Loe raamatut: «Избранные новеллы. Уровень 1 / Les Nouvelles Choisis»
© Потокина А. М., подготовка текста, комментарии, упражнения, словарь, 2023
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La parure
C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin1, dans une famille d’employés. Elle n’avait aucun moyen d’être connue2, comprise, aimée, épousée par un homme riche; et elle se laissa marier3 avec un petit commis du ministère de l’Instruction publique4.
Elle fut malheureuse. Elle souffrait sans cesse5, se sentant née6 pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle songeait aux grands salons vêtus de soie7 ancienne et aux petits salons coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis les plus intimes.
Quand elle s’asseyait, pour dîner, devant la table ronde couverte d’une nappe de trois jours, en face de8 son mari elle songeait aux dîners fins, aux argenteries reluisantes; elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx.
Elle n’avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n’aimait que cela9; elle se sentait faite pour cela.
Elle avait une amie riche, une camarade de couvent qu’elle ne voulait plus aller voir, tant elle souffrait en revenant10. Et elle pleurait pendant des jours entiers de chagrin, de regret, de désespoir et de détresse.
Or, un soir, son mari rentra, l’air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe11.
– Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.
Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots:
– Le ministre de l’Instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l’honneur de12 venir passer la soirée à l’hôtel13 du ministère, le lundi 18 janvier.
Au lieu d’être ravie14, comme l’espérait son mari, elle jeta avec dépit l’invitation sur la table, murmurant:
– Que veux-tu que je fasse de cela?
– Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c’est une occasion, cela, une belle! J’ai eu une peine infinie à l’obtenir. Tout le monde en veut; c’est très recherché et on n’en donne pas beaucoup aux employés. Tu verras là tout le monde officiel.
Elle le regardait d’un œil irrité, et elle déclara avec impatience:
– Que veux-tu que je me mette sur le dos pour aller là?
Il n’y avait pas songé; il balbutia:
– Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle me semble très bien, à moi…
Il se tut15, stupéfait, éperdu, en voyant que sa femme pleurait. Il bégaya:
– Qu’as-tu? qu’as-tu?
Mais, par un effort violent, elle avait dompté sa peine et elle répondit d’une voix calme en essuyant ses joues humides:
– Rien. Seulement je n’ai pas de toilette et par conséquent16 je ne peux aller à cette fête.
Il était désolé. Il reprit:
– Voyons, Mathilde. Combien cela coûterait-il, une toilette convenable, qui pourrait te servir encore en d’autres occasions, quelque chose de très simple?
Elle répondit en hésitant:
– Je ne sais pas au juste17, mais il me semble qu’avec quatre cents francs je pourrais arriver.
Il avait un peu pâli, mais il dit:
– Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tâche d’avoir une belle robe.
Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste. Sa toilette était prête cependant. Son mari lui dit un soir:
– Qu’as-tu? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours.
Tasuta katkend on lõppenud.








