Loe raamatut: «La Quête Des Héros»
Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n 1 et l'auteur à succès chez USA Aujourd'hui de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui contient dix-sept tomes, de la série à succès n 1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui contient onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n 1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
TRANSFORMATION (Livre #1 Mémoires d'un Vampire), ARÈNE UN (Livre #1 de la Trilogie des Rescapés) et LA QUÊTE DES HÉROS (Livre #1 de L’Anneau du Sorcier) sont tous disponibles pour téléchargement!
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Sélection d'Acclamations pour Morgan Rice
“Livre fantastique plein d'entrain qui intègre un soupçon de mystère et de complot dans son intrigue. Toute l'histoire de La Quête des Héros porte sur la recherche du courage et la définition d'un but de vie qui mène à la croissance, la maturité et l'excellence …. Pour ceux qui recherchent des aventures fantastiques substantielles, les protagonistes, les techniques et l'action fournissent une vigoureuse série de rencontres qui se focalisent efficacement sur l'évolution de Thor d'un enfant rêveur à un jeune adulte confronté à d'impossibles conditions de survie …. Et ce n'est que le début de ce qui promet d'être une série épique pour jeunes adultes.”
--Midwest Book Review (D. Donovan, Critique d'eBooks)
“L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients d'un succès immédiat : des intrigues, des contre-intrigues, du mystère, de vaillants chevaliers et des relations en plein épanouissement qui débordent de cœurs brisés, de tromperies et de trahisons. Ce roman vous distraira pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'âge. A ajouter à la bibliothèque permanente de tous les lecteurs d'heroic fantasy.”
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos
“La distrayante fantaisie épique de Rice [L'ANNEAU DU SORCIER] comprend des traits classiques du genre : un cadre puissant, fortement inspiré par l’Écosse ancienne et son histoire, et un bon sens des intrigues de cour.”
—Kirkus Reviews
“J'ai adoré la façon dont Morgan Rice a créé le personnage de Thor et le monde dans lequel il vivait. Le paysage et les créatures qui le hantaient étaient très bien décrits … J'ai apprécié [l'intrigue]. Elle était courte et charmante …. Il y avait juste la bonne quantité de personnages secondaires, ce qui fait que je ne m'y suis pas perdue. Il y avait des aventures et des moments déchirants, mais l'action décrite n'était pas exagérément grotesque. Le livre serait parfait pour un lecteur adolescent … Il contient les prémices de quelque chose de remarquable …”
--San Francisco Book Review
“Dans ce premier tome, bourré d'action, de la fantaisie épique de la série de l'Anneau du Sorcier (qui contient actuellement 14 tomes), Rice présente aux lecteurs Thorgrin "Thor" McLeod, 14 ans. Son rêve est de faire partie de la Légion d'Argent, les chevaliers d'élite qui servent le roi …. L'écriture de Rice est consistante et les prémisses intrigantes.”
--Publishers Weekly
“[LA QUÊTE DES HÉROS] est rapide et facile à lire. Les chapitres se terminent d'une façon qui vous poussent à lire la suite du livre et vous ôtent l'envie de le poser. Il y a des fautes de frappe dans le livre et des confusions sur certains noms mais cela ne détourne pas le lecteur de l'histoire dans son ensemble. La fin du livre m'a donné envie de me procurer immédiatement le tome suivant et c'est ce que j'ai fait. Les neuf tomes de la série de l'Anneau du Sorcier peuvent tous s'acheter dès maintenant sur la boutique Kindle et, actuellement, vous pouvez commencer par La Quête des Héros, qui est en téléchargement gratuit sur cette plate-forme ! Si vous recherchez quelque chose de rapide et d'amusant à lire pendant que vous êtes en vacances, ce livre fera parfaitement l'affaire.”
--FantasyOnline.filet
Livres par Morgan Rice
ROIS ET SORCIERS
L'ASCENSION DES DRAGONS (Tome n 1)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HEROS (Tome n 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome n 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome n 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome n 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome n 5)
UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome n 6)
UN RITE D'EPEES (Tome n 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome n 8)
UN CIEL DE CHARMES (Tome n 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome n 10)
LE REGNE DE L'ACIER (Tome n 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome n 12)
LE REGNE DES REINES (Tome n 13)
LE SERMENT DES FRERES (Tome n 14)
UN REVE DE MORTELS (Tome n 15)
LA JOUTE DES CHEVALIERS (Tome n 16)
LE CADEAU DE LA BATAILLE (Tome n 17)
LA TRILOGIE DES RESCAPES
ARENE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n 1)
ARENE DEUX (Tome n 2)
SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE
TRANSFORMATION (Tome n 1)
ADORATION (Tome n 2)
TRAHISON (Tome n 3)
PRÉDESTINATION (Tome n 4)
DÉSIR (Tome n 5)
FIANÇAILLES (Tome n 6)
SERMENT (Tome n 7)
RETROUVAILLES (Tome n 8)
RÉSURRECTION (Tome n 9)
ENVIE (Tome n 10)
DESTIN (Tome n 11)
Écoutez la série de L'ANNEAU DU SORCIER en format livre audio !
Copyright © 2012 par Morgan Rice
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright RazoomGame, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
“La tête qui porte une couronne ne repose jamais avec calme !”
—William ShakespeareHenry IV, Deuxième Partie
CHAPITRE PREMIER
Le garçon se tenait sur le tertre le plus haut de la vallée du Royaume de l'Ouest de l'Anneau. Il regardait le premier soleil se lever vers le nord. Des collines vertes ondulantes s'étendaient jusqu'à perte de vue, plongeant et s'élevant comme des bosses de chameau en formant une série de vallées et de pics. Les rayons orange brûlé du premier soleil s'attardaient dans les brumes matinales en les faisant étinceler. Cela donnait à la lumière un aspect magique qui allait bien avec l'humeur du garçon. Il se réveillait rarement aussi tôt et s'aventurait rarement aussi loin de la maison (et ne montait jamais aussi haut) car il savait que cela mettrait son père en colère. Cependant, ce jour-là, il s'en moquait. Ce jour-là, il ne tint pas compte des millions de règles et de corvées qui l'opprimaient depuis sa naissance il y a quatorze ans, car ce jour était différent. C'était le jour d'arrivée de sa destinée.
Le garçon, Thorgrin du Royaume de l'Ouest de la Province du Sud du clan McLeod (que tous ceux qu'il aimait connaissaient simplement par le nom de Thor), le cadet de quatre garçons, celui que son père aimait le moins, était resté éveillé toute la nuit en anticipation de ce jour. Il s'était retourné dans tous les sens, les yeux troubles, en demandant fortement au premier soleil de se lever. Car il n'y avait qu'un seul jour comme celui-là tous les deux ou trois ans, et s'il le manquait, il serait coincé dans ce village, condamné à s'occuper du troupeau de son père pour le restant de ses jours. C'était une pensée qu'il ne pouvait supporter.
Le Jour de la Conscription. C'était le seul jour où l'Armée du Roi parcourait les provinces et triait sur le volet les hommes qui voulaient s'engager dans la Légion du Roi. Depuis sa naissance, Thor ne rêvait de rien d'autre. Pour lui, la vie ne signifiait qu'une seule chose : rejoindre l'Argent, la force de chevaliers d'élite du Roi, paré de la plus belle des armures et des meilleures armes que l'on puisse trouver où que ce soit dans les deux royaumes. Et il était impossible de rejoindre l'Argent sans d'abord rejoindre la Légion, la compagnie d'écuyers de quatorze à dix-neuf ans. Et si on n'était pas le fils d'un noble, ou d'un guerrier célèbre, il n'y avait aucun autre moyen de rejoindre la Légion.
Le Jour de la Conscription était la seule exception. C'était un événement rare qui se produisait tous les deux ou trois ans. Quand la Légion était à court de soldats, les hommes du Roi passaient le pays au peigne fin à la recherche de nouvelles recrues. Tout le monde savait que savait que peu de roturiers étaient choisis, et qu'encore moins d'entre eux seraient vraiment intégrés à la Légion.
Thor scruta attentivement l'horizon, à la recherche du moindre signe de mouvement. Il savait que l'Argent serait forcée de prendre cette route, la seule qui mène à son village, et il voulait être le premier à les repérer. Son troupeau de moutons protestait tout autour de lui, produisait un chœur de grognements agaçants et le poussait à les ramener en bas de la montagne, où l'herbe était meilleure. Il essaya de refouler le bruit et la puanteur. Il fallait qu'il se concentre.
La seule chose qui avait rendu tout ça supportable, toutes ces années passées à s'occuper des troupeaux, à être le domestique de son père, le domestique de ses frères aînés, celui dont on s'occupait le moins et qu'on accablait le plus, c'était l'idée qu'un jour il quitterait cet endroit. Un jour, quand l'Argent viendrait, il surprendrait tous ceux qui l'avaient sous-estimé et il serait sélectionné. En un seul mouvement rapide, il monterait sur leur chariot et dirait adieu à tout ça.
Il était évident que le père de Thor ne l'avait jamais considéré comme un candidat sérieux pour la Légion : en fait, il ne l'avait jamais considéré comme candidat pour quoi que ce soit. Au lieu de ça, son père donnait son amour et son attention aux trois frères aînés de Thor. L'aîné avait dix-neuf ans et les autres ne se suivaient que d'un an, ce qui faisait que Thor avait bien trois ans de moins que n'importe lequel d'eux. Peut-être était-ce parce qu'ils étaient d'un âge plus proche ou parce qu'ils se ressemblaient et ne ressemblaient pas à Thor que les trois frères aînés restaient ensemble et reconnaissaient à peine l'existence de Thor.
Ce qu'il y avait de pire, c'est qu'ils étaient plus grands, plus larges d'épaules et plus forts que lui, et Thor, qui savait qu'il n'était pas petit, se sentait quand même petit par rapport à eux, trouvait que ses jambes musclées étaient frêles par rapport à leurs fûts de chêne. Son père ne faisait rien pour rectifier cet état de fait et, en fait, il semblait l'apprécier, semblait trouver normal de laisser Thor s'occuper des moutons et aiguiser les armes pendant que ses frères avaient tout loisir de s'entraîner. On ne disait jamais mais on comprenait que Thor passerait sa vie en coulisse et serait forcé de regarder ses frères accomplir de grandes choses. S'il n'en tenait qu'à son père et à ses frères, sa destinée serait de rester ici, englouti par ce village, et de donner à sa famille le soutien qu'elle exigeait.
Pire encore, Thor sentait que, paradoxalement, ses frères avaient l'impression qu'il les menaçait, peut-être même qu'il les détestait. Thor le voyait dans chacun de leurs regards, chacun de leurs gestes. Il ne comprenait pas comment mais il éveillait chez eux quelque chose comme de la peur ou de la jalousie. Peut-être était-ce parce qu'il était différent d'eux, ne leur ressemblait pas, ne s'exprimait pas avec leurs manières; il ne s'habillait même pas comme eux, car son père réservait ce qu'il avait de mieux (les robes pourpres et écarlates, les armes dorées) à ses frères alors que Thor ne portait que les haillons les plus frustes.
Néanmoins, Thor tirait le meilleur parti de ce qu'il avait, se débrouillait pour que ses vêtements lui aillent, attachait sa robe à la taille avec une ceinture et, maintenant que l'été était de retour, il avait coupé ses manches pour que la brise caresse ses bras bronzés. Sa chemise était accompagnée d'un pantalon de grosse toile (le seul qu'il ait) et de bottes faites du cuir le plus ordinaire, lacées jusqu'aux tibias. Elles n'étaient pas du tout faites du même cuir que les chaussures de ses frères mais il s'en contentait. Ce qu'il portait, c'était l'uniforme typique du berger.
Cependant, il n'en avait pas vraiment le comportement typique. Thor était grand et mince et sa mâchoire fière, son menton noble, ses pommettes saillantes et ses yeux gris le faisaient ressembler à un guerrier égaré. Ses cheveux droits et marrons lui retombaient sur la tête en ondulant, juste en dessous de ses oreilles, et, derrière les boucles, ses yeux luisaient comme des vairons dans la lumière.
Les frères de Thor allaient avoir droit à une grasse matinée et à un repas copieux avant d'être envoyés à la Sélection avec les plus belles armes et la bénédiction de son père, alors que lui n'aurait même pas le droit de participer. Il avait une fois essayé de soulever la question avec son père. Ça s'était mal passé. Son père avait sommairement mis fin à la conversation et Thor n'avait pas réessayé. C'était injuste, voilà tout.
Thor était déterminé à rejeter le destin que son père lui avait prévu. Au premier signe de la caravane royale, il rentrerait au pas de course, confronterait son père et, que ça lui plaise ou non, il se présenterait aux hommes du Roi. Il se soumettrait à la sélection avec les autres. Son père ne pourrait pas l'en empêcher. L'idée lui noua l'estomac.
Le premier soleil monta plus haut et, quand le second soleil, vert menthe, commença à monter en ajoutant une couche de lumière au ciel violet, Thor les repéra.
Il se tint droit, les poils dressés, électrisé. Là-bas, à l'horizon, apparut la silhouette à peine visible d'une calèche dont les roues envoyaient de la poussière dans le ciel. Son cœur se mit à battre plus vite quand une autre calèche apparut, puis une autre. Même d'ici, les voitures dorées brillaient aux soleils, comme des poissons argentés qui bondissaient hors de l'eau.
Quand il compta douze calèches, il ne put plus attendre. Le cœur battant la chamade, oubliant son troupeau pour la première fois de sa vie, Thor se retourna et descendit maladroitement la colline, prêt à tout pour se faire connaître.
*
Thor prit à peine le temps de respirer quand il descendit les collines à toute vitesse, en traversant les arbres et en s'égratignant aux branches sans s'en préoccuper. Il atteint une clairière et vit son village qui s'étendait en dessous : c'était une tranquille ville de campagne remplie de maisons d'argile blanche à un étage et à toit de chaume. Il n'y avait que quelques dizaines de familles dans ce village. De la fumée sortait des cheminées, car la plupart des gens se levaient tôt pour préparer leur repas du matin. C'était un lieu idyllique, juste assez loin (une journée entière de cheval) de la Cour du Roi pour dissuader les passants. Rien qu'un village de paysans ordinaire au bord de l'Anneau, un simple engrenage dans la roue du Royaume de l'Ouest.
Thor parcourut la dernière partie du trajet à toute vitesse, se rua dans la place du village en faisant voler la poussière sur son passage. Les poulets et les chiens se sortirent précipitamment de sa route, et une vieille femme accroupie devant sa maison et devant un chaudron d'eau bouillante le siffla.
“Ralentis, mon garçon !” hurla-t-elle quand il passa à toute vitesse en envoyant de la poussière dans son feu.
Cependant, Thor n'avait aucune intention de ralentir, ni pour elle, ni pour qui que ce soit. Il tourna dans une rue transversale, puis dans une autre en suivant les méandres qu'il connaissait par cœur, jusqu'à ce qu'il arrive à la maison.
C'était une petite demeure quelconque comme toutes les autres, avec ses murs d'argile blanc et son toit de chaume angulaire. Comme dans la plupart de ces maisons, son unique pièce était séparée en deux : son père dormait d'un côté et ses trois frères de l'autre; à la différence de la plupart de ces maisons, celle-ci avait un petit poulailler à l'arrière et c'était là que Thor était forcé de dormir. Il avait commencé par dormir avec ses frères mais, avec le temps, ils avaient grandi, étaient devenus plus méchants et plus exclusifs et avaient ostensiblement refusé de lui faire de la place. Thor avait été vexé, mais maintenant, il appréciait d'avoir son propre espace et préférait ne pas avoir à subir leur présence. Pour lui, cela ne faisait que confirmer qu'il était exilé dans sa propre famille, ce qu'il avait longtemps su.
Thor courut vers la porte d'entrée et se rua à l'intérieur sans s'arrêter.
“Père !” cria-t-il en haletant. “L'Argent ! Ils arrivent !”
Son père et ses trois frères étaient courbés sur la table en train de déjeuner, déjà habillés dans leurs plus beaux vêtements. A ses mots, ils se levèrent d'un bond, passèrent à toute vitesse à côté de lui en lui heurtant les épaules, coururent hors de la maison et dans la rue.
Thor les suivit dehors et ils se mirent tous à scruter l'horizon.
“Je ne vois personne”, répondit Drake, l'aîné, de sa voix grave. Il avait les épaules les plus larges, les cheveux coupés courts comme ceux de ses frères, les yeux marron et de fines lèvres désapprobatrices. Il regarda Thor d'un air renfrogné, comme d'habitude.
“Moi non plus”, répondit Dross, qui n'avait qu'un an de moins que Drake et le défendait toujours.
“Ils arrivent !” répondit Thor en criant. “Je le jure !”
Son père se tourna vers lui et l'attrapa sévèrement par les épaules.
“Et comment pourrais-tu le savoir ?” demanda-t-il d'un ton autoritaire.
“Je les ai vus.”
“Comment ? D'où ?”
Thor hésita; son père le tenait. Il savait bien sûr que le seul endroit d'où Thor avait pu les repérer était le sommet de ce tertre. Maintenant, Thor ne savait plus comment réagir.
“Je … je suis monté au tertre —”
“Avec le troupeau ? Tu sais qu'il ne faut pas qu'il aille aussi loin.”
“Mais aujourd'hui, c'était différent. Il fallait que je voie.”
Son père lui lança un regard mauvais.
“Rentre tout de suite, va chercher les épées de tes frères et cire les fourreaux pour qu'ils aient l'air le plus beau possible avant que les hommes du Roi n'arrivent.”
Son père, qui en avait fini avec lui, se retourna vers ses frères, qui se tenaient tous dans la rue et regardaient au loin.
“Pensez-vous qu'ils nous sélectionneront ?” demanda Durs, le cadet des trois, qui avait bien trois ans de plus que Thor.
“Ils seraient idiots de ne pas le faire”, dit son père. “Ils manquent d'hommes cette année. Ils en ont sélectionné trop peu, ou alors, ils ne s'embêteraient pas à venir. Tenez-vous bien droits, tous les trois, levez le menton et dégagez la poitrine. Ne les regardez pas dans les yeux mais ne détournez pas non plus le regard. Soyez forts et confiants. Ne montrez aucune faiblesse. Si vous voulez être dans la Légion du Roi, vous devez vous comporter comme si vous y apparteniez déjà.”
“Oui, Père”, répondirent immédiatement ses trois garçons en se mettant en position.
Il se retourna et lança un regard furieux à Thor.
“Qu'est-ce que tu fais encore ici ?” demanda-t-il. “Rentre !”
Thor resta où il était, déchiré. Il ne voulait pas désobéir à son père, mais il fallait qu'il lui parle. Son cœur battait la chamade pendant qu'il réfléchissait. Il décida qu'il vaudrait mieux obéir, apporter les épées, puis confronter son père après. Une désobéissance immédiate serait contre-productive.
Thor se précipita dans la maison puis dans la cour de derrière, vers la remise aux armes. Il trouva les trois épées de ses frères, toutes les trois de beaux objets décorées des plus beaux pommeaux en argent qui soient, de précieux cadeaux pour lesquels son père avait travaillé durement pendant des années. Il les saisit toutes les trois, toujours aussi étonné par leur poids, et retraversa la maison au pas de course en les portant.
Il se précipita vers ses frères, leur tendit une épée à chacun, puis se tourna vers son père.
“Quoi, pas de cirage ?” dit Drake.
Son père se tourna vers Thor d'un air désapprobateur mais, avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, Thor prit la parole.
“Père, s'il vous plaît. Il faut que je vous parle !”
“Je t'ai dit de cirer —”
“S'il vous plaît, Père !”
Son père lui lança un regard furieux en hésitant. Il avait dû au visage de Thor qu'il était sérieux, car il finit par dire : “Alors ?”
“Je veux être candidat. Avec les autres. Pour la Légion.”
Le rire de ses frères retentit derrière lui et le fit rougir.
Son père, lui, ne rit pas; au contraire, il eut l'air encore plus renfrogné.
“Ah bon ?” demanda-t-il.
Thor répondit d'un vigoureux hochement de tête.
“J'ai quatorze ans. Je suis éligible.”
“La limite d'âge est à quatorze ans”, dit Drake avec dédain par dessus son épaule. “S'ils te prenaient, tu serais le plus jeune. Penses-tu qu'ils te choisiraient plutôt que quelqu'un comme moi ? J'ai cinq ans de plus que toi !”
“Tu es insolent”, dit Durs. “Tu l'as toujours été.”
Thor se tourna vers eux. “Ce n'est pas à vous que je demande”, dit-il.
Il se retourna vers son père, qui avait encore l'air renfrogné.
“Père, s'il vous plaît”, dit-il. “Laissez-moi une chance. C'est tout ce que je demande. Je sais que je suis jeune, mais je ferai mes preuves avec le temps.”
Son père secoua la tête.
“Tu n'es pas soldat, mon garçon. Tu n'es pas comme tes frères. Tu es berger. Ta vie est ici. Avec moi. Tu feras ton devoir et tu le feras bien. Il ne faut pas être trop ambitieux. Accepte la vie et apprends à l'aimer.”
Thor sentit son cœur se briser quand il vit sa vie s'effondrer devant ses yeux.
Non, pensa-t-il. C'est impossible.
“Mais, Père —”
“Silence !” hurla-t-il d'une voix si perçante qu'elle fendit l'air. “J'en ai assez dit. Ils arrivent. Sors de leur chemin et pense à te comporter correctement pendant qu'ils seront ici.”
Son père s'avança et poussa Thor de son chemin d'une seule main, comme s'il était un objet qu'il préférait ne pas voir. Sa paume musclée frappa Thor à la poitrine.
Un grand grondement se fit entendre. Les villageois sortirent tous de chez eux et s'alignèrent le long des rues. Un nuage de poussière grandissant annonça l'arrivée de la caravane et, quelques moments plus tard, une douzaine de calèches arriva en produisant comme un grand grondement de tonnerre.
Ils entrèrent en ville aussi brusquement qu'une armée et s'arrêtèrent près de la maison de Thor. Leurs chevaux caracolèrent sur place et renâclèrent. Il fallut longtemps pour que le nuage de poussière se dissipe et Thor essaya anxieusement de jeter un coup d'œil furtif à l'armure des soldats, à leur armement. Il n'avait jamais été aussi près de l'Argent et son cœur battait fort.
Le soldat perché sur l'étalon de devant mit pied à terre. C'en était un, un vrai, un authentique membre de l'Argent, vêtu d'une cotte de mailles brillante, un longue épée à la ceinture. Il semblait avoir dans les trente ans, être un homme mûr, barbe de plusieurs jours au visage, cicatrices à la joue et le nez crochu à cause d'une bataille. C'était le l'homme le plus robuste que Thor ait jamais vu, deux fois plus large que les autres, avec une expression qui disait que c'était lui le chef.
Le soldat descendit d'un bond sur la route de terre et ses éperons cliquetèrent quand il s'approcha de la ligne de garçons.
Partout dans le village, des dizaines de garçons se tenaient au garde à vous, espérant être choisis. Rejoindre l'Argent signifiait une vie d'honneur, de combat, de renommée, de gloire, ainsi que la possession de terres, d'un titre de noblesse et de richesses. Cela signifiait la meilleure fiancée, les plus belles terres, une vie de gloire. Cela signifiait l'honneur pour sa famille, et entrer dans la Légion était la première étape.
Thor scruta les grandes voitures dorées et comprit qu'elles ne pouvaient contenir qu'un nombre limité de recrues. C'était un grand royaume et ils avaient beaucoup de villes à visiter. Il eut la gorge serrée quand il comprit que ses chances étaient encore plus minces qu'il l'avait cru. Il faudrait qu'il batte tous ces autres garçons, parmi lesquels il y avait beaucoup de robustes combattants, ainsi que ses trois propres frères. Il eut un serrement de cœur.
Thor eut peine à respirer pendant que le soldat arpentait la rue en silence en inspectant les rangées de jeunes ambitieux. Il commença de l'autre côté de la rue, puis fit lentement demi-tour. Thor connaissait tous les autres garçons, bien sûr. Il aussi savait que certains d'entre eux avaient le désir secret de ne pas être choisis, même si leur famille voulait les envoyer à l'Argent. Ils avaient peur; ils feraient de mauvais soldats.
Thor bouillait d'indignation. Il sentait qu'il méritait autant d'être sélectionné que n'importe lequel d'entre eux. Ce n'était pas parce que ses frères étaient plus âgés, plus robustes et plus forts qu'il n'avait pas le droit de se présenter et d'être choisi. Il bouillait de haine pour son père, et il bondit presque quand le soldat s'approcha.
Le soldat s'arrêta, pour la première fois, devant ses frères. Il les toisa et sembla impressionné. Il tendit le bras, saisit un de leurs fourreaux et tira violemment dessus comme s'il voulait tester leur solidité.
Il fit un sourire.
“Tu n'as pas encore utilisé ton épée dans une bataille, n'est-ce pas ?” demanda-t-il à Drake.
Thor vit Drake nerveux pour la première fois de sa vie. Drake avala sa salive.
“Non, seigneur. Cependant, je l'ai utilisée de nombreuses fois pour m'entraîner, et j'espère —”
“Pour t'entraîner !”
Le soldat éclata de rire et se tourna vers les autres soldats, qui l'imitèrent en se moquant de Drake.
Drake rougit violemment. C'était la première fois que Thor voyait Drake dans l'embarras. D'habitude, c'était Drake qui mettait les autres dans l'embarras.
“Bon, dans ce cas, je dirai sûrement à nos ennemis de te craindre quand tu manies ton épée pour t'entraîner !”
La foule de soldats rit à nouveau.
Ensuite, le soldat se tourna vers les autres frères de Thor.
“Trois garçons de la même souche”, dit-il en grattant la barbe de trois jours qui lui poussait au menton. “Ça peut être utile. Vous avez tous une bonne taille. Cela dit, vous n'avez pas été mis à l'épreuve. Il vous faudra beaucoup d'entraînement si vous voulez faire l'affaire.”
Il s'interrompit.
“Je suppose qu'on peut vous trouver de la place.”
Il fit un signe de tête en direction du chariot de derrière.
“Montez et dépêchez-vous avant que je change d'avis.”
Les trois frères de Thor s'élancèrent vers la voiture, radieux. Thor remarqua son père était radieux, lui aussi.
Cependant, il se sentit découragé en les regardant partir.
Le soldat se retourna et se déplaça vers la maison suivante. Thor n'en pouvait plus.
“Sire !” cria Thor.
Son père se retourna et le regarda d'un air mauvais, mais Thor n'en avait plus rien à faire.
Le soldat s'arrêta, le dos tourné vers lui, et se retourna lentement.
Thor fit deux pas en avant, le cœur battant, et dégagea la poitrine autant qu'il le put.
“Vous ne m'avez pas passé en revue, sire”, dit-il.
Le soldat, étonné, toisa Thor comme s'il était un clown.
“Ah bon ?” demanda-t-il avant d'éclater de rire.
Ses hommes éclatèrent de rire, eux aussi, mais Thor s'en moquait. C'était le moment de faire ses preuves. C'était maintenant ou jamais.
“Je veux rejoindre la Légion !” dit Thor.
Le soldat avança vers Thor.
“Vraiment ?”
Il avait l'air amusé.
“Et as-tu même atteint ta quatorzième année ?”
“Oui, sire. Il y a deux semaines.”
“Il y a deux semaines !”
Le soldat hurla de rire et les hommes derrière eux en firent autant.
“Dans ce cas, nos ennemis trembleront sûrement en te voyant.”
Thor sentit qu'il bouillait d'indignation. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il ne pouvait pas laisser l'histoire se terminer comme ça. Le soldat se retourna pour s'éloigner mais Thor ne pouvait l'accepter.
Thor s'avança et hurla : “Sire ! Vous faites erreur !”
Un hoquet horrifié parcourut la foule quand le soldat s'arrêta et se retourna lentement une fois de plus.
Maintenant, il avait l'air renfrogné.
“Idiot de garçon !”, dit son père en saisissant Thor par l'épaule. “Rentre !”
“Pas question !” hurla Thor en se dégageant de la main de son père d'une secousse.
Le soldat avança vers Thor et son père recula.
“Connais-tu la peine que subissent ceux qui insultent l'Argent ?” dit le soldat d'un ton sec.
Le cœur de Thor battait la chamade, mais il savait qu'il ne pouvait pas céder.
“Veuillez lui pardonner, sire”, dit son père. “C'est un jeune enfant et —”
“Ce n'est pas à vous que je parle”, dit le soldat. D'un regard méprisant, il força le père de Thor à se détourner.
Le soldat se retourna vers Thor.
“Réponds-moi !” dit-il.
Thor avala sa salive, incapable de parler. Ce n'était pas comme ça qu'il avait prévu que ça se passerait.
“Insulter l'Argent, c'est insulter le Roi lui-même”, dit Thor humblement, récitant ce qu'il avait appris par cœur.
“Oui”, dit le soldat. “Ce qui signifie que je peux te donner quarante coups de fouet si je veux.”
“Je ne veux insulter personne, sire”, dit Thor. “Tout ce que je veux, c'est être sélectionné. S'il vous plaît. J'en ai toujours rêvé. S'il vous plaît. Laissez-moi vous rejoindre.”
Le soldat le regarda et, lentement, son expression s'adoucit. Au bout d'un long moment, il secoua la tête.