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Les enfants des bois

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VI

Gouvernement et administration du Cap. – Etat moral des Hottentots et des Cafres.

La belle colonie du Cap est l'objet de la constante sollicitude du gouvernement britannique; il y est représenté par un gouverneur, qui reçoit un traitement annuel de 6,000 livres sterling (150,000 fr.). Auprès de lui sont deux conseils.

Le conseil législatif, dont les membres nommés par la métropole deviennent inamovibles au bout de deux ans;

Le conseil exécutif, où siégent le commandant militaire, le grand juge, le trésorier général et le secrétaire du gouvernement.

Le grand juge, avec deux accesseurs, constitue la cour suprême. Les tribunaux de première instance se composent des hemraaden, et sont présidés par le landdrost dans chaque district. L'exécution des sentences est confiée à un haut shérif, qui a un vice-shérif dans chaque chef-lieu.

Les commissaires des cantons ont conservé le titre de vel-cornet ou field-cornets.

Le gouvernement britannique n'a pas seulement souci des intérêts de ses sujets d'origine européenne; il a fait de louables efforts pour améliorer la condition des Hottentots, que les Hollandais avaient réduits à l'esclavage en les soumettant à un système de contrats forcés. La race indigène est sortie insensiblement de son état d'abjection, et a montré des dispositions qu'on ne lui avait pas supposées. Une commission spéciale a été chargée, en 1837, d'examiner les mesures propres à garantir aux aborigènes des possessions anglaises et aux tribus voisines, une justice impartiale et la protection de leurs droits, ainsi que pour répandre parmi eux la civilisation et leur inculquer les principes de la religion chrétienne. Le rapport de cette commission rend compte d'expériences qui venaient d'être tentées avec succès. «Des Hottentots, dit-il, furent invités à s'établir entre les deux bras de la rivière Kat. Ils devaient s'y trouver dans le voisinage des Cafres, alors vivement irrités contre la colonie. Plusieurs familles ne tardèrent pas à se rendre sur le lieu indiqué; il en était très-peu qui possédassent quelque chose; le plus grand nombre étaient pauvres, comme on devait s'y attendre; mais c'étaient des hommes d'un caractère ferme.

»Bientôt on s'aperçut qu'il était impossible de restreindre le nombre de ces nouveaux colons. Des Hottentots arrivaient de tous côtés; beaucoup étaient assez mal famés; il y en avait même qui jusque-là n'avaient cessé de mener une existence vagabonde, et qui demandèrent à être mis à l'épreuve. Les exclure était difficile; d'autre part, il semblait cruel de refuser à un homme l'occasion d'améliorer son sort, par la seule raison qu'il se montrerait indigne de la faveur qu'on lui accorderait.

»Sur ces entrefaites, les Cafres menacèrent les nouveaux établissements; il devenait nécessaire d'en armer les habitants, à moins de les laisser exposés à être massacrés. La ruine de l'entreprise tentée paraissait imminente. Les Cafres et leurs zagaies étaient moins dangereux peut-être pour la colonie qu'une agglomération d'hommes armés de fusils et presque sans vivres. On présageait que ces derniers tourneraient aussi bien contre nous que contre les Cafres les armes que nous aurions mises dans leurs mains, et que le pays serait arrosé de sang.

»Sage ou non, une résolution fut prise; on confia aux Hottentots des armes et des munitions. Ils se montrèrent dignes de cette confiance. Au lieu de manger et de dormir jusqu'à ce que leurs provisions fussent épuisées, et de se laisser surprendre par les Cafres, ils se mirent au travail, tout en prenant des mesures pour repousser au besoin une attaque. Ils creusèrent des canaux dans des terrains tellement accidentés, et avec des outils si imparfaits, qu'on n'aurait pas cru qu'il fût possible d'y parvenir. Sans autre secours que les plus misérables instruments, ils cultivèrent des champs sur une étendue qui causa la surprise de tous ceux qui les visitèrent. Les travailleurs qui n'avaient pas de vivres se nourrissaient de racines, ou se louaient à leurs compatriotes plus fortunés. Ces derniers eux-mêmes furent obligés d'économiser pour soutenir leurs familles, jusqu'à ce que, quelques mois après, ils eussent récolté en abondance des citrouilles, du maïs, des pois, des haricots, etc. Loin de montrer de l'apathie et de l'indifférence pour la propriété, à présent qu'ils en ont une à défendre, ils sont devenus aussi désireux de la conserver et de l'étendre que les autres colons. Ils témoignent un grand désir de voir se propager des écoles au milieu d'eux; celles qui existent sont déjà dans un état florissant. Tel est leur amour pour l'instruction, que si quelqu'un se trouve savoir seulement épeler, et qu'il n'y ait dans les environs aucun moyen d'en apprendre davantage, il s'empresse de communiquer sa science aux autres.

»Le dimanche, ils font un chemin considérable pour assister au service divin, et leur guides spirituels parlent avec ravissement des succès qui ont payé leurs soins. Nulle part les sociétés de tempérance n'ont réussi aussi bien qu'au milieu de ce peuple, autrefois plongé dans l'ivrognerie. Ils ont eux-mêmes demandé au gouvernement de faire inscrire dans les actes de concession la prohibition des cantines ou débits d'eau-de-vie. Chaque fois que les Cafres les ont attaqués, ils ont été repoussés; et maintenant les deux nations vivent dans la meilleure intelligence.

»Les Hottentots de la rivière Kat n'ont coûté au gouvernement que l'entretien de leur ministre et des mesures de maïs et d'avoine qu'ils ont reçues pour ensemencer, les fusils qu'on leur a prêtés, et quelques munitions qui leur ont été données pour leur défense et celle du pays en général. Ils payent toutes les taxes comme le reste de la population. On leur doit d'avoir rendu la rivière Kat la partie la plus sûre de la frontière.»

Interrogé par les commissaires spéciaux du gouvernement britannique, le docteur Philip rendit ce témoignage à des Bosjesmans qui s'étaient installés dans une concession en 1832: «Ils ne possédaient absolument rien; au moyen d'une hachette, qu'ils empruntèrent, ils confectionnèrent une charrue en bois, sans un seul clou de fer, et s'en servirent pour cultiver leurs terres. La première récolte leur produisit assez pour s'entretenir pendant l'hiver, et un léger excédant, qu'ils vendirent. La seconde année, ils cultivèrent une grande étendue de terrain; ils avaient alors une excellente charrue, faite par eux-mêmes et garnie d'un soc en fer; ils s'étaient aussi construit un chariot.»

Questionné sur différents points par les membres de la commission, le docteur Philip répond:

D. A l'époque de votre résidence, les écoles étaient-elles suivies par un grand nombre d'enfants?

R. En 1834 il y en avait sept cents.

D. Sur quelle population?

R. Sur quatre mille individus.

D. C'est donc en raison d'un sur sept?

R. Oui; et, relativement à la population, c'est une proportion aussi forte que dans aucun autre pays de l'Europe.

D. Avez-vous interrogé les enfants instruits dans les écoles?

R. Je les ai interrogés en 1834. Sir John Wide, chef de la justice, se trouvant à la rivière Kat, je leur fis passer un examen public, à la suite duquel il me dit que dans toute la colonie aucune école ne lui avait procuré autant de satisfaction que celle du Hottentot.

D. Pensez-vous que dans ces écoles l'éducation soit conduite aussi loin, et que les enfants y répondent aussi bien que dans nos écoles d'Angleterre?

R. Je ne pense pas que des enfants placés dans une position égale auraient pu soutenir plus convenablement un examen.

D. Quels étaient les sujets d'instruction?

R. La lecture de l'anglais, le hollandais étant la langue du pays. Ils lisaient parfaitement l'anglais et connaissaient bien la géographie, ainsi que l'histoire générale. Ils écrivaient passablement et comprenaient l'arithmétique. Le mode général d'éducation m'a paru ne pouvoir être meilleur.

D. La population adulte se montrait-elle assidue au service divin?

R. Je n'ai jamais su qu'aucun individu en état d'y assister s'en fût abstenu.

D. Les chapelles étaient-elles aussi remplies, et la conduite était-elle aussi décente que dans notre pays?

R. Selon moi, et d'après le témoignage des gens les plus respectables, aucune congrégation religieuse du monde ne pouvait offrir le tableau de plus de recueillement, d'attention et de sentiments religieux?

D. Les congrégations religieuses sont-elles entièrement composées d'indigènes?

R. Oui. On voit rarement les yeux d'un seul individu se détourner du prédicateur. Il y a entre eux une force de sympathie qui fait que la respiration semble suspendue tant qu'une phrase n'est pas achevée. Ce qu'ils ont entendu devient l'objet de leurs prières après le service, et de leurs entretiens pendant la semaine.

D. Êtes-vous d'avis que l'établissement de la rivière Kat et les progrès des habitants dans la civilisation puissent tendre à élever une défense contre les incursions des tribus sauvages?

R. Je le crois.

D. Quel était à ce sujet l'opinion du gouvernement?

R. Je pense que c'était l'opinion générale.

Des essais de civilisation ont été également tentés sur les Cafres, terribles voisins dont les incursions désolent la colonie; on leur a envoyé des missionnaires; on a opéré quelques conversions, mais l'influence de quelques chefs devenus chrétiens n'a pas empêché cette belliqueuse nation de franchir les frontières par bandes nombreuses, cependant qu'au lieu de massacrer, comme par le passé, tous ceux qu'ils attaquaient, sans distinction d'âge ni de sexe, il leur arrive parfois de rendre des femmes et des enfants tombés entre leurs mains.