Tasuta

Avant qu’il ne tue

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Märgi loetuks
Avant qu’il ne tue
Avant qu’il ne tue
Tasuta audioraamat
Loeb Gabrielle Chiararo
Lisateave
Šrift:Väiksem АаSuurem Aa

Il eut l’air surpris, presque insulté. « Dans rien, » dit-il. « Je sais que mon casier n’est pas des plus exemplaires. Une fois que vous êtes connu en tant que délinquant sexuel, votre vie ne retourne jamais à la normale. Les gens vous regardent différemment et… »

« C’est bon, épargnez-nous ça » dit Mackenzie. « Vous êtes sûr que vous n’avez pas été impliqué dans quelque chose d’illégal ? »

« Je le jure. »

Mackenzie hocha de la tête puis regarda Porter avec un sourire. « Détective Porter, vous lui mettez les menottes ou je m’en charge ? »

Avant qu’il ne puisse répondre, Traylor fit un mouvement pour s’échapper. Il se heurta à Mackenzie et tenta de la renverser afin de pouvoir s’enfuir dans le hall. Mais il ne s’attendait sûrement pas à ce qu’elle soit aussi forte. Elle se tint ferme sur ses pieds et sur ses positions au moment où Traylor lui rentrait dedans, ce qui le fit rebondir en arrière.

« Merde, » marmonna Porter, en cherchant son arme de service.

Pendant ce temps, Mackenzie donna un coup de coude dans la poitrine de Traylor au moment où il tentait de la contourner. Il lâcha un cri et la regarda de manière surprise. Il tomba sur un genou mais avant qu’il ne touche terre, Mackenzie l’attrapa par la nuque et l’écrasa au sol.

Traylor hurla quand Mackenzie planta un genou dans son dos et sortit ses menottes comme par magie.

« Laisse tomber, » dit Mackenzie, en regardant Porter. « Je m’en occupe. »

Et elle mit les menottes autour des poignets de Traylor pendant que Porter se tenait là immobile, la main à proximité de sa hanche et de son arme qui n’avait pas quitté son étui.

*

Mackenzie regarda le sachet en plastique et se sentit écoeurée à l’idée de ce que ces clés USB devaient probablement contenir. Il y en avait onze au total. Après une interrogation musclée, ils avaient découvert que ces clés USB étaient ce que Traylor tentait d’atteindre lorsqu’il fit l’erreur d’essayer de contourner Mackenzie.

« Waouw, » dit Nelson, avait un air assez satisfait alors que Clive Traylor était placé à l’arrière d’une voiture de police. « Ce n’est pas l’arrestation que je pensais faire aujourd’hui, mais je ne m’en plains pas une seconde. »

Un peu moins d’une heure était passée depuis que Traylor avait nié être impliqué dans quoi que ce soit d’illégal. Durant cette heure, son ordinateur portable avait été confisqué et son historique avait été récupéré. Plusieurs clés USB avaient également été retrouvées dans la maison, remplies de photos et de vidéos. Avec ce qu’ils avaient trouvé sur son ordinateur, y compris les sites internet consultés ces deux derniers jours, et les clés USB, Clive Traylor était en possession de plus de cinq cents images et vingt-cinq vidéos de pornographie infantile. De plus, il revendait les dossiers en ligne. La transaction la plus récente avait été effectuée à une adresse IP en France pour un montant de deux cents dollars, une transaction qui avait été confirmée par la banque de Traylor.

Clive Traylor ne s’était retrouvé à aucun moment à proximité du champ de maïs où Hailey Lizbrook avait été tuée il y a deux jours. Il avait passé son temps en ligne, à distribuer de la pornographie infantile.

Lorsque Mackenzie avait vu l’icône pour logiciel de navigation incognito sur l’écran d’accueil de Traylor, puis la boîte pour un matériel de blocage IP dans son hall d’entrée, elle était parvenue à assembler les morceaux du puzzle. Le fait que Traylor soit un délinquant sexuel connu avait facilité l’équation.

Nelson se tenait debout avec Mackenzie et Porter pendant que Traylor était emmené.

« On pense qu’on n’en est qu’à la partie visible de l’iceberg, » dit-il. « Une fois que nous aurons traversé ce logiciel qu’il a installé, je pense que nous allons trouver bien plus de matériel. Très bon boulot, vous deux. »

« Merci, monsieur, » dit Porter, visiblement en porte-à-faux de recevoir un compliment surtout mérité par Mackenzie.

« Au fait, » dit Nelson, en regardant directement Mackenzie maintenant, « j’ai envoyé quelques types dans le hangar à l’arrière. Il n’y avait rien, juste quelques meubles non terminés, une étagère, quelques tables, des trucs dans le genre. Je leur ai même fait examiner les poteaux à l’arrière du hangar et ils sont en pin, le même matériau qu’il utilisait pour construire. Ce n’était juste qu’une énorme coincidence. »

« J’étais persuadé que c’était notre homme, » dit Porter.

« Il ne faut pas que ça t’arrête, » dit Nelson. « La journée ne fait que commencer. »

Nelson s’éloigna d’eux et se dirigea vers le personnel technique qui travaillait sur l’ordinateur de Traylor.

« C’était vachement bien pensé, là » dit Porter. « Je serais passé à côté des deux choses, le logiciel sur l’ordinateur et la boîte de matériel informatique. »

Il avait l’air déprimé, presque triste.

« Merci, » dit Mackenzie, un peu gênée. Elle avait envie de lui expliquer comment elle était arrivée à ses conclusions mais elle pensa que ça ne ferait que l’énerver. Alors elle garda le silence, comme toujours.

« Bon, » dit Porter, en frappant dans ses mains comme si c’était maintenant un sujet clos. « Retournons au commissariat et voyons ce qu’on peut trouver d’autre sur notre tueur. »

Mackenzie hocha de la tête et prit son temps pour rentrer dans la voiture. Elle se retourna pour regarder la maison de Traylor et le hangar dans le jardin. Elle pouvait voir les extrémités des poteaux de là où elle se tenait. En apparence, oui, ça avait eu l’air d’être ça ! Mais maintenant qu’ils savaient que ce n’était pas du tout le cas, elle était de nouveau confrontée au fait qu’ils se retrouvaient de nouveau à la case départ.

Il y avait toujours un meurtrier en liberté et à chaque minute qui passait, ils lui donnaient une autre chance de se remettre à tuer.

CHAPITRE HUIT

Quand il était enfant, l’un de ses passe-temps favoris consistait à s’asseoir dans la véranda à l’arrière de leur maison et d’observer leur chat chasser dans leur jardin. Ça devenait particulièrement intéressant quand il trouvait un oiseau ou, à l’occasion, un écureuil. Il regardait ce chat passer un quart d’heure à traquer un oiseau, à jouer avec lui pour finalement lui bondir dessus et lui croquer le cou en faisant voler ses plumes dans les airs.

Il pensait à ce chat alors qu’il regardait la femme arriver chez elle après une autre nuit de travail, un travail où elle montait sur une scène et exposait son corps. Comme le chat de son enfance, il l’avait traquée. Il avait rejeté l’idée de l’enlever à son lieu de travail vu que la sécurité y était très présente et que même dans la lueur glauque des réverbères, il y avait trop de risques d’être remarqué. Il avait plutôt attendu dans le parking de son immeuble d’appartements.

Il se gara directement en face des escaliers à l’extrémité droite de l’immeuble, vu que c’était les escaliers qu’elle avait utilisés pour se rendre à son appartement du premier étage. Puis, après trois heures du matin, il avait monté ses escaliers et attendu sur le palier entre la première et la seconde volée de marches. C’était un endroit peu éclairé et extrêmement silencieux à cette heure-ci de la nuit. Pour donner le change, il avait tout de même emporté avec lui un vieux téléphone portable qu’il placerait rapidement à l’oreille en prétendant avoir une conversation téléphonique s’il s’avérait que quelqu’un passait à proximité de lui.

Il l’avait suivie les deux dernières nuits et il savait qu’elle rentrerait chez elle entre trois heures et quatre heures du matin. Les deux nuits où il l’avait suivie et où il s’était garé de l’autre côté de la rue, il n’avait vu qu’une seule personne, visiblement soûle, utiliser ces escaliers à cette heure-là.

Il se tenait sur le palier quand il vit sa voiture arriver. Il la regarda sortir du véhicule. Même avec ses vêtements de ville, elle parvenait à exhiber ses jambes. Et qu’est-ce qu’elle avait fait toute la nuit ? Montrer ses jambes et faire soupirer les hommes de désir.

Elle s’approcha de l’escalier et il mit le téléphone à son oreille. Encore quelques pas et elle se retrouverait juste en face de lui. Il sentit les muscles de ses mollets se raidir, prêts à bondir et il pensa à nouveau au chat de son enfance.

En entendant le bruit léger de ses pas en-dessous de lui, il fit semblant de parler au téléphone. Il parlait doucement mais en évitant un air conspirateur. Il envisageait même de lui sourire lorsqu’elle apparaîtrait.

Et puis, elle apparut sur le seuil, se dirigeant vers la seconde volée de marches. Elle lui jeta un coup d’oeil, vit qu’il était occupé et avait l’air inoffensif et le salua d’un petit signe de la tête. Il hocha la tête en réponse, tout en souriant.

Lorsqu’elle pivota et lui tourna le dos, il agit rapidement.

Il plongea sa main droite dans la poche de sa veste et en sortit un chiffon qu’il avait imbibé de chloroforme juste avant de sortir de sa voiture. Il lui passa son autre bras autour du cou et la fit basculer en arrière. Elle eut à peine le temps de laisser échapper un petit cri de surprise avant qu’il ne lui presse le chiffon contre la bouche.

Elle se débattit immédiatement et parvint à lui mordre le petit doigt. Elle avait mordu de toutes ses forces et il était persuadé qu’elle lui avait transpercé l’auriculaire. Il relâcha son étreinte l’espace d’un instant mais ce fut suffisant pour qu’elle parvienne à s’échapper, s’arrachant du bras qu’il lui avait passé autour du cou.

Elle s’élança dans les escaliers en laissant échapper un gémissement. Il savait que ce gémissement se transformerait bientôt en hurlement. Il plongea en avant et agrippa sa jambe nue et soyeuse. Sa poitrine heurta les escaliers et il se retrouva légèrement à cours de souffle mais il parvint tout de même à tirer très fort sur sa jambe. Elle tomba au sol avec un léger cri de désespoir. Un crac se fit entendre au moment où son visage heurta les escaliers.

 

Le corps de la femme s’avachit et il grimpa rapidement les escaliers pour y jeter un coup d’œil de plus près. Sa tempe avait heurté les escaliers. Il n’y avait pas de sang mais même à la faible lueur dont il disposait, il pouvait voir qu’un bleu commençait à se former.

Il remit rapidement le chiffon dans sa poche et observa qu’elle avait mordu profondément son petit doigt. Puis il la ramassa du sol. Elle n’avait aucune force dans les jambes. Elle avait été assommée sur le coup.

Mais il avait déjà géré ce genre de situation dans le passé. Il l’attrapa du côté du bleu qui se formait sur sa tempe et appuya tout le poids de son corps sur lui. Il descendit les escaliers en la traînant, un bras autour de sa taille et ses pieds ballotant sans force derrière elle. Avec son autre main, il remit le téléphone à son oreille au cas où ils rencontraient quelqu’un sur les cinq mètres de distance qui les séparaient de la voiture. Il avait déjà préparé une réponse au cas où ça arrivait : Je ne sais pas quoi te dire de plus. Elle est soûle et elle a perdu connaissance. J’ai pensé que le mieux, c’était de la ramener chez elle.

Mais vu l’heure tardive, ce ne fut pas nécessaire. Les escaliers et le parking étaient complètement déserts. Il la mit dans sa voiture sans difficultés et ne vit absolument personne.

Il démarra la voiture et sortit du parking en direction de l’Est.

Dix minutes plus tard, alors que sa tête cognait légèrement la vitre passager, elle murmura quelque chose qu’il ne parvint pas à entendre.

Il tendit la main vers elle et lui caressa le bras.

« Tout va bien, » dit-il. « Tout va très bien se passer. »

CHAPITRE NEUF

Mackenzie lisait le rapport final sur Clive Traylor en se demandant où elle s’était trompée lorsque Porter entra dans son bureau. Il avait toujours l’air contrarié pour ce qui s’était passé ce matin. Mackenzie savait que Porter avait été persuadé que Traylor était leur homme et qu’il avait horreur d’avoir tort. Mais son humeur irritable permanente était quelque chose auquel Mackenzie s’était habituée depuis très longtemps.

« Nancy m’a dit que tu me cherchais, » dit Porter.

« Oui, » dit-elle. « Je pense que nous devrions aller rendre visite au club de strip-tease où Hailey Lizbrook travaillait. »

« Pourquoi ? »

« Pour parler avec son chef. »

« On a déjà parlé avec lui par téléphone, » dit Porter.

« Non, tu as parlé avec lui par téléphone, » rectifia Mackenzie. « Durant à peine trois minutes, j’ajouterais même. »

Porter hocha lentement de la tête. Il rentra dans le bureau et ferma la porte derrière lui. « Écoute, » dit-il, « j’avais tort au sujet de Traylor ce matin. Et tu m’as vachement impressionné avec cette arrestation. C’est clair que je ne t’ai pas montré le respect que tu méritais. Mais ça ne te donne toujours pas le droit de me traiter de haut. »

« Je ne te traite pas de haut, » dit Mackenzie. « Mais je veux juste dire par là que nos pistes dans cette enquête en sont au point zéro et que nous devons explorer à fond toutes les possibilités. »

« Et tu penses que ce propriétaire de club de strip-tease puisse être notre meurtrier ? »

« Probablement pas, » dit Mackenzie. « Mais je pense que ça vaudrait la peine de parler avec lui au cas où il nous mènerait à une piste quelconque. En outre, tu as jeté un œil à ses antécédents ? »

« Non, » dit Porter. Il fit une grimace qui exprimait bien qu’il avait horreur de l’admettre.

« Il a un historique de violence domestique. Et il y a six ans, il a également été impliqué dans une affaire où une fille supposée n’avoir que dix-sept ans travaillait pour lui. Elle vint déclarer par la suite et admit qu’elle avait obtenu le poste en échange de faveurs sexuelles. L’affaire fut cependant clôturée car la fille était une fugueuse et que personne ne pouvait prouver son âge. »

Porter soupira. « White, tu sais à quand remonte la dernière fois où je suis entré dans un club de strip-tease ? »

« Je préférerais ne pas le savoir, » dit Mackenzie. Et elle n’en crut pas ses yeux lorsqu’elle vit un semblant de sourire se dessiner sur son visage.

« Ça fait bien longtemps, » dit-il, en levant les yeux au ciel.

« On y va pour le boulot, pas pour le plaisir. »

Porter ricana. « Quand tu arriveras à mon âge, tu verras que la limite entre les deux tend à disparaître. Allez, on y va. J’image que les clubs de strip-tease n’ont pas tant changé que ça en trente ans. »

*

Mackenzie n’avait vu des clubs de strip-tease que dans des films mais elle n’osa pas dire à Porter qu’elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Lorsqu’ils entrèrent dans le club, il était à peine dix-huit heures. Le parking commençait à se remplir de voitures conduites par des hommes stressés qui venaient de terminer leur journée de boulot. Quelques-uns de ces hommes regardèrent Mackenzie avec un peu trop d’insistance lorsqu’elle traversa l’entrée avec Porter et qu’ils se dirigèrent vers le bar.

Mackenzie observa l’endroit du mieux qu’elle put. La lumière était faible, comme un crépuscule permanent, et la musique était forte. Deux femmes se trouvaient sur la scène et dansaient autour d’une barre verticale. Elles ne portaient qu’une petite culotte et faisaient de leur mieux pour danser d’une manière sexy sur un morceau de Rob Zombie.

« Alors, » demanda Mackenzie pendant qu’ils attendaient le serveur, « ça a beaucoup changé ? »

« Pas vraiment, à part la musique, » répondit Porter. « Cette musique est horrible. »

Elle devait quand même lui accorder une chose, c’est qu’il ne regardait pas la scène. Porter était marié depuis vingt-cinq ans et voir comment il concentrait toute son attention sur les rangées de bouteilles d’alcool derrière le bar plutôt que sur la fille seins nus sur scène remonta d’un cran l’estime qu’elle avait pour lui. C’était difficile pour elle d’imaginer Porter comme un homme qui respectait sa femme et sur ce point, elle était contente de savoir qu’elle s’était trompée.

Le barman finit par s’approcher d’eux et l’expression de son visage changea directement. Bien que Porter et Mackenzie ne portent pas d’uniforme de police, leur tenue les trahissait tout de même. Il était clair qu’ils étaient là pour affaires, et probablement pas des affaires du genre positif.

« Je peux vous aider ? » demanda le barman.

Je peux vous aider ? pensa Mackenzie. Il ne nous a pas demandé ce qu’on voulait boire, mais il a demandé s’il pouvait nous aider. Il a déjà vu des types comme nous par ici. Un point pour nous.

« Nous aimerions parler avec Mr. Avery, s’il vous plaît » dit Porter. « Et je prendrai un rhum cola. »

« Il est occupé pour l’instant, » dit le barman.

« Je suis sûr qu’il l’est, » dit Porter. « Mais nous avons besoin de lui parler. » Il sortit son badge de la poche intérieure de sa veste, puis le fit apparaître et disparaître comme s’il avait fait un tour de magie. « Et il a besoin de nous parler aussi ou je passerai quelques coups de fil et notre entrevue sera vraiment officielle. C’est lui qui choisit. »

« Un instant, » dit le barman, en ne perdant plus une minute. Il se dirigea vers l’autre côté du bar et traversa des doubles portes qui rappelèrent à Mackenzie celles qu’on voyait dans les saloons dans ces vieux films de western.

Elle se retourna pour regarder la scène où il n’y avait plus qu’une seule femme maintenant. Elle dansait sur le morceau « Running with the Devil » de Van Halen. Il y avait quelque chose concernant la manière dont la femme bougeait qui poussa Mackenzie à se demander si les strip-teaseuses manquaient de dignité et ne se souciaient donc pas d’exposer leurs corps, ou si elles étaient justes très sûres d’elles. Elle savait qu’il était impossible qu’elle bouge de cette façon. Bien qu’elle ait confiance en elle pour beaucoup de choses, son corps n’était pas l’une d’entre elles, malgré les nombreux regards obscènes que lui lançaient de temps en temps certains hommes.

« Tu n’as pas l’air de te sentir à ta place, » dit une voix derrière elle.

Elle regarda sur sa droite et elle vit un homme qui s’approchait d’elle. Il avait l’air d’avoir une trentaine d’années et d’être resté assis au bar pendant un bout de temps. Il avait cette sorte de lueur dans les yeux qu’elle avait souvent vue lors de bagarres d’ivrognes.

« Il y a une raison à ça, » dit Mackenzie.

« Je voulais juste dire, » dit l’homme. « qu’on ne voit pas beaucoup de femmes dans des endroits comme ici. Et quand il y en a, elles sont en général venues avec leur mari ou petit ami. Et franchement, je ne vous vois pas tous les deux, » dit-il, en pointant Porter du doigt, « comme un couple. »

Mackenzie entendit Porter glousser à ces mots. Elle ne savait pas ce qui l’ennuyait le plus : le fait que cet homme ait été assez courageux pour s’asseoir à côté d’elle ou le fait que Porter en savoure chaque instant.

« On n’est pas un couple, » dit Mackenzie. « On travaille ensemble. »

« Juste ici pour boire un pot après le boulot, alors ? » demanda-t-il. Il se penchait de plus en plus près, assez près pour que Mackenzie puisse sentir l’odeur de tequila dans son haleine. « Pourquoi tu ne me laisses pas te payer un verre ? »

« Écoute, » dit Mackenzie, sans le regarder. « Ça ne m’intéresse pas. Alors passe à ta prochaine victime. »

L’homme se pencha encore plus près et la fixa du regard durant un instant. « Tu n’es pas obligée d’être aussi désagréable. »

Mackenzie se tourna finalement vers lui et lorsque leurs regards se rencontrèrent, quelque chose dans les yeux de l’homme changea. Il vit qu’elle n’était pas là pour plaisanter mais vu son état d’ébriété, il ne parvint pas à se contrôler. Il plaça sa main sur son épaule et lui sourit. « Je suis désolé, » dit-il. « Ce que je voulais dire, c’était.. Non en fait, c’était exactement ce que je voulais dire. T’es pas obligée d’être aussi désagréable… »

« Enlève ta main de là, » dit doucement Mackenzie. « Dernier avertissement. »

« Tu n’aimes pas sentir la main d’un homme ? » demanda-t-il, en rigolant. Sa main glissa le long de son bras, en la pelotant et non plus en la touchant simplement. « J’imagine que c’est pour ça que tu es là, pour mater toutes ces femmes nues, hein ? »

Le bras de Mackenzie se leva à la vitesse de l’éclair. Le pauvre type ivre ne réalisa même pas ce qu’il se passait jusqu’au moment où elle enfonça son avant-bras dans sa nuque et qu’il tomba de son tabouret en s’étouffant Lorsqu’il toucha le sol, ça fit assez de bruit que pour attirer l’un des gardiens de sécurité qui se tenait à l’extrémité de la pièce.

Porter se mit tout de suite debout, s’interposant entre le gardien et Mackenzie. Il sortit son badge et affronta de face le très imposant gardien, ce qui surprit Mackenzie. « Doucement, mon grand, » dit Porter, en lui mettant le badge sous le nez. « En fait, si tu veux éviter le spectacle d’une arrestation dans cet endroit miteux, je te suggère de jeter ce branleur d’ici. »

Les yeux du gardien allèrent de Porter à l’homme ivre au sol, qui continuait à tousser et à suffoquer. Le gardien comprit le choix devant lequel il se trouvait et hocha de la tête. « OK, » dit-il, en remettant l’homme ivre sur ses pieds.

Mackenzie et Porter regardèrent le gardien escorter l’homme ivre jusqu’à la porte. Porter donna un petit coup de coude à Mackenzie et eut un petit rire. « Tu es juste pleine de surprises, hein ? »

Mackenzie se contenta de hausser les épaules. Lorsqu’ils se retournèrent vers le bar, le barman était de retour. Un autre homme se tenait à ses côtés, fixant Mackenzie et Porter du regard comme s’ils étaient des chiens errants auxquels il n’accordait aucune confiance.

« Vous pouvez me dire ce qu’il vient de se passer ? » demanda l’homme.

« Êtes-vous Mr. William Avery ? » demanda Porter.

« Oui, c’est moi. »

« Et bien, Mr. Avery, » dit Mackenzie. « vos clients devraient apprendre à la fermer et à garder leurs mains pour eux. »

« C’est à quel sujet ? » demanda Avery.

 

« Est-ce qu’il y a un endroit où on pourrait parler en privé ? » demanda Porter.

« Non. Ici, c’est très bien. C’est le moment de la journée avec le plus de travail pour nous. Il faut que je sois ici pour aider à servir au bar. »

« C’est clair que ce bar a bien besoin d’un coup de main, » dit Porter. « Ça fait cinq minutes que j’ai commandé un rhum cola et je n’ai encore rien vu arriver. »

Le barman se tourna vers les bouteilles derrière lui avec un air renfrogné. Lorsqu’il fut parti, Avery se pencha en avant et dit « Si c’est au sujet de Hailey Lizbrook, j’ai déjà dit à vos collègues tout ce que je savais à son sujet. »

« Mais vous n’avez pas parlé avec moi, » dit Mackenzie.

« Et alors ? »

« Alors, j’ai une approche bien différente de la plupart des gens et c’est aussi notre enquête, » dit-elle, en faisant un signe de tête en direction de Porter. « Alors, j’aimerais que vous répondiez à mes questions. »

« Et si je refuse ? »

« Et bien, si vous refusez, » dit Mackenzie, « je peux interroger une femme du nom de Colby Barrow. C’est un nom que vous connaissez, n’est-ce pas ? Si je me rappelle bien, elle avait dix-sept ans lorsqu’elle a commencé à travailler ici, non ? Elle a obtenu le job en échange de vous faire de temps à autre une fellation, si je ne me trompe pas. Je sais que l’affaire est close, maintenant. Mais je me demande si elle aurait quelque chose à ajouter concernant vos affaires. Quelque chose qui aurait pu passer inaperçu il y a six ans. Je me demande si elle pourrait me dire pourquoi vous n’avez pas l’air de vous sentir concerné par le fait que l’une de vos danseuses ait été assassinée il y a trois jours. »

Avery la regarda comme s’il avait envie de la frapper. Elle avait presqu’envie qu’il le fasse. Elle avait rencontré bien trop d’hommes dans son genre durant ces dernières années. Des hommes qui n’en avaient rien à foutre des femmes jusqu’à ce que les lumières s’éteignent et qu’ils aient envie de sexe ou besoin d’un souffre-douleur. Elle soutint son regard, lui faisant comprendre qu’elle était bien plus qu’un punching-ball.

« Qu’est-ce que vous voulez savoir ? » demanda-t-il.

Avant qu’elle ne puisse répondre, le barman revint finalement avec la boisson de Porter. Porter la sirota, en décochant un sourire sous-entendu à Avery et au barman.

« Est-ce qu’il y avait des hommes qui venaient ici tout spécialement pour Hailey ? » demanda Mackenzie. « Est-ce qu’elle avait des clients réguliers ? »

« Elle en avait un ou deux, » dit Avery.

« Vous connaissez leurs noms ? » demanda Porter.

« Non. Je ne fais pas très attention aux hommes qui viennent ici. Ils sont juste pareils à tous les autres hommes, vous savez ? »

« Mais en y réfléchissant bien, » dit Mackenzie, « vous pensez que l’une ou l’autre de vos autres danseuses pourraient connaître leurs noms ? »

« J’en doute, » dit Avery. « Vous savez, la plupart des danseuses ne demandent le nom des hommes que pour être sympa. Elles n’en ont rien à foutre de leurs noms. Elles essaient juste d’être payées. »

« Est-ce que Hailey était une bonne employée ? » demanda Mackenzie.

« Oui, de fait, elle l’était. Elle était toujours d’accord pour faire des heures supplémentaires. Elle adorait ses deux petits garçons, vous savez ? »

« Oui, on les a rencontrés, » dit Mackenzie.

Avery soupira et dirigea le regard vers la scène. « Écoutez, vous pouvez parler aux filles si vous pensez que ça pourrait vous aider à découvrir qui a tué Hailey. Mais je ne peux pas vous laisser le faire ici et maintenant. Ça les contrarierait et ce ne serait pas bon pour les affaires. Mais je peux vous fournir une liste de leurs noms et numéros de téléphone si vous en avez vraiment besoin. »

Mackenzie y pensa durant un instant puis secoua la tête. « Non, je ne pense pas que ce sera nécessaire. Mais merci pour le temps que vous nous avez consacré. »

Sur ce, elle se leva et donna une tape sur l’épaule de Porter. « On en a fini ici. »

« Pas moi, » dit-il. « Je n’ai pas fini mon verre. »

Mackenzie était sur le point de défendre son point de vue quand le téléphone de Porter sonna. Il répondit, en mettant une main sur l’oreille afin d’atténuer l’horrible son de Skrillex qui hurlait à travers les haut-parleurs. Sa conversation fut brève. Il hocha de la tête avant de raccrocher. Il but le reste de son verre cul sec et tendit les clés de la voiture à Mackenzie.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? » demanda-t-elle.

« On dirait que j’ai fini, » dit-il. Puis son visage se durcit. « Il y a eu un autre meurtre. »