un peu paranoïaque.
« Alors… si je comprends bien, toute cette histoire avec ton père, ta sœur et le journal, ça ne s’est pas solutionné ? »
« Non… en fait, ça s’est… »
Elle s’arrêta – pas seulement de parler, mais aussi de marcher.
« Fine ? »
« Oui… »
Je n’ai pas pensé à papa. Je ne lui ai pas parlé depuis quelque temps… probablement pas depuis quelques jours…
« Moulton… tu viens de me faire penser à quelque chose que je n’avais pas pris en compte. Il faut que je te laisse. »
« Je suis content d’avoir pu t’aider, » dit-il, sur un ton joyeux. « Salut, Fine. »
Chloé raccrocha et appela le numéro de son père. Elle porta le téléphone à son oreille et entendit un clic, suivi de la messagerie vocale. Elle resta un moment immobile et réfléchit – en essayant de ne pas tout de suite envisager le pire.
Mais franchement, rien de tout ça ne collait. Vu combien son père voulait se racheter à ses yeux, il n’y avait aucune raison pour qu’il évite ses appels. Est-ce qu’il était possible qu’il soit également parti sans prévenir et qu’il ait disparu dans la nature ? Le fait qu’elle ait le même genre de silence de la part de Danielle… ça ne pouvait pas être une coïncidence.
Chloé remit son téléphone en poche et courut jusqu’à son appartement. Sa préoccupation s’était maintenant transformée en peur et elle eut l’impression que ce sentiment ne ferait que s’empirer à chaque minute qui passait.
CHAPITRE DEUX
Exactement seize minutes s’étaient écoulées entre le moment où Chloé avait reçu l’appel de Moulton et le moment où elle se gara devant l’appartement de son père. Elle y vit sa voiture sur le parking, ce qui était bon signe. Mais ça ne l’empêcha pas de continuer à se sentir de plus en plus oppressée. Elle grimpa les escaliers et frappa à la porte de l’appartement.
Elle attendit quelques secondes mais personne ne vint lui ouvrir. Elle frappa à nouveau, mais un peu plus fort cette fois-ci. Elle se pencha en avant et appuya son visage contre la porte en disant : « Papa, ouvre, c’est moi. »
Mais personne ne vint lui ouvrir. Elle essaya de tourner la poignée et fut surprise de constater que la porte n’était pas fermée à clé. Mais elle se rendait bien compte que ce n’était pas normal. Elle se sentit de plus en plus anxieuse et préoccupée.
Elle entra dans l’appartement et referma la porte derrière elle. L’endroit était silencieux et bien rangé. Elle entra dans le salon et regarda autour d’elle d’un air méfiant. Elle cherchait tout indice signalant que quelque chose d’anormal ait pu arriver, mais elle ne remarqua rien de spécial – à part le fait que la porte d’entrée ne soit pas fermée à clé.
Elle sortit du salon et traversa le petit couloir qui menait à sa chambre à coucher. Tout avait également l’air à sa place. Le lit était fait et il y avait une petite pile de vêtements sales à côté de la commode. Elle avait l’impression de s’immiscer dans la vie privée de son père et ça la mit un peu mal à l’aise. En même temps, elle se rappela le genre d’homme qu’il était… qu’il avait été avec sa mère et qu’il était toujours.
Elle sortit de la chambre, en regrettant un peu d’avoir décidé de venir. Mais maintenant qu’elle était là, autant qu’elle en profite pour jeter un bon coup d’œil. Elle se dirigea vers la cuisine et, avant même d’y entrer, elle vit tout de suite quelque chose qui lui semblait bizarre.
La bouilloire était sur le sol. Il n’y avait pas d’eau autour et elle se trouvait à plus de deux mètres de l’endroit où elle aurait dû être posée, sur la cuisinière. Chloé se pencha lentement en avant pour la ramasser. Ses doigts hésitèrent un instant, à quelques centimètres de la poignée.
Il y avait une tache sur le côté – une sorte de rouge foncé, qui ressortait sur le corps en inox. Ce n’était pas vraiment une éclaboussure, mais plutôt une sorte de grosse goutte. C’était une teinte qu’elle avait très souvent vue au cours de sa formation au FBI, alors elle sut tout de suite de quoi il s’agissait.
C’était du sang, du sang séché, ce qui voulait dire qu’il se trouvait là depuis au moins huit à dix heures. Peut-être même plus longtemps.
Elle s’agenouilla près de la bouilloire et essaya d’imaginer ce qui avait pu se passer. Sa première réaction fut de penser que Danielle était venue voir leur père pour une raison ou une autre et qu’il l’avait attaquée – qu’il l’avait même peut-être emmenée loin. Mais ça ne tenait pas la route, vu que la voiture de son père était toujours là. Et si ça avait été une attaque et un enlèvement planifiés, il aurait été plus prudent et il n’aurait pas laissé d’indices derrière lui pouvant l’incriminer. Et cette bouilloire était une sacrée pièce à conviction.
Alors, si ce n’est pas ce qui s’est passé, qu’est-ce qui est arrivé ?
Elle n’en était pas sûre. Il y avait trop de possibilités à prendre en compte. Mais une chose dont elle était certaine, c’était qu’avec la porte ouverte, le sang sur la bouilloire et maintenant deux personnes disparues, elle avait une raison valable d’appeler la police.
Chloé sortit son téléphone et faillit appeler le directeur Johnson. Mais elle savait que ce serait une erreur. Ce genre d’affaire devait d’abord être traitée par la police locale. Même si elle pensait que le FBI pourrait mieux gérer l’enquête vu qu’ils connaissaient les antécédents des deux disparus, c’était l’affaire de la police – pour l’instant.
Elle appela la police et au moment où elle entendit une femme décrocher à l’autre bout du fil, elle regarda la goutte de sang sur la bouilloire et se demanda si ce sang appartenait à son père ou à sa sœur.
***
Ça faisait vraiment bizarre d’être interrogée. Le détective qui prit sa déclaration en eut l’air très conscient. Prendre la déposition d’un agent du FBI dans le cadre d’un problème familial n’était pas monnaie courante. En même temps, le détective devait probablement savoir que l’agent du FBI qu’il avait en face de lui allait très certainement le jauger.
Chloé se sentit mal pour lui, vraiment… parce que c’était vrai, elle le jaugeait. Il était très grand et il devait avoir la cinquantaine. Il avait l’air d’avoir l’esprit vif – une qualité qu’elle avait souvent remarquée chez les détectives.
Il faisait du bon boulot, bien qu’il ait l’air assez dubitatif concernant la situation. Il était venu avec deux policiers, qui étaient encore occupés à inspecter les lieux. Chloé resta polie et évita de leur dire qu’elle avait déjà passé l’endroit au peigne fin.
« Et vous dites que la porte n’était pas fermée à clé ? » lui demanda le détective.
Ils étaient assis sur des tabourets dans la cuisine et regardaient l’endroit en y cherchant encore des indices. « Oui, » répondit Chloé.
« Est-ce que vous savez si c’était dans ses habitudes ? »
« Non, je ne sais pas. Mais je ne pense pas que ce soit le cas. Ça ne fait qu’un mois qu’il est à Washington. Je doute qu’il se sente déjà aussi à l’aise. »
« Est-ce qu’il y a une raison pour laquelle votre père aurait pu inviter votre sœur à venir ? »
Elle n’allait pas mentionner le fait que Danielle était entrée par effraction dans son appartement pour voler le journal de leur mère. Si elle le faisait, elle attirerait l’attention sur Danielle, alors que c’était son père, le mauvais. Elle était bien consciente que ça entraverait l’enquête, mais elle n’avait pas le choix. Elle devait mentir.
« Il n’y en a aucune qui me vienne à l’esprit, » dit Chloé. « Papa essayait de recoller les morceaux avec nous. On n’est pas une famille très proche, mais Danielle a toujours été un peu plus encline à croire ce qu’il disait. » Et voilà, le mensonge. « Alors peut-être qu’il lui a demandé de passer pour parler. Je ne sais pas. »
« Mais à en juger par la bouilloire et le sang qui s’y trouve, il se pourrait que ça ne se soit pas aussi bien passé que ça, » dit le détective.
« C’est ce qui me fait peur. »
« Le truc qui me dérange, c’est qu’on n’a que la bouilloire, » dit le détective. « Oui, c’est vrai, il y a du sang dessus, mais il n’y a pas une seule trace de lutte. »
« Je dirais que le sang en est une. »
« Et vous êtes certaine que c’est votre père qui l’a brandie ? Il est possible que ce soit son sang à lui. »
« J’en doute fortement, » dit Chloé.
Mais au moment où il lui posa cette question, elle commença à envisager une autre alternative – une alternative qu’elle n’avait pas envisagée, tellement elle avait été préoccupée pour Danielle. Si la porte n’était pas fermée à clé et qu’il n’y avait aucune trace de lutte… ça avait plutôt tendance à indiquer que c’était Danielle l’assaillante et non pas l’inverse. Elle serait partie de manière précipitée, en oubliant de fermer la porte à clé. Et ça aurait été plus facile pour elle de surprendre son père et de le frapper avec la bouilloire, parce qu’il ne se serait jamais attendu à ce qu’elle l’attaque.
Mais elle préféra garder ça pour elle. Elle ne voulait pas donner l’impression que Danielle puisse être l’agresseur. Elle remarqua que le détective la scrutait du regard, comme s’il savait ce à quoi elle venait de penser. Après quelques instants, il griffonna quelque chose sur un bloc-notes qu’il tenait en main, avant de se lever de son tabouret.
« Eh bien, vous connaissez la chanson, agent Fine, » dit-il. « Tout ce qu’on a, c’est ce sang. Nous allons le faire analyser, comme vous vous en doutez. Et vous recevrez probablement les résultats plus rapidement que nous. Nous allons faire un prélèvement et l’envoyer au labo. »
« Merci. »
« Et surtout, appelez-nous si vous pensez à quoi que ce soit. Si, vous savez… quelque chose vous revient. »
Le ton de sa voix indiquait qu’il avait l’impression qu’elle ne lui disait pas tout. Mais son expression lui disait également que ce n’était pas forcément un problème. En étant détective à Washington, il avait peut-être déjà été confronté à des enquêtes liées à des agents du FBI, ou il en avait très certainement entendu parler.
Il fallait qu’elle s’en rappelle. Il ne la voyait sûrement pas comme une sœur paniquée, mais plutôt comme un agent rationnel qui savait qu’il y avait une procédure à suivre. Et de fait, elle savait qu’il y avait une procédure à suivre. Elle ne pouvait pas s’attendre à ce qu’on ignore les règles, juste parce que cette affaire lui était personnelle.
« Je n’y manquerai pas, » dit-elle. « Et merci. »
« Entretemps, nous allons diffuser le signalement de votre sœur et de sa voiture. »
Le détective se dirigea vers la chambre à coucher, pour rejoindre les autres policiers. Chloé se leva de son tabouret, en ne sachant pas vraiment où aller, ni quoi faire. Elle était toujours persuadée que c’était son père qui devait avoir fait quelque chose de mal. Danielle avait déjà fait des choses regrettables dans le passé mais Chloé ne pensait pas qu’elle soit capable de meurtre.
Leur père, en revanche, l’était tout à fait. Le passé le leur avait prouvé.
Et si Danielle était avec lui et que la situation entre eux était tendue, Chloé était sûre que son père n’aurait aucun scrupule à s’en prendre à elle afin de s’assurer de garder sa liberté.
Elle se dirigea vers la porte de l’appartement. Elle se dit qu’un passage par l’appartement de Danielle était l’étape suivante la plus logique. Peut-être qu’elle y trouverait des indices, ou des preuves que…
Son cheminement de pensée fut à nouveau interrompu par la sonnerie de son téléphone. Elle le sortit rapidement de sa poche et cette fois-ci, elle lut le nom qui s’affichait à l’écran avant de décrocher. Elle ne fut pas surprise de ne pas y voir le nom de Danielle, mais elle fut déçue en voyant qui l’appelait.
Directeur Johnson.
Elle décrocha en sachant qu’elle devait faire attention à ce qu’elle disait. Elle ne voulait pas que Johnson sache qu’elle avait appelé la police. Le moins il en savait sur ses problèmes familiaux, le mieux ce serait.
« Fine, » dit-elle, en décrochant.
« Fine, c’est Johnson. Vous êtes en ville ? »
« Oui, monsieur. »
« Vous êtes bien reposée ? Est-ce que ces deux derniers jours vous ont fait du bien ? »
« Je me sens en pleine forme, monsieur. »
« Tant mieux. Écoutez, je sais que c’est un peu dernière minute et que ça ne vous laisse pas beaucoup le temps de souffler après votre dernière affaire, mais je voudrais que vous veniez me voir. J’ai une autre affaire dont j’aimerais discuter avec vous. C’est assez urgent, alors j’apprécierais que vous puissiez venir assez vite. »