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CHAPITRE VINGT-NEUF

Maintenue au sol par son père, Riley se sentit comme un petit animal pris au piège, regardant dans les yeux de sa proie écrasante. Pendant un moment, aucun des deux ne bougea. Il maintenait la pointe de la lame parfaitement stable contre sa gorge.

Les pensées de Riley fusaient.

D'où venait le couteau ?

Elle se rappela alors que son père portait toujours un couteau de chasse attaché à sa cheville. Il s'en était saisi si rapidement qu'elle ne l'avait pas remarqué.

Mais pourquoi a-t-il attaqué ?

Elle n'en avait aucune idée. Mais si son intention était de la tuer, elle n'avait aucun moyen de l'arrêter maintenant.

Leurs regards se croisèrent. Elle ne vit aucune soif de sang dans ses yeux. Son expression était sinistre, mais à peine meurtrière, malin, pas fou.

Aussi soudainement qu'il l'avait plaquée au sol, il rangea son couteau, enleva son genou de sa poitrine et se releva.

— Tu es morte, gamine, dit-il. En tout cas tu devrais l'être. Je dirais que tu mériterais de l'être.

Tremblante, Riley se releva.

— Mais c'était quoi ça, bon sang ?

— A toi de me le dire. D'abord, une bonne amie à toi se fait tuer. Ensuite, c'est ta colocataire. C'est quoi ton problème ? Il ne t'est pas venu à l'esprit que tu pourrais être la suivante comme n'importe qui ?

Riley plissa les yeux sous la surprise.

Non, je n'y avais vraiment pas pensé, réalisa-t-elle.

Elle avait été tellement dévastée par les deux morts, particulièrement celle de Trudy, et tellement obsédée par ce qu'elle pourrait apprendre sur l'esprit du tueur qu'elle n'avait même jamais pensé à sa propre sécurité.

Son père secoua la tête avec un grognement de désapprobation.

— Si c'est le mieux que tu peux faire, tu es fichue d'avance.

Il se tenait maintenant face à son bras, les jambes légèrement écartées. Il lui jeta le couteau. Riley fut un peu surprise, et soulagée, de le rattraper joliment par la poignée. Son père se mit alors à bouger les bras.

— Allez, dit-il. Attaque-moi

Alimentée par son récent pic d'adrénaline et sa colère grandissante, Riley leva le couteau et chargea. Elle ne se souciait pas de le blesser.

En un éclair, elle fut secouée par un enchevêtrement de coups aveuglants et se retrouva à nouveau au sol.

— Qu'est-ce que c'est que ce genre de combat ? demanda-t-elle, haletante tandis qu'il l'aidait à se relever.

— Ça s'appelle du Krav Maga, lui dit son père. C'est un mode de combat israélien.

Il fendit l'air des grands mouvements agressifs tout en lui expliquant.

— Ça a vu le jour dans les années qui ont précédées la Seconde Guerre Mondiale. Les Juifs d'Europe de l'Est l'ont utilisé pour se défendre contre les attaquants fascistes. Ça combine les éléments de plusieurs disciplines, comme l’aïkido, le judo et le karaté. Mais la plupart du temps, c'est juste des purs combats de rue bas et infâmes. Tout ce qui marche peut être utilisé. C'est pour ça que ça me plaît.

Riley contempla ses gestes, bouche bée.

Elle se rendait compte qu'elle avait une bonne raison de faire cette visite finalement.

Elle se rappela à nouveau ce que son père lui avait dit au téléphone...

« Tu n'es pas taillée pour une vie normale. Ce n'est pas dans ta nature. »

Malgré les doutes ressentis plus tôt sur sa venue ici, ce voyage commençait à prendre un sens. Il y avait des choses que son père pouvait lui apprendre, et peut-être pas seulement sur le combat.

Il pouvait peut-être l'aider à se comprendre elle-même.

Tout de suite, il était évident qu'il attendait de voir comment elle allait réagir.

— Montre-moi ce que j'aurais dû faire quand tu m'as attaqué.

Son père la guida à travers une série de mouvements violents, le tout réalisé lentement et soigneusement afin de pas se blesser. Petit à petit, elle commença à saisir certaines manœuvres.

Suivant ses instructions, elle se mit à réaliser les gestes au ralenti tandis qu'il verrouillait son bras autour de son cou, manipulant son couteau de l'autre. Elle baissa un bras comme si elle était sur le point de frapper son entrejambe, et l'attrapa par les cheveux presque simultanément avec son autre main, le tira en arrière, puis alterna finalement les mains pour le frapper au visage, le faisant perdre sa prise et le forçant à reculer alors que le couteau lui échappait des mains.

— Pas mal, dit-il. Maintenant, accélère.

Ils continuèrent avec la même séquence plusieurs fois, chaque fois un peu plus rapidement. Riley était presque inquiète de voir avec quelle rapidité cela semblait devenir naturel pour elle.

Puis son père lui montra comment faire face à une série d'attaques possibles, poussant, fendant et saisissant par derrière et de front. Tandis qu'ils travaillaient sur chaque situation, il expliquait l'idée essentielle du Krav Maga.

— L'agression pure est l'élément clef, dit-il. Dans la plupart des genres de combat, tu te défends et tu attaques séparément. Avec le Krav Maga, tu fais les deux simultanément, et tu bouges vite. Tu ne laisses pas à ton adversaire le temps de respirer. Et tu ne t'arrêtes pas avant qu'il ne soit affaibli, ou mort. Si quelqu'un veut vraiment te tuer, tu as tout intérêt à le tuer en premier et en finir avec ça. Ce n'est pas un jeu.

Riley était à la fois fascinée et effrayée par la férocité du Krav Maga. Après tout, c'était basé sur le combat de rue. Elle apprit que l'idée était d'attaquer les parties les plus fragiles du corps de son adversaire, les yeux, la gorge, l'entrejambe, le plexus solaire, et ainsi de suite, causant le plus de dommages physique aussi vite que possible. Il était aussi possible de se saisir de n'importe quel objet pouvant être utilisé dans le combat, des pierres, des bouteilles, des barres ou tout autre chose se trouvant à portée de bras.

Après lui avoir apprit une manœuvre particulièrement impitoyable, son père se retourna soudainement et s'éloigna.

— J'imagine qu'il est temps que tu rentres à l'école. Et il est temps que je reprenne le travail.

Il s'éloigna en direction de la souche sur laquelle il fendait les bûches.

Riley était déconcertée.

— C'est tout ? C'est tout ce que tu vas m'apprendre ?

Papa ramassa sa hache, lui jeta un regard et haussa les épaules.

— Pourquoi tu crois que je suis là ? dit-il.

C'est une bonne question, pensa Riley.

— Si tu veux apprendre à te battre, prends des leçons. Tu ne peux pas tout faire en une après-midi, dit Papa, tandis qu'il préparait une bûche pour la fendre.

— Comme tu peux le voir, je suis occupé à me préparer pour survivre à l'hiver, ajouta-t-il en balançant la hache.

Riley était sur le point de protester mais elle réalisa rapidement que cela ne servait à rien.

Son père coupait le bois à un rythme infatigable.

C'est comme si je n'étais même plus là, se dit-elle.

— Alors au revoir, Papa.

Puis elle ajouta avec une pointe de sarcasme...

— C'était super de te voir.

Il ne répondit rien, continuant simplement de fendre des bûches.

Elle remonta dans sa voiture et s'en alla, sentant ses yeux piquer un peu.

Ne pleure pas, bon sang, se réprimanda-t-elle.

Après tout, qu'avait-elle espéré qu'il se passerait ? Pensait-elle qu'un petit entraînement de combat rapproché allait améliorer leur relation comme par enchantement ?

Au moins, la voiture semblait mieux supporter le trajet alors qu'elle empruntait la route sinueuse en descendant la montagne. Tout en embrassant à nouveau le magnifique paysage, elle se demanda...

Cela valait-il la peine ?

Est-ce que j'ai bien fait de faire l'effort de venir ici ?

En y repensant, elle réalisa que la réponse était oui.

Elle connaissait maintenant des techniques utiles de self-défense, mais elle avait également appris autre chose, quelque chose qu'il lui était plus difficile à saisir.

Puis une phrase de son père prononcée un peu plus tôt lui revint à l'esprit...

« Si quelqu'un veut vraiment te tuer, tu as tout intérêt à le tuer en premier et en finir avec ça. »

La pure agressivité du Krav Maga avait déjà fait son chemin dans son esprit.

« Ce n'est pas un jeu. »

Et la compréhension de cet état de fait sinistre lui apportait le sentiment de se sentir plus proche que jamais du tueur lui-même.

*

Les esprits de Riley commencèrent à sombrer durant le court trajet du retour.

Elle devait maintenant faire face à des problèmes réels, banals, de tous les jours.

Elle avait quitté l'appartement de Ryan dans l'urgence, pour s'enfuir avant que les choses n'empirent entre eux. Puis elle s'était concentrée sur le fait d'aller voir son père et tout ce qui s'était passé une fois là bas. Durant tout ce temps, elle n'avait pas considéré sérieusement la question de savoir où elle allait vivre à présent.

Il n'y avait qu'une chose dont elle était certaine. Elle ne serait plus jamais capable de dormir dans la chambre qu'elle avait partagée avec Trudy. Peut-être que si elle appelait le surveillant de son étage, il pourrait lui assigner une autre chambre avec une autre colocataire. Mais l'idée même de remettre un pied à l'intérieur du dortoir la rendait nauséeuse.

Bien sûr, tôt ou tard, elle n'aurait pas le choix. La plupart de ses vêtements et affaires étaient encore dans cette chambre, et elle allait devoir les récupérer d'une façon ou d'une autre. En attendant, le peu qu'elle avait emmené dans l'appartement de Ryan, affaires de toilettes, livres et vêtements de rechange, se trouvaient dans la voiture avec elle.

 

Je suis un genre de nomade, pensa-t-elle alors qu'elle entrait dans Lanton.

Mais où pouvait-elle aller ensuite ? Elle ne pouvait même pas dormir dans la voiture qu'elle avait louée pour la journée.

Lorsqu'elle se gara à l'agence de location de voiture, elle se rappela quelque chose. Quelques jours en arrière, elle avait appelé Gina depuis l'appartement de Ryan. Celle-ci lui avait dit qu'elle et sa colocataire, Cassie, ne supportaient plus non plus l'idée de rester au dortoir, et elles avaient trouvé un autre endroit. Elle avait donné leur numéro de téléphone à Riley.

Quel que soit l'endroit où elles vivaient en ce moment, pourraient-elles lui faire une place ?

Elle rendit les clefs de la voiture et récupéra sa caution. Puis elle traîna ses affaires à l’extérieur du bâtiment, ayant vu une cabine téléphonique. Elle composa le numéro que Gina lui avait donné.

Une voix féminine inconnue répondit.

— Allô ?

— Heu... puis-je parler à Gina Formaro ? bégaya Riley maladroitement.

— Puis-je demander qui appelle ?

La voix ne semblait aucunement amicale.

— Riley Sweeney.

— Je vais voir.

Riley entendit le bruit du combiné qu'on pose. Puis elle entendit des voix et des bruits de pas. Finalement, le son accueillant de la voix de Gina arriva.

— Salut Riley ! Quoi de neuf ? Comment vont les choses avec ton mec ?

Riley déglutit.

— Heu, les choses ne vont pas si bien avec Ryan, et j'ai...

Elle hésita, se sentant embarrassée sur le moment.

— Gina, je ne peux pas retourner au dortoir.

Gina laissa échapper un soupir de sympathie.

— Je te comprends. Cassie et moi, on ressent la même chose.

— Je me demandais... comment vous vous arrangez pour le logement en ce moment ? dit Riley.

— Tu te souviens de Stephanie White et Aurora Young ? Elles vivaient à notre étage au dortoir l'année dernière.

Riley se souvenait de Stephanie et Aurora. Elle détestaient la vie au dortoir et avaient décidé de trouver un endroit pas cher hors du campus.

— Eh bien, continua Gina, Cassie et moi avons emménagé avec elle. Ça devient un peu bondé et et il y a parfois des prises de tête. Mais bon, on dirait que ça va marcher, avec nous quatre pour payer le loyer et tout.

Riley réprima un soupir de découragement.

Quatre filles vivent déjà là, pensa-t-elle.

Il ne semblait même pas utile de demander si elle pouvait les rejoindre.

Mais Gina ajouta...

— Attends juste une minute, je vais parler à Steph. C'est un peu la mère poule ici. C'est un peu un tyran, si tu veux savoir la vérité, ajouta-t-elle dans un murmure.

Riley entendit à nouveau le combiné qu'on pose, puis Gina parler avec quelqu'un qui avait la voix de la fille qui avait décroché le téléphone au début.

Finalement, Gina reprit le téléphone.

— Steph dit que tu peux venir. On a une petite chambre au grenier que personne n'utilise. On pourra voir pour le partage du loyer quand tu seras là.

Riley respira soudainement plus facilement.

— Oh merci. Ça serait super.

— Où es-tu ? Je vais venir te chercher.

Elle avait presque oublié que Gina possédait une voiture. Sa chance commençait peut-être enfin à tourner. Elle expliqua à son amie qu'elle se trouvait à l'agence de location de voiture, et l'appel prit fin.

Flanquée de ses affaires, Riley s'affaissa contre le mur du bâtiment devant lequel elle se trouvait.

Elle fut soudainement saisie par une vague d'impuissance et d'inutilité alors qu'elle pensa...

Je dois avoir l'air d'un genre de clocharde.

Et d'une certaine façon, elle ne pouvait s'empêcher de penser que c'était plus ou moins ce qu'elle était.

Juste une clocharde sans abri qui espère que les gens seront gentils avec elle.

Elle étouffa un sanglot et ravala ses larmes.

Il ne serait pas bon d'être en train de pleurer lorsque Gina arrivera.

Il lui semblait difficile de se rappeler comment elle s'était sentie un peu plus tôt, s'entraînant avec son père avec tellement d'agressivité, se sentant vraiment puissante.

Ce sentiment de puissance avait de toute évidence disparu maintenant. Elle avait l'impression qu'un coup de vent allait l'emporter comme un grain de poussière.

Elle se rappela...

Il est toujours là, quelque part.

Et elle ressentit au fond d'elle-même que d'une certaine façon, elle était destinée à le rencontrer un jour.

Et quand viendrait ce jour...

Il faudra que je sois forte, se dit-elle.

CHAPITRE TRENTE

Bien que Riley savait que l'attaque physique était imminente, elle se sentait étrangement calme.

Même sa respiration était parfaitement sous contrôle.

Alors que son assaillant fendit sur elle et lui saisit le poignet gauche, les propres mouvements de Riley ressemblèrent étrangement à de la danse. Le temps sembla ralentir.

Est-ce vraiment du combat ? pensa-t-elle.

Cela ressemblait plus à un rêve.

Elle tourna sa propre main gauche en un petit demi-cercle gracieux, tordant la main de son adversaire qui lâcha son poignet. Puis elle se saisit de sa main droite et bougea subtilement ses hanches, ses mains et ses pieds simultanément. Elle leva sa main droite au niveau du coude de son adversaire et la passa par-dessus sa tête.

Tout le corps de son adversaire se retourna comme s'il était articulé à la taille. Il tomba sur ses genoux et elle maintint son bras derrière son corps à présent sans défense.

Riley et son attaquant restèrent figés dans cette position un moment.

Puis elle le relâcha et il se releva en lui souriant, un peu séducteur, pensa-t-elle.

Non pas que cela l'intéresse.

Elle le trouvait charmant, bel homme et sympathique.

C'était la première fois que Riley assistait au cours d'aïkido dans le gymnase du campus. Lorsqu'elle s'y était rendue, elle avait été surprise de constater que l'instructeur certifié n'était autre que son professeur de psychologie, Brant Hayman.

Le Professeur Hayman parla à sa classe.

— D'accord, tout le monde, échangez les « ukes » et « toris ».

Riley avait appris suffisamment de terminologies d'aïkido pour savoir qu'il demandait à tous les partenaires dans la salle d'échanger les rôles. Le « uke » était l'attaquant désigné, et le « tori » était le défendeur désigné.

C'était maintenant au tour de Riley d'être le « uke ».

Elle et son partenaire avaient passé autant de temps à apprendre les attaques et les chutes que les manœuvres défensives.

Lorsque le Professeur Hayman en donna l'ordre, elle attrapa le poignet de son partenaire, et il tourna sa propre main exactement de la même façon qu'elle un peu plus tôt. Elle sentit sa prise se relâcher, puis sentit sa main droite atteindre son coude. Son corps entier coopéra avec le sien quand il leva son coude par-dessus sa tête et elle atterrit sur ses genoux.

Ils se figèrent à nouveau. Cette fois, son partenaire tenait son bras haut derrière elle.

— Très bien, dit le Professeur Hayman à l'attention de la classe. Maintenant, faisons des exercices de respiration.

Riley, son partenaire et les dix autres personnes du cours formèrent des lignes. Le Professeur Hayman commença à les diriger pour un exercice de mouvements doux du bras accompagnés de profondes inspirations. Hayman avait expliqué plus tôt que cet exercice avait pour but d'augmenter le « Ch'i » de chacun, un concept asiatique en rapport avec l'énergie et la circulation.

Tout en respirant et en bougeant, Riley se surprit à se demander...

Est-ce que je crois vraiment à tous ces trucs ?

Durant tout le cours, Hayman avait utilisé des mots qui ne semblaient avoir aucun rapport avec le combat, l'harmonie, la créativité, l'esprit et même la paix.

Elle trouvait tout cela étrange et inhabituel.

La brève leçon de Krav Maga que son père luit avait donné il y a quelques jours n'avait été que pure agression, attaquer rapidement et brutalement. Rien de ce qu'elle faisait en ce moment n'était brutal.

Pourtant, elle devait admettre que tout ce qu'elle faisait lui procurait beaucoup de bien. Elle se sentait à la fois détendue et galvanisée.

Tandis que le cours continuait, le Professeur Hayman leur fit faire plusieurs manœuvres supplémentaires entrecoupées d’exercices de respiration. Finalement, le cours se finit comme il avait commencé, sur des saluts formels.

Tandis que les autres étudiants quittaient le gymnase, Riley marcha vers le Professeur Hayman pour lui parler.

Il lui sourit.

— Bonjour Riley. Que pensez-vous de l'aïkido ?

— Je ne sais pas trop, admit-elle.

Les sourcils d'Hayman se relevèrent de curiosité.

— Qu'est-ce qui vous gêne ?

Riley réfléchit un moment.

— Eh bien, je ne veux pas paraître grossière, mais... est-ce que ces trucs vont vraiment me servir si je me fais physiquement attaquer ?

Hayman sourit à nouveau.

— C'est une bonne question.

— Et alors ?

Hayman regarda au loin l'air rêveur.

— Dites-moi, Riley. Si vous vous faisiez attaquer, dans une allée sombre, disons, ne serait-il pas bon d'être capable de retourner la propre agression de votre attaquant contre lui ? De mettre un terme à la confrontation sans avoir à combattre ?

Riley ne put s'empêcher de sourire en coin.

— Je pense que je le réduirais tout de suite en bouillie.

Elle fut soulagée d'entendre Hayman laisser échapper un rire sonore.

— Eh bien, j'imagine que ça pourrait marcher aussi.

Son rire mourut.

— Le chemin que vous choisissez de prendre ne dépends que de vous. Ce qu'il faut savoir, c'est que l'aïkido est autant une philosophie qu'une technique de self-défense. Vous pourriez même appeler cela un mode de vie, une vie dans laquelle la violence et l'agression s'évaporent dans vos mains, avec votre respiration.

Riley ne sut que répondre à cela.

— Essayez pendant quelques leçons, ajouta finalement le Professeur Hayman. Voyez si ça prends. Que ce soit le cas ou non, je suis ravi de vous voir dans mon cour. C'est toujours un plaisir de vous enseigner, Riley.

Celle-ci se sentit rougir un peu. Elle se souvint de quelque chose que Trudy avait dit sur elle...

« Riley aime impressionner le Professeur Hayman. Elle en pince pour lui. »

Tout en fixant son beau professeur, Riley s'interrogea...

Est-ce que « j'en pince » pour lui ?

Si c'était le cas, elle imaginait qu'il valait mieux le garder pour elle. Le Professeur Hayman ne semblait pas être le genre de professeur à s'impliquer romantiquement avec une étudiante. Et s'il était ce genre de professeur, Riley savait qu'elle devait se tenir loin de lui.

Elle prit congé et quitta le gymnase.

Elle trouva quelqu'un qui l'attendait dans le hall, son partenaire d’entraînement le temps du cours.

Il lui sourit timidement.

— Je ne pense pas que nous ayons vraiment été présentés, dit-il. Je suis Leon Heffernan.

— Je suis Riley Sweeney, lui offrant sa main pour la serrer. Tu es un étudiant ici à Lanton ?

— Oui, je suis en licence de Philosophie. Et toi ?

— Psychologie.

Leon bougea ses pieds nerveusement.

— Écoute, dit-il, j'espère que tu ne m'en voudras pas de te demander ça... mais est-ce que tu aimerais aller prendre un café ou autre chose quelque part ?

Riley réalisa qu'elle apprécierait vraiment cela, malheureusement, Gina avait accepté de la chercher avec sa voiture tout de suite. Elles devaient faire des courses pour leurs colocataires.

— Désolée, j'ai peur de ne pas pouvoir, dit-elle.

Puis quelque chose lui revint à l'esprit.

— Ma colocataire et moi préparons une grosse fête pour ce soir. Presque n'importe qui et tout le monde est invité. Ça te dit de venir ? Je veux dire, si tu n'es pas trop occupé ?

Les yeux de Leon brillèrent.

— Merci, ça a l'air super.

Riley nota l'adresse sur un bout de papier et lui tendit. Puis elle entendit un klaxon retentir devant le bâtiment.

 

— C'est pour moi, je dois y aller. A ce soir.

Elle se dépêcha de sortir et de monter dans la voiture de Gina.

— Je pensais que tu n'allais jamais sortir, dit Gina en grognant.

— Désolée, j'ai été retenue en quelque sorte.

Elle ajouta pour elle-même...

Par deux beaux hommes, dont un avec qui j'ai un rencart.

C'était presque suffisant pour lui faire oublier que les choses s'étaient mal finies avec Ryan.

— On ferait bien de se dépêcher, dit Gina, On doit encore acheter plein de choses pour la fête, et on a pas beaucoup de temps.

Alors que Gina se mit à rouler, Riley sentit un étrange frisson.

C'était une sensation palpable de la présence du tueur, comme s'il la regardait en ce moment même.

Elle était étonnée. Elle n'avait rien ressentit de tel dernièrement. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour laisser le meurtre hors de son esprit. Elle n'avait même pas parlé à l'agent Crivaro ces derniers jours. La dernière fois qu'ils avaient parlé, il lui avait assuré que lui et son équipe restaient à Lanton encore un moment.

Riley en était heureuse.

Elle était également heureuse d'apprendre la self-défense.

Au plus profond d'elle-même, elle avait la certitude qu'elle en aurait besoin, peut-être très bientôt.