Loe raamatut: «Un Cri D’ Honneur»
A propos de Morgan Rice
Morgan Rice est l'auteur à succès n°1 et l'auteur à succès chez USA Aujourd'hui de la série d'épopées fantastiques L'ANNEAU DU SORCIER, qui contient dix-sept tomes, de la série à succès n°1 SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE, qui contient onze tomes (pour l'instant), de la série à succès n°1 LA TRILOGIE DES RESCAPÉS, thriller post-apocalyptique qui contient deux tomes (pour l'instant) et de la nouvelle série d'épopées fantastiques ROIS ET SORCIERS. Les livres de Morgan sont disponibles en édition audio et papier, et des traductions sont disponibles en plus de 25 langues.
TRANSFORMATION (Livre #1 Mémoires d'un Vampire), ARENE UN: LA CHASSE AUX ESCLAVES (Livre #1 de la Trilogie des Rescapés), LE REVEIL DES DRAGONS (le tome 1 de Rois et Sorciers) et LA QUÊTE DES HÉROS (le tome 1 de l'Anneau Du Sorcier) sont tous disponibles en téléchargement gratuit!
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Sélection d'Acclamations pour Morgan Rice
“L'ANNEAU DU SORCIER a tous les ingrédients d'un succès immédiat: des intrigues, des contre-intrigues, du mystère, de vaillants chevaliers et des relations en plein épanouissement qui débordent de cœurs brisés, de tromperies et de trahisons. Ce roman vous distraira pendant des heures et satisfera toutes les tranches d'âge. A ajouter à la bibliothèque permanente de tous les lecteurs d'heroic fantasy.”
— Books and Movie Reviews, Roberto Mattos
“Rice nous attire fort habilement dans son histoire dès le commencement grâce à une description de grande qualité qui transcende la simple représentation du décor … Un ouvrage bellement écrit et qui se lit très vite.”
– Black Lagoon Reviews (à propos de Transformée)
“Une histoire idéale pour les jeunes lecteurs. Morgan Rice a bien réussi à apporter un développement intéressant à son histoire … Dépaysant et unique, ce livre a les éléments classiques que l'on trouve dans de nombreuses histoires paranormales pour Jeune Adulte. La série se concentre sur une seule fille … une fille extraordinaire !.. Facile à lire, file à cent à l'heure … Recommandé pour tous ceux qui aiment lire des romans d'amour paranormaux soft. Classé PG (accord parental souhaitable).”
– The Romance Reviews (à propos de Transformée)
“Ce livre a retenu mon attention dès le début et ne l'a pas laissée retomber … Cette histoire est une aventure surprenante qui file à cent à l'heure et déborde d'action dès les premières pages. On ne s'y ennuie pas un seul moment .”
– Paranormal Romance Guild {à propos de Transformée)
“Bourré d'action, d'amour, d'aventure et de suspense. Emparez-vous de ce livre et retombez amoureuse.”
– vampirebooksite.com (à propos de Transformée)
“Excellente intrigue. C'est le type de livre que vous aurez du mal à arrêter de lire le soir. La fin est un moment de suspense si spectaculaire qu'il vous donnera immédiatement envie d'acheter le tome suivant, rien que pour voir ce qui s'y passe.”
– The Dallas Examiner (à propos d'Aimée)
“Un livre suffisamment bon pour faire de l'ombre à TWILIGHT et à JOURNAL D'UN VAMPIRE et qui vous donnera envie de lire jusqu'à la toute dernière page! Si vous aimez l'aventure, l'amour et les vampires, ce livre est celui qu'il vous faut !”
– Vampirebooksite.com (à propos de Transformée)
“Morgan Rice prouve une fois de plus qu'elle est une conteuse extrêmement talentueuse … ce livre devrait plaire à une gamme étendue de publics, dont les fans les plus jeunes du genre vampire / fantasy. Il se termine par un moment de suspense inattendu qui vous laisse en état de choc.”
– The Romance Reviews (à propos d'Aimée)
Livres par Morgan Rice
ROIS ET SORCIERS
LE REVEIL DES DRAGONS (Tome 1)
LE REVEIL DES BRAVES (Tome 2)
L'ANNEAU DU SORCIER
LA QUÊTE DES HEROS (Tome n 1)
LA MARCHE DES ROIS (Tome n 2)
LE DESTIN DES DRAGONS (Tome n 3)
UN CRI D'HONNEUR (Tome n 4)
UNE PROMESSE DE GLOIRE (Tome n 5)
UNE VALEUREUSE CHARGE (Tome n 6)
UN RITE D'EPEES (Tome n 7)
UNE CONCESSION D'ARMES (Tome n 8)
UN CIEL DE CHARMES (Tome n 9)
UNE MER DE BOUCLIERS (Tome n 10)
LE REGNE DE L'ACIER (Tome n 11)
UNE TERRE DE FEU (Tome n 12)
LE REGNE DES REINES (Tome n 13)
LE SERMENT DES FRERES (Tome n 14)
UN REVE DE MORTELS (Tome n 15)
UNE JOUTE DE CHEVALIERS (Tome n 16)
LE DON DE LA BATAILLE (Tome n 17)
LA TRILOGIE DES RESCAPES
ARENE UN: SLAVERSUNNERS (Tome n 1)
ARENE DEUX (Tome n 2)
SOUVENIRS D'UNE VAMPIRE
TRANSFORMEE (Tome n 1)
AIMEE (Tome n 2)
TRAHIE (Tome n 3)
PREDESTINEE (Tome n 4)
DESIREE (Tome n 5)
FIANCEE (Tome n 6)
VOUEE (Tome n 7)
TROUVEE (Tome n 8)
RENEE (Tome n 9)
ARDEMMENT DESIREE (Tome n 10)
SOUMISE AU DESTIN (Tome n 11)
Écoutez la série de L'ANNEAU DU SORCIER en format livre audio !
Copyright © 2013 par Morgan Rice
Tous droits réservés. Sauf dérogations autorisées par la Loi états-unienne sur le droit d'auteur de 1976, aucune partie de cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise sous quelque forme que ce soit ou par quelque moyen que ce soit, ou stockée dans une base de données ou système de récupération, sans l'autorisation préalable de l'auteur.
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture: Copyright RazoomGame, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
“Ne t’effraye point de la grandeur
Quelques-uns naissent grands;
d’autres parviennent à la grandeur,
et il en est que la grandeur vient chercher elle-même.”
– William Shakespeare
Le Jour des Rois
CHAPITRE PREMIER
Luanda traversa le champ de bataille au pas de charge. Elle évita de peu un cheval au galop en se frayant un chemin vers la petite habitation où se trouvait le Roi McCloud. Elle serra le froid pieu de fer dans sa main en tremblant et traversa le terrain poussiéreux de cette cité qu'elle avait connue, cette cité où habitait son peuple. Tous ces derniers mois, elle avait été forcée d'assister à leur massacre et elle en avait assez. Quelque chose s'était rompu en elle. Elle n'avait plus peur de se dresser contre toute l'armée McCloud; elle ferait tout ce qu'elle pourrait pour l'arrêter.
Luanda savait que ce qu'elle allait faire était fou, qu'elle mettait sa vie en jeu et que McCloud allait probablement la tuer, mais elle s'efforça de ne plus y penser en courant. Il était temps de faire ce qui était bien, quel qu'en soit le coût.
En scrutant le champ de bataille noir de monde, elle repéra McCloud parmi les soldats. Il était au loin et portait cette pauvre fille qui hurlait dans une habitation abandonnée, une petite maison d'argile. Il claqua la porte derrière eux en soulevant un nuage de poussière.
“Luanda !” cria quelqu'un.
Elle se retourna et vit Bronson qui, à peut-être trente mètres derrière, la poursuivait. Sa progression fut interrompue par le flux incessant de chevaux et de soldats, qui l'obligea à s'arrêter plusieurs fois.
Elle n'avait qu'une chance: maintenant. Si Bronson la rattrapait, il l'empêcherait d'aller au bout de ce qu'elle voulait faire.
Luanda courut deux fois plus vite en serrant le pieu et essaya de ne pas penser à la folie de cette tentative, aux rares chances qu'elle avait de réussir. Si des armées entières n'avaient pas réussi à renverser McCloud, si ses propres généraux et son propre fils tremblaient devant lui, quelles chances pouvait-elle bien avoir de réussir à le tuer seule ?
De plus, Luanda n'avait jamais tué d'homme, et encore moins d'homme de la stature de McCloud. Allait-elle être paralysée par la peur au moment fatidique? Pouvait-elle vraiment le surprendre? Était-il invincible, comme Bronson l'en avait avertie ?
Luanda se sentait responsable des effusions de sang commises par cette armée, de la mise à sac de son propre pays. En y repensant, elle regrettait d'avoir accepté d'épouser un McCloud, malgré son amour pour Bronson. Elle avait appris que les McCloud étaient un peuple barbare, au-delà de toute possibilité de correction. A présent, elle comprenait que les MacGil avaient eu de la chance que les Highlands les séparent et qu'ils soient restés de leur côté de l'Anneau. Elle avait été naïve, avait été idiote de supposer que les McCloud étaient moins mauvais qu'on lui avait appris à le penser. Elle avait cru pouvoir les changer, que, malgré le risque, d'une façon ou d'une autre, cela valait la peine d'être princesse McCloud et un jour reine.
Cependant, maintenant, elle savait qu'elle s'était trompée. Elle renoncerait à tout, à son titre, ses richesses, sa notoriété, tout, pour ne jamais avoir rencontré les McCloud, pour se retrouver en sécurité avec sa famille, de son côté de l'Anneau. A présent, elle était furieuse que son père ait arrangé ce mariage; elle avait été jeune et naïve, mais il aurait dû savoir que ça ne marcherait pas. La politique comptait-elle assez pour lui pour qu'il y sacrifie sa propre fille? Elle lui en voulait aussi d'être mort et de l'avoir laissée se débrouiller seule avec tout ça.
Ces derniers mois, Luanda avait appris à se débrouiller seule, à la dure et, maintenant, elle avait sa chance de changer les choses.
Quand elle atteint la petite maison d'argile avec la porte sombre en chêne que McCloud avait claquée, elle tremblait. Elle se tourna et regarda des deux côtés, s'attendant à ce que les hommes de McCloud se jettent sur elle mais, à son grand soulagement, ils étaient tous trop occupés à semer le chaos pour la remarquer.
Elle leva le bras, le pieu dans l'autre main, saisit le bouton de porte et le tourna aussi discrètement que possible en priant pour que cela n'attire pas l'attention de McCloud.
Elle entra. Il faisait sombre à l'intérieur et ses yeux s'habituèrent lentement à l'obscurité, qui tranchait avec la lumière crue de la cité blanche; il faisait aussi plus frais à l'intérieur et, quand elle franchit le seuil de la petite maison, la première chose qu'elle entendit furent les gémissements et les cris de la fille. Alors que ses yeux s'habituaient à l'obscurité, elle regarda dans la petite maison et vit McCloud, déshabillé de la taille aux pieds, par terre, avec la fille déshabillée qui se débattait sous lui. La fille pleurait et criait, les yeux serrés, puis McCloud leva le bras et lui ferma la bouche de sa main charnue.
Luanda avait peine à croire que c'était vrai, qu'elle allait vraiment faire ça jusqu'au bout. Elle fit prudemment un pas en avant, les mains tremblantes, les genoux tremblants, et pria pour avoir la force d'aller jusqu'au bout. Elle serra le pieu en fer comme si c'était sa planche de salut.
S'il vous plaît, mon Dieu, faites que je tue cet homme.
Elle entendit McCloud grogner et gémir comme un animal sauvage satisfait. Il était implacable. La fille semblait crier plus fort à chacun de ses mouvements.
Luanda fit un autre pas, puis un autre, et se retrouva à un mètre ou deux. Elle regarda McCloud, observa son corps, essaya de décider quel était le meilleur endroit où frapper. Heureusement, il avait retiré sa cotte de mailles et ne portait qu'une chemise en tissu fin, maintenant trempée de sueur. Elle le sentait de là où elle était et elle eut un haut-le-cœur. En retirant son armure, il avait commis une imprudence et, décida Luanda, ce serait sa dernière erreur. Elle lèverait le pieu bien haut, des deux mains, et le plongerait dans son dos exposé.
Quand les gémissements de McCloud atteignirent leur apogée, Luanda leva le pieu bien haut. Elle réfléchit à la façon dont sa vie changerait après ce moment. Dans quelques secondes, rien ne serait plus pareil. Le royaume des McCloud serait débarrassé de son tyran; son peuple ne serait plus soumis à la destruction. Son nouveau mari monterait sur le trône, prendrait sa place et, finalement, tout irait bien.
Luanda resta sur place, paralysée par la peur. Elle tremblait. Si elle n'agissait pas maintenant, elle ne le ferait jamais.
Elle retint son souffle, fit un dernier pas en avant, tint le pieu des deux mains haut au-dessus de sa tête et, soudain, elle tomba à genoux en abattant le pieu en fer de toutes ses forces, en se préparant à en transpercer le dos de l'homme.
Cependant, une chose qu'elle n'avait pas prévue se produisit à toute vitesse, trop vite pour qu'elle puisse réagir: à la dernière seconde, McCloud se dégagea. Pour un homme de sa corpulence, il était bien plus rapide qu'elle l'aurait imaginé. Il roula de côté en laissant exposée la fille d'en dessous. Il était trop tard pour que Luanda s'arrête.
A la grande horreur de Luanda, le pieu en fer poursuivit sa course jusqu'en bas, jusqu'à la poitrine de la fille.
La fille se redressa en hurlant et Luanda sentit avec horreur le pieu lui percer la chair, pénétrer plusieurs centimètres jusqu'à son cœur. Le sang gicla de sa bouche et elle regarda Luanda, terrifiée, trahie.
Finalement, elle retomba, morte.
Luanda s'agenouilla sur place, paralysée, traumatisée, comprenant tout juste ce qui venait de se passer. Avant d'avoir pu comprendre tout ce qui s'était passé, avant qu'elle ait pu comprendre que McCloud était sain et sauf, elle ressentit une douleur cuisante au côté du visage et sentit qu'elle tombait par terre.
Alors qu'elle traversait l'air, elle fut vaguement consciente que McCloud venait de la frapper d'un terrible coup de poing qui l'avait envoyée promener et que McCloud avait en fait anticipé tous ses mouvements dès qu'elle était entrée dans la pièce. Il avait fait semblant de ne pas être au courant. Il avait attendu le bon moment, attendu l'occasion idéale pour non seulement esquiver son coup mais aussi la pousser, par la ruse, à tuer cette pauvre fille par la même occasion pour l'en rendre coupable.
Avant que son monde ne s'assombrisse, Luanda entraperçut le visage de McCloud. Il la regardait en souriant, la bouche ouverte, la respiration laborieuse, comme une bête sauvage. La dernière chose qu'elle entendit avant que sa botte géante ne vienne la frapper au visage était sa voix gutturale qui ressemblait à celle d'un animal :
“Tu m'as bien aidé”, dit-il. “J'en avais fini avec elle, de toute façon.”
CHAPITRE DEUX
Gwendolyn courait dans les rues secondaires sinueuses de la partie la plus sordide de la Cour du Roi, les joues baignées de larmes. Elle s'enfuyait du château en essayant de s'éloigner de Gareth autant que possible. Depuis leur confrontation, depuis qu'elle avait vu que Firth avait été pendu, depuis qu'elle avait entendu les menaces de Gareth, elle avait le cœur qui battait la chamade. Elle essayait désespérément de dégager la vérité qui subsistait dans ses mensonges mais, dans l'esprit malade de Gareth, vérité et mensonges étaient tout entremêlés et il était extrêmement difficile de savoir ce qui était vrai. Avait-il essayé de lui faire peur? Ou est-ce que tout ce qu'il avait dit était vrai ?
Gwendolyn avait vu le corps pendu de Firth de ses propres yeux et cela lui indiquait que, cette fois-ci, tout cela était peut-être vrai. Peut-être Godfrey avait-il vraiment été empoisonné; peut-être avait-elle vraiment été mariée de force aux sauvages Nevaruns et peut-être Thor allait-il dès maintenant se précipiter dans une embuscade. Elle frissonna en y pensant.
Alors qu'elle courait, elle se sentait impuissante. Il fallait qu'elle rétablisse un semblant d'ordre. Elle ne pouvait pas courir retrouver Thor là où il était, mais elle pouvait courir retrouver Godfrey et voir s'il avait été empoisonné et s'il était encore en vie.
Gwendolyn s'enfonça rapidement dans la partie louche de la ville, surprise de se retrouver, pour la deuxième fois en deux jours, dans cette partie dégoûtante de la Cour du Roi où elle avait juré de ne jamais revenir. Si Godfrey avait vraiment été empoisonné, elle savait que ça se serait produit à la taverne. Où d'autre? Elle lui en voulait d'y être revenu, d'avoir baissé la garde, d'avoir été aussi imprudent, mais, surtout, elle s'inquiétait pour lui. Ces derniers jours, elle s'était rendu compte que, finalement, elle tenait beaucoup à son frère et que l'idée de le perdre, lui aussi, surtout après avoir perdu son père, lui laissait un trou dans le cœur. Elle se sentait aussi responsable de ce qui lui arrivait, d'une façon ou d'une autre.
Gwen avait vraiment peur en courant dans ces rues, et pas à cause des ivrognes et des vauriens qui l'entouraient; elle avait bien plus peur de son frère, Gareth. Il avait eu l'air diabolique lors de leur dernière rencontre, et elle n'arrivait pas à oublier son visage, ses yeux si noirs, si inhumains. Il avait l'air possédé. Le voir assis sur le trône de leur père rendait la scène encore plus surréaliste. Elle craignait sa vengeance. Peut-être complotait-il vraiment pour la marier de force, chose qu'elle ne permettrait jamais, ou peut-être ne voulait-il que la prendre au dépourvu et prévoyait-il vraiment de l'assassiner. Gwen regarda autour d'elle et, alors qu'elle courait, tous les visages lui semblaient hostiles, inconnus. Chaque homme semblait être une menace potentielle, envoyé par Gareth pour l'achever. Elle devenait paranoïaque.
Gwen tourna à un coin et heurta l'épaule d'un vieil homme ivre, ce qui lui fit perdre l'équilibre, bondir et crier involontairement. Elle était sur les nerfs. Il lui fallut un moment pour comprendre que ce n'était qu'un passant négligent, pas un des hommes de main de Gareth; elle se retourna et le vit trébucher sans même se retourner pour s'excuser. L'ignominie de cette partie de la ville dépassait ce qu'elle pouvait supporter. Si ce n'était pour Godfrey, elle ne s'en approcherait jamais, et elle lui en voulait de l'obliger à se rabaisser à ça. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement éviter d'aller à la taverne ?
Gwen tourna à un autre coin et vit la taverne préférée de Godfrey, un pseudo-établissement qui se dressait là, de guingois, la porte ouverte, déversant ses ivrognes sur le pavé comme toujours. Elle ne perdit pas de temps et se précipita par sa porte ouverte.
Il fallut un moment à ses yeux pour s'habituer à l'obscurité du bar, qui empestait la bière éventée et la sueur. Quand elle entra, le silence se fit. La vingtaine d'hommes qui étaient agglutinés à l'intérieur se retourna et la regarda avec surprise. Elle était membre de la famille royale, vêtue de ses plus beaux atours, et elle se précipitait dans cette salle qui n'avait probablement pas été nettoyée depuis des années.
Elle se dirigea vers un grand homme ventru qu'elle reconnut comme étant Akorth, un des compagnons de boisson de Godfrey.
“Où est mon frère ?” demanda-t-elle d'un ton autoritaire.
Alors que Akorth était d'habitude de bonne humeur et prêt à se fendre d'une blague sordide dont il était lui-même trop satisfait, il la surprit en se contentant de secouer la tête.
“Ça va mal, Milady”, dit-il sombrement.
“Que voulez-vous dire ?” insista-t-elle, le cœur battant la chamade.
“Il a bu de la mauvaise bière”, dit un grand homme maigre qu'elle reconnut comme étant Fulton, l'autre compagnon de Godfrey. “Il s'est couché tard hier soir. Ne s'est pas relevé.”
“Est-il en vie ?” demanda-t-elle, frénétique, en saisissant Akorth par le poignet.
“Tout juste”, répondit-il en baissant les yeux. “Il a eu un passage difficile. Il a arrêté de parler il y a une heure.”
“Où est-il ?” insista-t-elle.
“A l'arrière, miss”, dit le barman, qui se pencha par-dessus le bar en essuyant une chope, l'air sombre lui aussi. “Et vous feriez bien de penser à l'emmener. Je ne veux pas qu'un cadavre s'attarde dans mon établissement.”
Bouleversée, Gwen se surprit elle-même quand elle sortit un petit poignard, se pencha en avant et en présenta la pointe à la gorge du barman.
La gorge serrée, choqué, il la regarda et un silence de mort s'installa dans le bar.
“D'abord”, dit-elle, “cet endroit n'est pas un établissement mais un ersatz d'abreuvoir que je ferai raser par la garde royale si tu me reparles sur ce ton. Tu peux commencer par me dire Milady.”
Gwen se sentait exaspérée et surprise par la force qui la submergeait; elle ne savait pas du tout d'où lui venait cette force.
Le barman eut la gorge serrée.
“Milady”, répéta-t-il.
Gwen ne retira pas le poignard.
“Ensuite, mon frère ne mourra pas, et certainement pas ici. Son cadavre ferait bien plus d'honneur à ton établissement que tous les vivants qui l'ont fréquenté. Et s'il meurt vraiment, tu peux être sûr que ce sera ta faute.”
“Mais je n'ai rien fait de mal, Milady !” supplia-t-il. “C'était la même bière que celle que j'ai servie à tous les autres clients !”
“Quelqu'un a dû l'empoisonner”, ajouta Akorth.
“Ç’aurait pu être n'importe qui”, dit Fulton.
Gwen baissa lentement son poignard.
“Je veux le voir. Maintenant !” ordonna-t-elle.
Le barman baissa la tête, humblement cette fois-ci, se retourna et sortit par une porte latérale qui se trouvait derrière le bar. Gwen le suivit de près. Akorth et Fulton se joignirent à elle.
Gwen entra dans la petite arrière-salle de la taverne et entendit le sursaut de surprise que lui procura la vue de son frère, Godfrey, allongé par terre sur le dos. Il était plus pâle qu'elle ne l'avait jamais vu. Il avait l'air proche de la mort. Tout était vrai.
Gwen se précipita à son côté, lui prit la main et sentit à quel point elle était froide et moite. Il ne réagit pas, la tête par terre, pas rasé, les cheveux gras collés au front. Cependant, elle lui tâta le pouls et, bien qu'il soit faible, Godfrey était encore de ce monde; elle vit aussi sa poitrine se lever à chaque inspiration. Il était en vie.
Elle sentit une rage soudaine monter en elle.
“Comment avez-vous pu le laisser comme ça ?” cria-t-elle en se retournant vers le barman. “Mon frère, membre de la famille royale, abandonné seul à mourir par terre comme un chien ?”
Le barman, la gorge serrée, la regarda nerveusement.
“Et qu'aurais-je pu faire, Milady ?” demanda-t-il, peu sûr de lui. “C'est pas un hôpital, ici. Tout le monde a dit qu'il était quasiment mort et – ”
“Il n'est pas mort !” hurla-t-elle. “Et vous deux”, dit-elle en se tournant vers Akorth et Fulton, “quelle sorte d'amis êtes-vous? Est-ce qu'il vous aurait laissés comme ça ?”
Akorth et Fulton échangèrent un regard douceâtre.
“Pardonnez-moi”, dit Akorth. “Le docteur est venu hier soir, l'a regardé, dit qu'il était moribond et que ce n'était plus qu'une question de temps. Je pensais qu'on ne pouvait rien y faire.”
“Nous sommes restés avec lui la plus grande partie de la nuit, Milady”, ajouta Fulton, “à ses côtés. Nous n'avons fait qu'une petite pause parce qu'il fallait qu'on boive pour oublier, puis vous êtes arrivée et – ”
Gwen leva le bras et, enragée, leur fit tomber les deux chopes des mains et les envoya promener par terre. Le liquide s'écoula partout. Ils la regardèrent, choqués.
“Vous deux, vous en attrapez un bout chacun”, ordonna-t-elle froidement en se relevant et en sentant une nouvelle force monter en elle. “Vous allez l'emmener d'ici. Vous allez me suivre dans toute la Cour du Roi jusqu'à ce que nous rejoignions le Médecin du Roi. Nous allons donner à mon frère une vraie chance de guérison au lieu de le laisser mourir selon la proclamation d'un imbécile de docteur.
“Et toi !” ajouta-t-elle en se tournant vers le barman. “Si mon frère survit, qu'il revient ici et que tu acceptes de lui servir à boire, je veillerai personnellement à ce que tu sois jeté au cachot et que tu n'en ressortes jamais.”
Le barman bougea nerveusement et baissa la tête.
“Maintenant, action !” hurla-t-elle.
Akorth et Fulton sursautèrent et passèrent brusquement à l'action. Gwen quitta précipitamment la pièce, suivie par les deux hommes qui portaient son frère. Ils sortirent tous trois du bar et à la lumière du jour.
Dans les quartiers pauvres et bondés de la Cour du Roi, ils se mirent précipitamment en route, en quête du médecin, et Gwen pria pour qu'il ne soit pas trop tard.