Loe raamatut: «Programme des Épouses Interstellaires Coffret», lehekülg 4
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Jessica
Putain de merde, il m’a embrassé. Il a pas juste essayé. Il m’a pas simplement effleuré les lèvres. Il a pris son temps. C’était le baiser, comme il l’a dit lui-même, d’un mec qui a traversé toute la galaxie pour venir à ma recherche. Il est venu de Prillon Prime pour moi et pour ce baiser. Toute son énergie s’est focalisée sur mes lèvres. Il m’a embrassé avec l’énergie du désespoir.
Il est peut-être seul, parce qu’on lui a refusé sa partenaire. L’ordre du Prime l’a empêché de me rejoindre, et vice versa. Il me désire, je l’ai compris à sa façon de me rouler une pelle. Il a le goût d’une épice exotique, venue d’on ne sait où, j’ai pourtant l’impression de le connaître. J’ai failli fondre de plaisir, je me suis livrée à lui.
J’ignore combien de temps a duré le baiser. Tout ce que je sais c’est que j’ai le feu au corps—et on s’est à peine embrassés ! La minuscule douleur provoquée par mes blessures s’ajoute à la sensation de mes nerfs à vif. Etonnamment, la douleur m’aiguillonne, j’ai envie de lui.
Malheureusement, je n’aurais pas droit à plus. Pas maintenant, en pleine rue, avec mon dos ensanglanté et un prince extraterrestre qui me porte dans ses bras comme si j’étais ce qu’il y a de plus précieux dans tout l’univers.
Il est immense, baraqué comme un joueur de football américain. Il est habillé comme un motard version bad-boy, en cuir noir et t-shirt noir moulant faisant ressortir ses épaules et son torse massif, j’aimerais le déshabiller et le lécher. Ses vêtements moulants lui collent à la peau.
J’aurais jamais cru que c’est un extraterrestre, mais en regardant ses traits anguleux de plus près, l’étrange lueur métallique de son visage et de son cou, je me demande comment je ne m’en suis pas aperçue immédiatement. Il a les cheveux blonds, un œil doré foncé, l’autre un peu plus clair, comme s’il portait une lentille de contact. Sa peau d’une couleur étrange disparaît sous le col de sa chemise et je me demande si sa peau est différente, quelle est la proportion de peau plus claire. La couleur n’est pas surprenante, on dirait qu’il s’est pulvérisé un spray argenté et que son corps est pailleté.
J’ai envie de le goûter.
Ses muscles impressionnants me font sentir petite, faible et très très féminine. Je mesure un mètre quatre-vingts et ne suis pas coutumière du fait.
Sa taille me donne peut-être envie de me fondre en lui, mais mon attirance est probablement due à son baiser torride.
Vu son regard après son baiser, il n’avait absolument pas plus envie que moi de mettre un terme à ce baiser. Ce n’est pas le moment, il regarde alentour, il le sait pertinemment.
Nous rejoignons la voiture et il m’installe sur le siège passager de la petite berline, il boucle ma ceinture et vérifie qu’elle est bien attachée, comme si j’étais une gosse, et non pas une femme tout à fait capable de s’occuper d’elle-même. Je ne moufte pas tandis que ses larges mains effleurent mon ventre et ma hanche en bouclant ma ceinture. Sa chaleur suffit à repousser la sensation de froid qui m’envahit.
J’ai failli être tuée par ces trucs extraterrestres, l’adrénaline commence à redescendre, je ne vais pas tarder à m’effondrer. Mes blessures me font mal, je sens mon cœur battre dans chacune de mes plaies. Mes muscles sont endoloris et tremblent, je me concentre pour respirer profondément. Mes mains tremblent et je frissonne, je suis gelée.
Il m’installe et fait le tour côté conducteur. Je réprime un fou rire tandis qu’il essaie de caser son immense carcasse derrière le volant minuscule, la voiture est visiblement trop petite pour lui. Un désodorisant senteur fleurie est posée sur la ventilation, un ange gardien est suspendu au rétroviseur, la voiture sent la lavande. « À qui est la voiture ?
– À la gardienne Egara. » Il allume le moteur et met le chauffage. Merci mon Dieu. Je claque des dents depuis que je ne suis plus au chaud dans ses bras.
« C’est elle qui t’a donné les téléphones portables et les écouteurs ? » demandais-je en posant ma tête sur l’appuie-tête.
« Tu es observatrice, mon épouse. Oui, elle m’a remis cet appareil de télécommunications primitif. »
Il sourit et démarre. Nous ne sommes pas très loin du centre de recrutement des épouses, si c’est bien là qu’il compte m’amener. À vrai dire, je me fiche de notre destination. Il n’a pas l’air de me vouloir du mal, ce qui n’est pas le cas de la plupart des hommes de cette ville. Si Clyde est au courant de mes investigations, les autres doivent l’être aussi. Personne n’ira me chercher au centre de recrutement puisque personne ne sait que j’y suis allée, c’est une bonne idée de planque. Vu ce qui s’est passé avec la gardienne Egara, je lui fais confiance pour jeter un œil sur mes blessures.
Hors de question d’aller à l’hôpital. Plutôt mourir que filer mes coordonnées à leur système informatique. Le cartel a des yeux et des oreilles. Clyde mort, ses sbires du cartel savent certainement que je suis toujours sur Terre, ils viendront me chercher dès que mes coordonnées seront enregistrées dans la base de données de l’hôpital. Je le sais pertinemment.
Je ferme les yeux et m’appuie contre la portière, trop épuisée moralement pour songer à autre chose que fermer les yeux et réfléchir à ce qui se passe. La mort de Clyde est un choc, moins que sa trahison toutefois. Ça me ronge, la douleur, la sensation d’avoir perdu mon innocence me donne envie de pleurer. Il était comme un père pour moi et je lui faisais une confiance aveugle. Je passe pour la petite fille qui a toujours fait confiance à son papa parce qu’elle était trop naïve, trop jeune pour comprendre que l’homme qui lui tenait la main était un monstre.
Clyde a été mon commandant pendant deux ans. Il m’a prise sous son aile, m’a formée au tir, à me défendre, m’a encouragée à me sentir invincible, à me battre. Il m’a fait croire que nous œuvrions pour le bien dans le monde, que nous faisions la différence au combat entre le bien et le mal. Et pendant tout ce temps, il mentait. C’était le diable en personne et je n’y ai vu que du feu.
La douleur s’intensifie quand j’y pense, et remue le couteau dans la plaie. Comment est-il devenu si maléfique ? Pourquoi ne m’en suis-je pas aperçue ? J’aurais dû. Ou du moins, avoir des soupçons. J’ai peut-être tout simplement fermé les yeux.
J’étais vraiment si faible et désemparée pour ne rien remarquer ?
Je me suis toujours fiée à mon instinct, mais cette fois-ci, mon instinct m’a trahie. Ça me blesse au plus haut point. J’ai l’impression d’être sur un terrain instable, je déteste ça.
Clyde est mort aux mains de la Ruche. J’ai été sauvée par mon partenaire et son second, Ander. Mon partenaire ! Son arrivée, la présence de l’homme idéal dans tout l’univers me concerne tout particulièrement. Il conduit, je suis à sa merci.
Et sa carrure ! Il est plus grand que tous les hommes que j’aie rencontrés, plus déterminé. Plus … tout. Il remarque que je l’observe et plisse les yeux, avant de reporter son attention sur la route. « Ne t’inquiète pas. La technologie de la Ruche ne va pas te contaminer.
– Quoi ? » Me contaminer ? Il est dingue ? Je n’aurais pas dû monter dans la voiture ? Je pourrais sauter à un stop mais il me rattraperait. Il est indubitablement plus grand, plus fort, plus entraîné et il me surveille de près.
Il fait la grimace, il serre le volant, comme s’il allait le casser. « La technologie de la Ruche ne te fera aucun mal.
– De quoi tu parles ? Le truc argenté ? »
Il me regarde d’un air étonné, surpris par ma réponse, je n’ai franchement pas la moindre idée de ce dont il parle. « Oui. J’ai été capturé par la Ruche et torturé par leur équipe ‘spéciale implants’ pendant des heures. La plupart ont été enlevés. Ce que tu vois est définitif. Je porte leur marque sur mon épaule, mon dos et ma jambe. »
Je suis vraiment désolée pour lui. La Ruche a vraiment fait des dégâts. J’ai entendu trop d’histoires de tortures et de souffrances des soldats tombés derrière les lignes ennemies. Et je suis bien placée pour savoir que certaines blessures ne se voient pas.
« C’est dangereux ?
– Non.
– Ça fait mal ?
– Non.
– Ok. » Je hausse les épaules et regarde la route. « Et donc ? Ça t’a rendu super rapide ou doué d’une force surhumaine ? Tu guéris plus vite et tu as le dessus lors d’un combat ? » Je frissonne, je me demande tout ce que je pourrais faire avec des tas d’implants cyborg. Je serais comme les femmes bioniques puissance dix. Je m’achèterais un costume et jouerais à la super héroïne pour de vrai. Ce serait top. Je serais habillée en noir de la tête aux pieds et j’enverrais ces sales types aux oubliettes.
Il garde le silence un très long moment, je me retourne vers lui.
« Oui. Je suis bien plus fort que la majorité des guerriers. Les implants accroissent ma vitesse de réaction. » Il me regarde, l’air perplexe. « Tu poses de drôles de questions. T’as pas peur de moi ? »
J’éclate de rire. Je suis dans sa voiture, blessée, un horrible monstre extraterrestre a essayé de me tuer. « Tu es la chose la moins effrayante que j’ai affrontée ces jours-ci. »
Il me jette un regard noir, je regarde les arbres défiler par la fenêtre.
Génial. Je l’ai insulté. Je le connais depuis dix minutes à peine et j’ai déjà mis les pieds dans le plat. Il m’a déjà reprise une première fois. Que fait-il ici ? Avant que je ne me retrouve coincée sur ce fauteuil d’examen au centre de recrutement, et que mon transfert ait été annulé, j’avais ressenti de l’exaltation et de l’excitation, j’avais hâte de le rencontrer. Et maintenant ? Je n’éprouve aucun soulagement. Aucun espoir. Je me sens blessée. Trahie.
Qu’est-ce qu’il fout ici ? Que s’est-il passé ? Une personne est susceptible de lui convenir ? Je veux connaître la réponse, mais ma fierté m’empêche de lui poser la question. Il est là en personne, mais qui est Ander ? Un second ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Et pourquoi Ander, cet étrange homme extraterrestre, est si obsédé par moi—j’ai jamais rencontré d’extraterrestre—il est prêt à tuer et s’en vante ?
Ce qui me tarabuste surtout, c’est pourquoi est-ce que ça m’excite ? Je n’aime pas trop les gros bras en général. Voire, pas du tout. Je suis très bien toute seule. D’après mon expérience, les hommes sont trop narcissiques pour supporter une femme au caractère bien trempé. Ils veulent des gamines gnangnan qui se pâment devant eux et leur disent qu’ils sont des bêtes au lit, qu’ils sont beaux et forts, le sempiternel bla-bla que ces hommes écervelés ont envie d’entendre.
J’ai pas le temps pour ça. J’ai été soldat pendant quatre ans. Mon père était flic, il s’est fait tuer quand j’avais seize ans, une histoire de drogue qui a mal tourné. Ma mère est morte d’un cancer quatre ans plus tard. J’ai grandi sans frère ni sœur ni œillères. Je sais qui je suis, je sais que je ne suis pas le genre de femme pour laquelle un homme—ou un extraterrestre—est prêt à traverser toute la galaxie. Merde alors, aucun homme n’a jamais traversé la ville pour moi. Mes parents vivaient dans un monde bien réel. À dix ans, je savais déjà ce qu’était la drogue, la prostitution et la corruption. D’où l’importance de mon combat pour la justice.
Sans combattant, le monde irait à vau-l’eau. La corruption et le mal sapent les fondements-mêmes de notre société. Que des hommes tels que Clyde y contribuent me rend furax, je bouillonne de rage et de frustration. Je suis une battante. J’ai remonté aux sources de l’argent de la drogue, écrit des articles sur la corruption à tous les niveaux, j’ai toujours refusé les pots-de-vin.
Ma récompense ? J’ai été arrêtée, inculpée et condamnée à épouser un guerrier extraterrestre inconnu.
Jusque-là, il ne m’a rien fait de mal. Ouais, je suis bizarre. Butée. Volontaire. Trop grande, trop franche. Je me suis engagée dans l’armée pour apprendre le combat rapproché, au lycée j’ai appris à me servir de mon cerveau. Je ne fais pas semblant, je ne mens pas, et je ne crois pas les mecs. Jamais.
Ces mecs débarquent d’un coup d’en seul, il se comportent comme des hommes des cavernes, me sauvent des griffes de mecs louches et il faudrait que je mouille ?
C’est quoi mon problème ? J’ai jamais eu besoin d’un homme pour me tirer d’affaire. J’ai pas besoin d’un homme. Même pour le sexe, un bon gode fait amplement l’affaire. Mais ce baiser…
« Je perds la tête.
– Tu es blessée et sous le choc. Ne t’inquiète pas, partenaire, ton esprit est intact. »
Ok, monsieur l’extraterrestre canon. « Au sens propre ?
– Je comprends pas ta question.
– Peu importe. C’était quoi ces trucs, exactement ? » Je tourne la tête, ouvre les yeux et observe l’homme qui a empêché ma capture. Son visage est bien dessiné, ses traits sont plus anguleux que ceux d’un humain mais non moins séduisants. On dirait une montagne coincée dans un dé à coudre dans cette voiture, mais il conduit d’une main experte, c’est fascinant, je suis certaine qu’il n’a jamais conduit de véhicule terrestre.
Peu importe que la vue de ses mains me donne envie qu’il me touche, qu’il effleure mon corps et me fasse jouir. Et ce baiser ? J’ai envie de lui. Putain de merde, n’importe quelle femme sensée aurait envie de lui. Il est grand et fort, je ressens des sentiments que je n’avais jamais éprouvés auparavant, comme de l’admiration. Du respect. Il est en partie une machine. D’après le récit de sa capture, la Ruche s’est servie de lui comme cobaye, une partie de lui restera une machine. C’est totalement dingue.
Malgré ça, il est splendide, bien musclé et baraqué, il pourrait affronter un grizzly à mains nues et gagner. Sa drôle de peau brillante m’attire tel un phare. J’ai envie de le toucher, de le découvrir, de tester son corps différent, de goûter cette peau qui le rend plus fort et plus rapide que tous les autres. La Ruche a voulu créer une arme, ils en ont fait un formidable ennemi.
J’aimerais m’installer sur ses genoux et avoir ma part. Je l’imagine en train d’en toucher une autre, la prendre aux bras, tuer pour ses beaux yeux, la protéger, parler de la baiser… je vois rouge. Je ne sais pas vraiment ce que j’attends de lui. Mais l’idée qu’une autre femme le touche est tout bonnement inacceptable.
Hormis ma réaction vu son côté sexy en diable et sa stature, et le fait que je mouille, ce qui fait de moi une fille totalement superficielle et chaudasse, je me sens … en sécurité.
Je me sens protégée et en sécurité, comme avant que mon père ne se fasse descendre. J’ai appris ma première leçon de vie quand il s’est fait abattre—personne n’est jamais en sécurité, et aucun homme ne sera jamais assez fort pour me protéger. Je refuse d’accueillir les sentiments qu’il provoque en moi, je n’ai pas besoin d’un homme. C’est mon mantra. Je n’ai pas besoin d’un homme.
Dieu merci, Nial se met à parler, je pensais ne pas avoir besoin d’un homme mais ma libido cherche le moyen d’obtenir un autre de ses baisers hyper torrides, venus du fin fond de la galaxie. Je mouille de plus en plus, je sais qu’il le sent. Comment, je l’ignore, mais ses narines sont dilatées, il a un regard de braise, je me concentre à nouveau sur la route.
Ma réaction envers cet être mi-homme mi-machine est bizarre. J’ai trop envie de lui. Ce besoin, ce désir me rappelle ce que j’ai ressenti quand j’étais sous l’emprise de la C-bomb, alors que je ne voulais être accro à personne, homme y compris.
Je suis accro ? Ça fait cet effet d’avoir un partenaire, on devient accro ? On quémande leurs caresses, leurs attentions ? Si c’est le cas, ça va pas me plaire. C’est certain.
« Les créatures que tu as rencontrées sont des éclaireurs de la Ruche, dit-il, en me tirant de mes pensées. J’ignore ce qu’ils faisaient ici. »
J’ai oublié ma question.
« La Ruche ? La race extraterrestre qui a forcé la Terre à intégrer la coalition ? »
J’ai lu tout ce qui me tombait entre les mains concernant la Ruche, peu importe les moyens—légaux ou pas. Les Terriens savent en général ce qu’on a bien voulu leur dire. Une race extraterrestre était sur le point de nous attaquer, la Coalition des Planètes Interstellaires s’est pointée et a placé notre planète sous sa protection en échange de soldats et d’épouses. La coalition se fiche de la provenance des recrues, seul le quota importe. Les extraterrestres n’en ont rien à foutre que les gouvernants sur Terre envoient des criminelles comme moi ou des épouses. Non contents de s’assurer la protection de la coalition, les gouvernants sont bien heureux de se débarrasser des pires rebuts de la société.
Apparemment, les extraterrestres ont revu dernièrement leurs standards à la hausse puisque ma candidature a été rejetée. Une voleuse passe encore. Une meurtrière ? Pas de problème. Mais moi ? Non. Ça me fait l’effet d’une gifle, ça me fait plus mal que n’importe quelle blessure de guerre.
« Que faisait la Ruche ici ? » Ma voix coupante est en partie due à la sensation de rejet de ma candidature. « C’est sûrement… à cause de vous. » J’agite ma main dans sa direction. « Ils ne nous ont jamais rien fait ici, sur Terre. »
La Terre leur envoie des épouses et des soldats, en échange, la coalition nous protège de la Ruche. Si les forces armées extraterrestres sont incapables de faire leur boulot et de tenir la Ruche à l’écart, les Terriens doivent en être informés.
Je passe la bandoulière de mon précieux appareil photo et les preuves qu’il contient par-dessus ma tête et le pose par terre, entre mes pieds. J’ai dû le vexer, mais je m’en fiche. Je viens de me faire tirer dessus par un ami et j’ai été pourchassée par un de ces trucs, les éclaireurs de la Ruche. Pourquoi ?
« Tu poses trop de questions, partenaire.
– Je ne suis pas ta partenaire, répliquais-je. Réponds à ma question. »
Il grogne ! Il grogne, ses yeux lancent des éclairs tandis qu’il lâche le volant d’une main et la glisse dans son froc. Il se branle, une fois, deux fois, trois fois, sort sa main et la tend vers moi.
Beurk ! C’est quoi ce bordel ?
Je me recroqueville pour tenter de lui échapper mais je n’ai nulle part où aller dans cette petite voiture et il est immense. Il saisit mon avant-bras nu et je sens un truc glissant et humide sur ma peau. C’est dégueulasse ! Qu’est-ce qu’il fout putain ?
J’essaie de résister à cette caresse perverse mais il me tient comme dans un étau. Pas fort, mais il ne me lâchera pas. Pour une raison ridicule, il m’empêche de frotter le sperme sur ma peau. C’est ainsi.
« Qu’est-ce que tu fous ? criais-je.
– Je partage mon fluide avec ma partenaire.
– T’es un taré ou un vrai pervers ? OK, tu embrasses super bien et tout mais en général, les mecs ne se branlent pas devant des inconnues. Je répète donc pour la deuxième fois. Qu’est-ce-que-tu-fous ? »
Il me sourit au lieu de répondre. Son regard est la chose la plus effrayante qui m’ait été donnée de voir de toute la journée. Il incarne la possession absolue, totale. « Je m’assure que tu sois mienne. »
6
Jessica
« Je— »
Je suis à deux doigts d’aller lui dire d’aller se faire foutre, c’est vraiment le truc le plus puant et le plus dominateur que j’ai jamais vu, et pourtant, j’ai fait l’armée. De quel droit me parle-t-il ainsi ? Pour qui se prend-il pour oser me toucher ? Il se branle et—une fois qu’il m’a bien fait comprendre que j’étais désirable—il m’enduit de sperme. C’est dégueulasse, zarbi et vachement pervers et —
La sensation d’humidité sur mon bras se mue en une chaleur qui inonde mon sang et file droit vers mon utérus. Mes mamelons se dressent et mon vagin se contracte, j’ai trop envie qu’il me pénètre. Le désir coule dans mes veines comme un rail de C-bomb et je lèche mes lèvres, je halète lorsque je m’aperçois que je fixe sa bouche depuis plusieurs secondes maintenant. Le désir monte. J’ai envie de lui. De lui seul. Son étreinte, qui me paraissait alors étouffante et contraignante, se fait … protectrice.
Bizarrement, je sens son odeur boisée, j’ai envie de me blottir contre lui et de le lécher de partout. J’ai envie de sucer sa bite. J’ai envie …
Je zieute son érection prononcée dans son pantalon, j’ai trop envie de lui. Mon vagin se contracte, j’ai trop envie de sentir sa bite me pénétrer.
« Qu’est-ce que tu m’as fait putain ? Tu essayes de me droguer ? T’as pas le droit de te servir de là C-bomb pour te taper une fille ! »
Il me toise et repose ses mains sur le volant.
« J’ignore ce qu’est la C-bomb.
– T’ignores ce qu’est la … et c’est quoi ça alors…? »
Il ignore ma question et nous arrivons sur le parking du centre de recrutement des épouses. La première fois, j’étais entrée par la porte des volontaires, menottes aux poignets, je n’avais pas vu l’entrée principale. Le bâtiment est quelconque et le parking désert.
Je défais ma ceinture, prête à bondir à la seconde-même où la voiture s’arrête.
Je fais trois pas mal assurés lorsqu’on me soulève du sol. « Non ! Pose-moi ! »
Je gigote mais il est tout en muscles. Et en métal.
« Tu es blessée. Je vais t’examiner, partenaire. Et la leçon sera terminée. »
La leçon ? Quelle leçon ? J’ai envie de me mettre en colère, de le forcer à me poser mais mon corps en a décidé autrement. Étrangement, son odeur m’attire, impossible de l’ignorer. Je n’ai plus envie qu’il me pose, qu’est-ce que ça signifie ? J’ai pris un coup sur la tête ? J’ai perdu trop de sang et je délire ?
Je deviens folle ?
Je tremble de partout, les trois pas que j’ai fait prouvent que je suis bien plus faible que je ne l’imaginais.
Nial me porte devant l’entrée du centre de recrutement et appuie sur l’interphone situé à l’extérieur du bâtiment. On nous ouvre immédiatement, comme si la gardienne attendait notre arrivée.
Les portes se referment, je cède au désir, j’enfouis le nez sur le cou chaud de Nial et m’enivre de sa senteur musquée. L’odeur puissante me donne le frisson, je ferme les yeux. C’est un excellent moyen d’oublier la douleur qui empire à chaque seconde.
J’ouvre les yeux lorsque j’entends des pas précipités. La gardienne vient vers nous, elle porte un jean et une tunique eu lieu de l’uniforme de la coalition. Ses cheveux détachés lui arrivent aux épaules, elle ne doit pas être bien plus âgée que moi.
« Vous êtes très jolie. »
Pourquoi j’ai sorti ça ? Je suis saoule ou quoi ?
Elle rougit, visiblement ravie du compliment, elle fixe Nial des yeux et les détourne aussitôt, comme si sa présence la mettait mal à l’aise. C’est peut-être le cas. Elle le voulait peut-être pour elle. Je ne peux pas lui en vouloir. Si elle le désire… autant que moi, elle a probablement envie de lui sauter au cou.
« Merci, Jessica. » Elle me regarde des pieds à la tête mais j’ai reçu une balle dans le dos, elle ne risque pas de voir grand-chose, hormis mes vêtements tâchés de sang. Elle regarde Nial. « Elle est durement touchée ?
– Oui. Je ne connais pas encore l’étendue des blessures, elle n’a pas sa langue dans sa poche mais elle s’affaiblit, elle est en état de choc. Vous disposez d’un caisson ReGen ici ? »
Je me demande ce que c’est, mais j’ai pas la force de le lui demander.
« Non. J’ai seulement une petite baguette ReGen, pas un caisson d’immersion complet. Suivez-moi. » Elle pivote sur ses talons et s’éloigne en trottinant, Nial la suit à longues enjambées tandis qu’elle nous conduit vers les salles d’examen que j’ai aperçu lors du recrutement. La gardienne indique une grande table d’examen. « Allongez-la ici. On va la déshabiller. »
Quoi ? Non.
Nial m’allonge comme si j’étais en porcelaine. C’est attentionné de sa part, jusqu’à ce qu’il saisisse le col de ma chemise noire et la déchire en deux, la descend sur mes bras et la jette par terre comme un vulgaire chiffon.
« Hé ! »
Je me couvre de mes bras, mais il ne me regarde pas comme lorsque je l’ai percuté en pleine rue. Son regard est dénué de chaleur et empreint d’une précision toute médicale.
Il ne répond pas à ma protestation, retire mes chaussures et les jette au sol avec un bruit sourd. Il pose ses mains sur les jambes de mon pantalon et le déchire en deux au niveau de l’entrejambe sans effort, comme un mouchoir. Il appuie sa main au milieu de ma poitrine, me force à me pencher avant de me remettre debout. Je prends appui sur mes coudes, il tire d’un coup sec sur les deux morceaux de mon pantalon, je suis nue, hormis un petit soutien-gorge et un slip rose pâle à pois noirs et en dentelle. C’est inhabituel pour une tenue camouflage mais quand on est la seule fille parmi autant de mecs, les dessous en dentelle et les froufrous sont ma seule fantaisie. Aucun homme ne s’intéresse à moi—je suis susceptible, butée et garçon manqué —la lingerie est mon péché mignon.
Nial me dévore des yeux, je suis allongée sur la table froide, les bras croisés sur la poitrine en un mouvement instinctif qui me fait immédiatement me sentir en position de faiblesse et vulnérabilité. Ça ne me ressemble pas. Je ne bats pas en retraite devant un homme. Doucement, je baisse les bras et relève le menton. Je suis allongée sur la table d’examen et sens le sang poisseux sur mon épaule et ma cuisse. Je le dévisage, il croise à nouveau mon regard, un regard de défi. Vas-y regarde, pensais-je. C’est pas pour autant que tu vas me toucher.
« Qu’est-ce qu’elle a ? » La gardienne Egara se place entre nous et je suis soulagée de ne plus avoir à soutenir le regard intense de Nial. Je concentre toute mon attention sur la gardienne. Je me sens mieux en ignorant totalement le géant extraterrestre penché sur moi, tel un homme alpha dominateur et surprotecteur, je n’ai pas besoin d’un type pareil. Je m’adresse à la gardienne.
« Un calibre douze. Mon ancien patron visait les éclaireurs de la Ruche mais un éclat a ricoché. J’en ai un dans l’épaule et un dans la cuisse. J’en ai peut-être d’autres mais je ne les sens pas. » J’essaie de bouger et je m’aperçois que ça me fait vachement mal après être restée immobile un moment, comme si je devenais froide et raide. Je grimace, la douleur m’arrache un sifflement et je m’affale.
Je suis encore musclée à force d’avoir escaladé des murs et porté de l’artillerie lourde dans le désert. J’ai travaillé dur pour garder la forme, heureusement. Si je n’avais pas couru régulièrement depuis ma démobilisation, les éclaireurs de la Ruche m’auraient eue.
« Je suis désolée pour votre voiture. »
Elle fronce les sourcils. « Ma voiture ?
– Le siège est plein de sang.
– Oh. C’est bon. Je m’en fous. »
La gardienne pose sa main sur mon biceps, l’autre sur ma hanche et j’essaie, sans succès, de réprimer un gémissement de douleur tandis qu’elle m’aide à me mettre sur le côté. Elle est bien plus petite que moi, ses bras et ses épaules sont plus minces, elle est plus fragile et féminine.
Nial s’approche immédiatement, ses larges mains me soulèvent sans toucher mes blessures afin qu’elle puisse voir où j’ai été blessée.
Je suis grognon et je saigne, mais je suis pas une garce. La réaction bizarre—cette excitation subite—que j’ai eue en voiture, s’est estompée, mais me revient au contact de ses mains. La simple sensation de ses paumes me donne chaud. Je savoure sa force, étrange et troublante à la fois, puisque je ne compte en général que sur moi-même. Je n’ai besoin ni de l’aide ni de la force de personne. J’ai toujours été forte.
« Merci, » dit la gardienne en faisait rouler une desserte auprès d’elle. Elle se tourne vers Nial, qui me maintient toujours tandis qu’elle désinfecte et bande mes plaies. Je n’ai pas envie de voir ce qu’elle me fait.
« Ça va faire mal. » Ses mots sont le seul et unique avertissement, je sens un long objet en métal pointu s’enfoncer dans ma chair. Comme des pinces à épiler ?
« Dépêchez-vous. » Je grimace et empoigne le bord de la table. J’ai besoin d’agripper quelque chose, de saisir du concret tandis qu’elle farfouille dans ma chair.
Une large main chaude enveloppe et serre mes paumes tremblantes. C’est Nial. Je me retiens comme une désespérée alors qu’elle farfouille, comme si elle essayait de couper un steak, et non pas d’enlever un éclat.
« Vous n’auriez pas de quoi anesthésier ? De la Lidocaïne ou— » Elle creuse en profondeur et je respire entre mes dents serrées. « —whisky ?
– Impossible. Désolée. » Sa voix est calme et sincère tandis qu’elle poursuit son œuvre. « Ces médocs risquent d’interférer avec la baguette ReGen. »
J’ignore ce qu’est une baguette ReGen, et à vrai dire, je m’en fiche. Mais je commence à compter lentement dans ma tête jusqu’à cent. Ce n’est pas la première fois que je suis sur le billard, et ce n’est pas la blessure la plus moche que j’ai récoltée. Ça fait un mal de chien mais c’est supportable. Mes cicatrices prouvent que je suis déjà passée par là. Je ne me sens jamais à l’aise nue devant un homme avec toutes ces cicatrices et imperfections …
J’ouvre les yeux, je suis curieuse de voir la réaction de Nial face aux blessures de mon dos et ma cuisse. Comme prévu, son regard passe d’une blessure à l’autre. Je m’attendais à y lire de la curiosité ou du dégoût. Pas de la colère.
« Qui t’a infligé ces blessures, partenaire ? » Il croise mon regard et serre les mâchoires. Les veines de ses tempes et de son cou saillent d’émotion. « Dis-le que je le tue. »
Je ris et pousse un cri lorsque la gardienne, qui vient de me retirer un premier bout de métal dans l’épaule, fouille vigoureusement dans ma cuisse.
« Tu veux tuer la Terre entière on dirait, rétorquais-je les dents serrées.
– Je tuerai la civilisation entière pour te protéger. »
Ok. Il est un peu trop à fond à mon goût. « Pas besoin de tuer qui que ce soit. C’était un EEI en Irak. »
Il touche une cicatrice longue de trois doigts sur ma cuisse et je frissonne. « C’est quoi une EEI, partenaire ? Je ne comprends pas. Pourquoi t’ont-ils attaquée ? »