Tombé Pour Elle

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Cadu

Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui que je décide de déjeuner seul dans un restaurant au bord de la plage. Je ne peux pas oublier l'image de Mariana de ce matin. Elle est vraiment belle et je suis surpris de ne l'avoir jamais remarqué auparavant. J'ai remis Miguel en place ; c'est le plus grand coureur de jupons du bureau, et je lui ai dit de la laisser tranquille. C'est une fille bien ; elle n'est pas comme les autres filles du magazine qui sortent avec n'importe qui. Mariana est sérieuse, dévouée et gentille. C'est assez déconcertant de me rendre compte que je n'arrête pas de penser à elle.

Assis près d'une baie vitrée, je regarde la plage. J'adore la mer. Il y a des jours, comme aujourd'hui, où je me fais violence pour ne pas me dévêtir, attraper ma planche de surf, aller à la plage et oublier tout ce qui m'entoure. Tout à coup, un mouvement attire mon attention. C'est elle.

Elle est là, assise sur un banc près de la plage. Avec les cheveux au vent et un sourire sur le visage, elle ressemble à une nymphe qui vient de sortir de l’eau. Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Mariana m'obsède et je ne sais pas pourquoi. Je passe mes doigts dans mes cheveux et fais signe au serveur de m'apporter l'addition. Une fois que j’ai payé, j'agis d'une façon qui ne me ressemble absolument pas : je cède à une impulsion et traverse la rue en direction de la plage. Elle me tourne le dos et regarde l'océan. Je m'assois tranquillement à côté d'elle et tout à coup, elle se retourne et hurle de surprise.

"Oh, mon Dieu ! Tu essaies de me tuer ?" demande-t-elle, une main sur la poitrine.

"Désolé, Mariana. Je ne voulais pas t'effrayer...” Je ne sais pas quoi ajouter.

“Hmm… que fais-tu ici ?" demande-t-elle, l'air curieux. Ce n'était pas une bonne idée. Je ne sais même pas ce que je fais ici. Je suis un homme de vingt-six ans qui a du succès et de l'expérience, et qui se comporte comme un garçon de quinze ans.

"Je venais de finir de déjeuner, et je t'ai aperçue." dis-je avant de me taire pour m'empêcher d'ajouter des propos que je ne pourrais expliquer. Le vent porte son parfum jusqu'à moi. Il est doux et intensément féminin. Je ferme les yeux, emporté par son odeur.

Quand je les rouvre, je la trouve à me regarder avec une drôle d'expression sur le visage, comme si elle me croyait fou ou quelque chose comme ça. Peut-être le suis-je.

"Tout va bien ?" demande-t-elle, en essayant de sourire.

Je hoche la tête.

Merde ! Elle doit penser que je suis un crétin. Je lève les yeux et fixe la mer du regard. Puis j'entends un rire. Quand je me tourne vers elle, elle est en train de glousser ; on dirait qu’elle s'empêche de rire aux éclats.

Je demande : "Quoi ?" et je vois ses joues s’empourprer.

"Désolée, C'est juste que je ne t'avais encore jamais vu interdit. C'est assez mignon." dit-elle avant de continuer à rire.

Mignon ? Personne n'a jamais utilisé ce mot en parlant de moi.

"Content de voir que quelqu'un s'amuse." dis-je sérieusement, et elle s'arrête soudain et me regarde gravement. Je lui demande avec curiosité : "Quoi encore ?"

"Désolée, ce n'était pas sympa de rire de toi comme ça, Carlos Eduardo." murmure-t-elle en baissant les yeux. J'ai une forte envie de tendre la main et pousser une mèche de cheveux derrière son oreille.

"Cadu." dis-je, incapable de m'arrêter.

"Pardon ?" Elle lève les yeux, surprise.

"Ici, je suis juste Cadu, Mariana."

Elle affiche alors un grand sourire.

"Mari." dit-elle, et j'affiche le même grand sourire qu'elle.

Le vent fait voler ses cheveux noirs et je ne peux plus m'empêcher de les toucher. Je tends la main et place une mèche derrière son oreille ; elle ferme les yeux. C'est comme si je vivais une expérience extracorporelle, que je trébuchais dans une autre dimension. Je n'ai aucune idée de ce qui m'arrive, mais c'est comme si une sorte d'aimant m'attirait à elle. Soudain, un grand bruit nous surprend tous les deux et je retire ma main.

"Qu'est-ce que c'était ?" Je demande, confus. Elle saisit son téléphone portable à l'intérieur de son chemisier, où il est à l'abri entre ses seins. Oh, Seigneur ! Elle va finir par me tuer.

"Mon alarme." dit-elle en l'éteignant. La situation me fait rire. Elle a une tonne d'alarmes programmées dans son téléphone.

"Combien d'alarmes as-tu exactement ?" Je demande avec curiosité. Elle rit.

"Quelques-unes. Mon patron a beaucoup de rendez-vous." Elle a l'air amusée et je souris. "On y retourne ?" demande-t-elle, et je hoche la tête. “Tu as perdu ta langue ?”

Je ris. Elle est différente de toutes les femmes que j'ai rencontrées.

"Non. Un chaton s'en est emparé." dis-je, incapable de contrôler le ton séducteur de ma voix. Mari sourit d'une manière charmante.

Nous retournons à notre bâtiment en silence et je la vois se reprendre quand nous y arrivons. Elle attrape l'élastique à son poignet et attache ses cheveux ; elle adopte immédiatement une attitude plus professionnelle. Nous sommes seuls dans l'ascenseur et je suis hyper conscient de sa présence vibrante à mes côtés. On se sourit, mais on garde le silence. Pour la première fois de ma vie, je suis muet ; heureusement que je n'ai pas du tout besoin de parler.

Quand nous arrivons à notre étage, je garde les portes ouvertes. Nous allons à notre bureau, toujours en silence. Volontairement, je laisse Mari passer devant moi et je regarde le doux balancement de ses hanches. Je n'ai jamais eu de relations avec quelqu'un qui travaille pour moi. C'est ma règle depuis le premier jour, mais à cet instant, les règles me semblent peu pertinentes. Je ne pense qu'à son doux sourire et à la folle envie d'embrasser ses lèvres pour savoir si elles sont aussi douces qu'elles en ont l'air. Nous arrivons au bureau et elle me sourit.

"Merci pour ta compagnie."

"Quand tu veux, Mari." Je l'appelle par son surnom et elle sourit, puis s'excuse avant d'aller aux toilettes. J'inspire profondément et me rends à mon bureau. Je m'assois sur mon canapé en cuir noir avec le sentiment d'avoir été percuté par un camion sans avoir eu le temps de relever son immatriculation.



De : Mariana Costa

À : Lais Menezes

Objet : ALERTE ROUGE


Je fais une crise d'hyperventilation dans les toilettes. Mon patron a été kidnappé et remplacé par un homme curieusement charmant !

De : Lais Menezes

À : Mariana Costa

Objet : RE: ALERTE ROUGE


Oh mon Dieu ! Que s'est-il passé ? Nouveau patron ?

De : Mariana Costa

À : Lais Menezes

Objet : RE: RE: ALERTE ROUGE


Non ! Vieux patron, mais nouvelle attitude. Mon Dieu, j'ai le vertige. Il est si charmant.

De : Lais Menezes

À : Mariana Costa

Objet : RE: RE: RE: ALERTE ROUGE


Quoi ?! Pourquoi on s'envoie des courriels au lieu de s'appeler ? Je t'appelle.



La sonnerie de son portable la fait sursauter.

"Tu peux m'expliquer ce qui se passe ?" crie-t-elle.

"Je ne sais pas quoi dire. J'étais à la plage, je regardais la mer. Il est arrivé de nulle part et nous avons eu la plus étrange des conversations !"

"Qu'a-t-il dit ?"

"Il... Il a dit qu'en dehors du bureau, il s'appelle Cadu !" je réponds, confuse, et Lais rit aux éclats.

"Eh bien, heureusement que c'est Cadu et non Eduarda, non ? Il aurait pu dire qu'il aime ce que nous aimons !" plaisante-t-elle, et nous rions toutes les deux.

"Lais, il a des fossettes ! Des fossettes !" Je n'arrive toujours pas à croire que je viens de vivre une situation aussi surréaliste.

"Sur une échelle de zéro à dix, il est sexy comment ?"

"Onze ! Douze ! Quinze !" Je réponds avec enthousiasme, et nous rions à nouveau. J'entends un bruit venant de mon téléphone. Une autre alarme. "Merde. Je dois y aller. C'est presque l'heure de la réunion. Je dois préparer la salle."

“Ok. Mari, tu as intérêt à noter chaque détail pour ne rien oublier. Je veux tout savoir ce soir !"

 

"Ça marche." Je lui dis au revoir, puis sors des toilettes en courant.

Je m'arrête à mon bureau pour prendre ce dont j'ai besoin, puis je vais en salle de conférence tout en pratiquant quelques exercices de respiration, appris sur YouTube, sur le court trajet. Je prépare la table en posant les dossiers contenant les informations pour la réunion à leur place ; tout doucement, je commence à me calmer, et je permets à Mariana Costa de remplacer Mari. Enfin, jusqu'à ce que le Big Boss arrive avec l'équipe. Je sens ses yeux sur moi pendant que tout le monde s'installe. Quand je me retourne vers lui, il me fait un clin d'œil. Si j'avais le béguin pour lui avant, maintenant je suis complètement amoureuse.


Mari

Depuis l'étrange moment de lundi, j'ai eu très peu de contacts avec Cadu. Nous avons eu une série de réunions et mardi soir, il s'est envolé pour São Paulo, pressé de résoudre un problème dans une autre agence.

Je me suis donc dit que lundi avait été une anomalie dans notre relation professionnelle et j'ai choisi de l'ignorer. J'étais incapable de donner un sens à ce qui s'était passé et je n'étais tout simplement pas prête à y faire face, peu importe le sens, et peu importe qu'il y en ait un ou non.

Le vendredi soir, Lais et moi sortons danser. Nous changeons de club chaque semaine, mais notre objectif reste le même : secouer nos fesses, nous défouler. Aujourd'hui, nous allons dans un club à Lagoa ; un collègue de Lais lui a dit qu'un groupe international de rock y jouait.

Je me douche rapidement et je regarde quoi porter. Ces soirées-là, je laisse derrière moi Mariana, élégante et professionnelle dans ses tailleurs et robes, et je deviens Mari, jeune femme joyeuse et espiègle.

Je choisis un jean skinny délavé, un t-shirt noir à paillettes et une paire de chaussures à talons. Je sèche mes cheveux et les laisse libres et ondulés, si différente de la façon dont je les porte au bureau. Pendant que je me maquille, je mets de la musique et je chante, mais très faux.

J'ai une grande affinité avec le monde musical. J'aime tous les types de musique, et j'aime chanter et danser. C'est pourquoi les vendredis soir sont si importants pour moi. Ce sont les seuls moments où je peux libérer toute l'énergie que j'emmagasine toute la semaine.

J'applique mon maquillage, en soulignant mes yeux avec de l'eye-liner, et une légère touche de rouge sur mes lèvres. Je regarde le résultat dans le miroir et je suis satisfaite avec la Mari fêtarde que je vois. Je suis en train de préparer un petit sac à main quand mon portable sonne.

"Mariana, tu as une mère tu sais ?" dit ma mère en riant.

"Salut, maman. Je sais ! Comment vas-tu ?"

"Je vais bien ! Tu sors avec Lais ? Elle a dit à sa mère qu'elle allait à Lagoa."

Nos mères sont toujours en train de cancaner et comploter pour obtenir des informations de notre part.

"Oui. J'allais justement partir, maman. Nous allons à un concert."

"Attention à toi, ma chérie. Et prenez un taxi."

"Bien sûr. A bientôt, maman." lui dis-je, amusée par notre conversation. Je chantonne encore quand je pars rejoindre Lais.


Après avoir attendu près de quarante minutes que Lais se prépare, nous avons enfin appelé Luiz, le chauffeur de taxi à qui nous confions tous nos trajets lorsque nous sortons. Nous sommes excitées, nous rions et plaisantons tout le long du chemin, jusqu'à ce que Lais devienne soudainement sérieuse.

"Quoi ?" Je lui demande, inquiète.

"Je ne sais pas, j'ai... Un étrange pressentiment."

"Étrange comment ? Oh, mon Dieu ! Je déteste ces histoires de sixième sens." dis-je d'un ton geignard. Il semble qu'à chaque fois que quelqu'un dit avoir un étrange pressentiment, quelque chose d'affreux arrive. Luiz me regarde et fait le signe de croix trois fois.

"Je ne sais pas... Comme si quelque chose allait se passer, tu sais ? Quelque chose d'énorme."

"Peut-être que tu vas te trouver un petit ami." dit Luiz, et nous rions tous les deux.

"Oh, Luiz, je ne pense pas. Il y a plein de gens riches là où nous allons. Ils ne nous regarderont même pas. Et si nous leur disons où nous vivons, ils prendront leurs jambes à leur cou. Nous y allons juste pour danser et nous amuser." dit Lais et nous rions ensemble.

Et elle a raison. Quasiment à chaque fois que nous sortons, si nous rencontrons des mecs qui vivent dans le sud de la ville, rien ne se passe. Nous savons qu'il y a le problème de la distance, et c'est compréhensible. Ils habitent loin, avec beaucoup de belles femmes qui vivent dans leur voisinage. Aucun homme ne veut ce genre de complication ; à moins d'être fou amoureux.

“Tant pis pour eux. Vous êtes gentilles, jolies et vous avez un job. Si mon fils était un peu plus âgé, je l'encouragerais à sortir avec l'une de vous." dit Luiz, et Lais et moi rions en pensant à son adorable garçon de douze ans.

En peu de temps, nous traversons le tunnel et arrivons dans le beau quartier de Lagoa. Il fait chaud et la nuit étoilée augure une super soirée. Luiz arrête le taxi devant le bar, nous le payons et il nous dit d'appeler quand nous voudrons rentrer. Nous avons toujours procédé de cette façon.

Barzinho est une vieille maison en briques qui abritait autrefois un club privé. Le bar est au rez-de-chaussée, et les tables sont occupées par des clients qui sirotent leurs boissons. A l'étage, il y a une piste de danse avec une petite scène.

"Tu veux boire quelque chose, Mari ?" demande Lais. Je lui fais "non" de la tête, car je meurs d'envie de danser. Elle m'a comprise et se met à rire. Nous montons l'escalier, qui est bondé.

Le groupe est en train de jouer une de mes chansons préférées. Nous sommes arrivées depuis à peine une minute, mais Lais et moi sommes déjà en train de danser et chanter. Quand le rythme de la musique ralentit, je réalise à quel point j'aimerais avoir quelqu'un à mes côtés, pour me tenir compagnie. Même si j'ai souvent été déçue par mes relations amoureuses, ce serait bien d'avoir quelqu'un avec qui danser un slow.

Les heures passent et nous chantons toutes les chansons que le groupe joue. Lais et moi dansons, parlons et rions.

Je suis en train de chanter quand un sentiment étrange s'empare de moi. C'est comme une étrange vibration ; comme l'appel de quelqu'un, mais je ne sais pas d'où ça vient. Je regarde autour de moi et ne vois rien, mais je sens des papillons dans mon ventre et des picotements sur ma nuque. Si j'avais bu de l'alcool, je mettrais cela sur le coup de l'ivresse, mais nous n'en avons pas bu une seule goutte. Enfin, je tombe sur une paire d'yeux bruns séduisants et familiers. Quand je vois ses fossettes, je me sens soudainement prise de vertige.

Que suis-je censée faire quand là, dans le club, mon patron sexy me regarde comme si j'étais une délicieuse glace ? Bien sûr, une seule chose m’est venue à l’esprit... Je me suis enfuie !


Je n'ai pas l'habitude de sortir le vendredi soir, surtout après un voyage ; mais Rodrigo a tellement insisté que je n'ai pas pu refuser. Un de nos amis d'université fête son anniversaire et Barzinho est près de chez lui.

"On y va, on reste une heure ou deux, puis on rentre." "Tu te fais vieux, mon gars !" se plaint Rodrigo. Je finis par accepter de les suivre. C'est plus simple que refuser et me l'entendre rabâcher pour le reste de ma vie.

Après mon vol, je rentre à la maison et prends une douche rapide. Je ne prends même pas la peine de me raser. Je mets un jeans et une chemise blanche.

Ce que j'avais espéré être une soirée tranquille, à discuter entre amis, se transforme rapidement. Je viens d'entrer dans le club quand je sens quelque chose dans l'air. C'est troublant, comme si quelque chose est sur le point de se produire. Je regarde autour de moi. Rodrigo nous raconte une histoire drôle et soudain je la vois. Enfin, je crois que je la vois. Elle disparaît aussi vite qu'elle est apparue. Mais je suis sûr d'avoir vu Mari danser. Je ne peux pas être si lié à elle que je m'imagine déjà des choses.

Je regarde attentivement autour de moi et je ne la vois plus. Mon Dieu, peut-être que je deviens vraiment fou. Je hausse les épaules et essaie d'oublier son sourire, quand Rodrigo annonce qu'il part en chasse. Sa remarque me fait rire et je l'observe en essayant de deviner qui sera sa "proie". Mon cœur bat la chamade et pendant une seconde, je me demande si je vais devoir me battre contre mon ami, mais il se tourne pour parler à la blondinette à côté d'Elle. Oui, Elle. Je savais que je n'étais pas fou.

Je reste en retrait, où elle ne peut pas me voir, et je l'observe simplement. Elle est si différente de la Mariana avec laquelle je travaille. Elle est belle et sexy, apprêtée et détendue. Le groupe joue et elle chante à tue-tête, comme si elle se produisait sur scène.

Pendant quelques minutes, je reste là, à admirer la femme qui a si aisément volé mon attention, comme personne auparavant. C'est drôle parce que Mari ne ressemble en rien aux femmes que je fréquente habituellement. Elles sont généralement très minces, blondes ou rousses, habillées de manière à attirer mon attention. Elle est totalement différente. Oui, elle est bien habillée et maquillée, mais elle a l'air authentique, comme une femme avec de belles courbes et non une poupée vide.

Je ne suis pas du genre à faire des compromis, et je n'ai encore jamais rencontré quelqu'un avec qui je voulais construire une relation. La plupart des femmes que je fréquente semblent simplement vouloir être vues au bras d'un homme influent, se trouver un mari riche ou poser pour la prochaine couverture de Be... Mais Mari semble différente.

Le groupe joue sa prochaine chanson, je la regarde chanter. La façon dont elle prononce les paroles : "le désir d'être embrassée sans fin", éveille quelque chose en elle. Ses yeux semblent changer de couleur, et cela me donne aussi une impulsion : celle de la suivre. Je la contourne pour essayer de la surprendre. Je l'approche par l'arrière, et avant de me dégonfler, je passe un bras autour de sa taille et murmure le couplet suivant dans son oreille.


Cadu

Vous savez ce moment où vous avez l'impression que le monde s'arrête ? Comme si quelqu'un venait d'appuyer sur le bouton "pause" d'une télécommande, et que soudain tout ce qui vous entoure disparait ?

Ouais, je ne savais pas non plus ce que cela faisait, jusqu'à ce que je sente le bras de Cadu autour de ma taille et que je l'entende chanter dans mon oreille.

Bien entendu, je me précipite immédiatement aux toilettes. Lais me secoue et me dit de respirer, car j'agis comme une tarée. Hé, ne me regardez pas comme ça. Vous savez depuis combien de temps je suis célibataire ? Deux ans ! Ma dernière relation amoureuse s'est terminée péniblement. Il était extrêmement jaloux et depuis, je ne fais plus confiance aux hommes. Sans compter que je n'ai jamais embrassé un homme comme Cadu. Jamais. Croyez-moi, je m'en serais souvenu ; même d'une simple bise.

Lais me dit d'inspirer et expirer comme je l'ai appris dans une vidéo. Après cela, elle me reproche d'être idiote et exige que j'agisse comme la femme adulte que je suis. Je réussis à me reprendre et à la suivre jusqu'à la piste de danse, en essayant d'être calme et mesurée, mais tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi en courant. J'ai peur de ce que je ressentirais si je m'implique, même s'il ne s'agit que d'un flirt innocent, parce que je sais qu'il est le genre de mec à pouvoir me séduire en un clin d'œil. Sans compter que c'est mon patron !

On sort des toilettes et je regarde autour de moi, mais il n'est pas là. Est-ce que j'ai rêvé ? J'ai du mal à croire que mon imagination me joue des tours. On fait le tour de la piste de danse, pour être sûres, et je peux enfin me détendre quand je ne vois mon patron sexy nulle part. Je pousse un soupir de soulagement, puis je laisse la musique m'emporter. Le groupe est vraiment bon et il joue le genre de musique que j'adore.

 

Mais pendant un slow, tout change. Je ressens à nouveau cette sensation étrange : des papillons dans le ventre et un frisson qui parcourt ma colonne vertébrale. Je regarde autour de moi et ne vois rien. Lais parle à un gars sexy qui la drague. Je continue à danser, seule, avant de sentir un bras m'entourer et une voix rauque à mon oreille.

J'essaie de m'éloigner mais il ne me laisse pas faire.

"Reste avec moi, Mari. Je veux danser avec toi." me murmure Cadu et je ne peux pas refuser. A vrai dire, je ne peux pas parler. Je suis devenue muette et j'ai l'impression que mes jambes sont faites de gelée. S'il me lâchait, je tomberais comme une poupée de chiffon.

Il me garde contre lui. Son corps est chaud et encore plus musclé que je ne le pensais. Il fait probablement beaucoup d'exercice pour avoir un corps comme ça et, tout à coup, je me sens mal à l'aise. Je redoute sa main sur ma taille. Il va sentir toute la graisse que je préfèrerais garder cachée. Merde.

Je l'entends sentir mes cheveux. Il respire profondément et me colle encore plus à lui. C'est à ce moment-là que tout ce qui nous entoure disparaît. Il me tient d'un bras et caresse mon cou, mes cheveux et mon visage de l'autre. Le groupe continue de jouer. Lais et l'autre gars sont juste à côté de nous, à s'embrasser comme si rien d'autre ne comptait, et je suis dans un club en train de danser avec mon patron sexy, sans savoir comment réagir. Ça change tout, et même si j'ai peur, je me laisse emporter. Sa caresse est délicate et sensuelle. C'est comme s'il essayait de découvrir chaque centimètre de mon corps sans se montrer trop envahissant pour un premier rendez-vous.

Mains sur ma taille, il me fait pivoter pour que nous soyons face-à-face. J'entends à peine la musique. Puis, il se met à chanter à mon oreille. Les paroles évoquent désir et sentiments inexplicables. Elles me sont dédiées, car ce que nous sommes en train de vivre défie toute explication. Je suis bien incapable d'en donner une.

Sa bouche explore mon oreille et descend le long de mon cou. Son baiser est doux, mais provoque les sensations les plus fortes que j'aie jamais ressenties. Sa bouche dépose de petits baisers sur la trace laissée par sa barbe.

Les heures passent sans que je m'en rende compte. Je ne sors du brouillard que quand Lais m'appelle pour me dire qu'il est temps de rentrer.

"Bébé, je vais te ramener chez toi." lui dit le gars qu'elle embrassait, mais elle secoue la tête et sourit.

“Pas besoin. C'est vraiment loin, et de toutes façons, j'ai déjà demandé au chauffeur de taxi de venir nous chercher."

Ils continuent leur discussion et Cadu me tourne à nouveau vers lui.

"Reste avec moi, Mari." dit-il.

"Rester avec toi ? Je ne suis pas... Je ne suis pas du genre à..." J'essaie de lui expliquer que je ne suis pas une femme facile comme celles avec qui il sort habituellement, mais il m'interrompt.

"Non, ma belle. Nous ne ferons rien d'autre que ce que nous venons de faire. Je veux juste t'avoir dans mes bras un peu plus longtemps. Je ne suis pas prêt à te voir partir." Sa voix est encore plus basse et il me regarde dans les yeux, anxieux de me voir accepter.

"Mais alors... Comment vais-je rentrer chez moi ?" demandé-je, et il m'interrompt à nouveau.

"Je te déposerai."

"J'habite loin, Cadu." expliqué-je, mais il secoue la tête,

"Pas en voiture, non. Et encore moins à moto. S'il te plaît ?" demande-t-il, et je suis incapable de refuser.

"Lais, vas-y." dis-je à mon amie.

"Oh mon Dieu ! Quoi ?! Tu es sûre, ma chérie ?" demande-t-elle, surprise par mon comportement inattendu.

“Non... Mais je ne peux pas refuser... Je ne sais même pas pourquoi." ajouté-je, et elle sourit. "J'ai juste besoin d'être avec lui un peu plus longtemps." Elle me regarde d'un air surpris, puis acquiesce et me serre dans ses bras.

"Appelle-moi si tu as besoin de quoi que ce soit." me dit-elle avant de lui dire : "Je ne la laisserais pas avec toi si elle ne te connaissait pas ; mais ce n'est pas le cas... "

"Ne t'inquiète pas, j'appellerai." Nous nous disons au revoir et elle sort prendre le taxi, accompagnée de son gars, dont j'apprendrai le prénom plus tard : Rodrigo. Je me tourne vers Cadu qui sourit, toutes fossettes apparentes. "Et maintenant ? Le bar va fermer." dis-je en essayant de deviner où il pourrait bien m'emmener à trois heures du matin.

"Tu as faim ?" demande-t-il et je souris en signe d'acquiescement. Il sourit en retour, me serre dans ses bras et me dit à l'oreille : "Viens, allons chercher quelque chose à manger." Il prend ma main et m'entraîne vers la sortie. Je me sens légère à ses côtés, comme si je pouvais voler.

C'est sans aucun doute le moment le plus incroyable que j'ai jamais partagé avec quelqu'un. Cadu me fait ressentir un kaléidoscope d'émotions, et je sens que je l'accompagnerais n'importe où s'il me le demandait.