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LETTRE LV

À l'Impératrice, à Paris
Le 26, à midi, 1807.

Ma bonne amie, j'ai reçu ta lettre; je vois avec peine comme tu t'affliges. Le pont de Mayence ne rapproche ni n'éloigne les distances qui nous séparent. Rentre donc à Paris. Je serais fâché et inquiet de te savoir si malheureuse et si isolée à Mayence. Tu comprends que je ne dois, que je ne puis consulter que mon cœur, je serais avec toi ou toi avec moi; car tu serais bien injuste si tu doutais de mon amour et de tous mes sentiments.

Napoléon.

LETTRE LVI

À l'Impératrice, à Paris
Wittemberg, le 1er février, à midi, 1807.

Ta lettre du 11, de Mayence, m'a fait rire. Je suis aujourd'hui à quarante lieues de Varsovie; le temps est froid mais beau.

Adieu, mon amie; sois heureuse, aie du caractère.

Napoléon.

LETTRE LVII

À l'Impératrice, à Paris.

Mon amie, ta lettre du 20 janvier m'a fait de la peine; elle est trop triste. Voilà le mal de ne pas être un peu dévote! Tu me dis que ton bonheur fait ta gloire, cela n'est pas généreux; il faut dire: le bonheur des autres fait ma gloire, cela n'est pas conjugal; il faut dire: le bonheur de mon mari fait ma gloire, cela n'est pas maternel; il faudrait dire: le bonheur de mes enfants fait ma gloire; or, comme les peuples, ton mari, tes enfants ne peuvent être heureux qu'avec un peu de gloire, il ne faut pas tant en faire fi! Joséphine, votre cœur est excellent et votre raison faible; vous sentez à merveille, mais vous raisonnez moins bien.

Voilà assez de querelle; je veux que tu sois gaie, contente de ton sort, et que tu obéisses, non en grondant et en pleurant, mais de gaité de cœur et avec un peu de bonheur.

Adieu, mon amie; je pars cette nuit pour parcourir mes avant-postes.

Napoléon.

LETTRE LVIII

À l'Impératrice, à Paris
Eylau, 3 heures du matin, 9 février 1807.

Mon amie, il y a eu hier une grande bataille; la victoire m'est restée, mais j'ai perdu bien du monde; la perte de l'ennemi, qui est plus considérable encore, ne me console pas. Enfin, je t'écris ces deux lignes moi-même, quoique je sois bien fatigué, pour te dire que je suis bien portant et que je t'aime.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LIX

À l'Impératrice, à Paris
Eylau, le 9 février, à 6 heures du soir, 1807.

Je t'écris un mot, mon amie, afin que tu ne sois pas inquiète. L'ennemi a perdu la bataille, quarante pièces de canon, dix drapeaux, douze mille prisonniers; il a horriblement souffert. J'ai perdu du monde: seize mille tués, trois mille ou quatre mille blessés.

Ton cousin Tascher se porte bien; je l'ai appelé près de moi avec le titre d'officier d'ordonnance.

Corbineau a été tué d'un obus; je m'étais singulièrement attaché à cet officier qui avait beaucoup de mérite; cela me fait de la peine. Ma garde à cheval s'est couverte de gloire. D'Allemagne est blessé dangereusement.

Adieu, mon amie.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LX

À l'Impératrice, à Paris
Eylau, le 11 février, à 8 heures du matin, 1807.

Je t'écris un mot, mon amie; tu dois avoir été bien inquiète. J'ai battu l'ennemi dans une mémorable journée, mais qui m'a coûté bien des braves. Le mauvais temps qu'il fait me force à prendre mes cantonnements.

Ne te désole pas, je te prie; tout cela finira bientôt et le bonheur de te voir me fera promptement oublier mes fatigues. Au reste, je n'ai jamais été si bien portant.

Le petit Tascher, du 4e de ligne, s'est bien comporté; il a eu une rude épreuve. Je l'ai appelé près de moi, je l'ai fait officier d'ordonnance; ainsi, voilà ses peines finies. Ce jeune homme m'intéresse.

Adieu, ma bonne amie; mille baisers.

Napoléon.

LETTRE LXI

À l'Impératrice, à Paris
Eylau, le 14 février 1807.

Mon amie, je suis toujours à Eylau. Ce pays est couvert de morts et de blessés. Ce n'est pas la belle partie de la guerre; l'on souffre et l'âme est oppressée de voir tant de victimes. Je me porte bien. J'ai fait ce que je voulais et j'ai repoussé l'ennemi en faisant échouer ses projets.

Tu dois être inquiète, et cette pensée m'afflige. Toutefois, tranquillise-toi, mon amie, et sois gaie.

Tout à toi,

Napoléon.

Dis à Caroline et à Pauline que le grand-duc et le prince se portent très bien.

LETTRE LXII

À l'Impératrice, à Paris
Liebstadt, le 21, à 2 heures du matin, 1807.

Je reçois ta lettre du 4 février; j'y vois avec plaisir que ta santé est bonne. Paris achèvera de te rendre la gaieté et le repos, le retour à tes habitudes, la santé.

Je me porte à merveille. Ce temps et le pays sont mauvais. Mes affaires vont assez bien; il dégèle et gèle dans vingt-quatre heures: l'on ne peut voir un hiver aussi bizarre.

Adieu, mon amie; je t'aime, je pense à toi et désire te savoir contente, gaie et heureuse.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXIII

À l'Impératrice, à Paris
Osterode, le 2 mars 1807.

Mon amie, il y a deux ou trois jours que je ne t'ai écrit; je me le reproche; je connais tes inquiétudes. Je me porte fort bien; mes affaires sont bonnes. Je suis dans un mauvais village, où je passerai encore bien du temps: cela ne vaut pas la grande ville. Je te le répète, je ne me suis jamais si bien porté; tu me trouveras fort engraissé.

Il fait ici un temps de printemps; la neige fond, les rivières dégèlent, cela me fait plaisir.

J'ai ordonné ce que tu désires pour Malmaison; sois gaie et heureuse, c'est ma volonté.

Adieu, mon amie; je t'embrasse de cœur.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXIV

À l'Impératrice, à Paris
Le 27, à 7 heures du soir, 1807.

Mon amie, ta lettre me fait de la peine. Tu ne dois pas mourir; tu te portes bien, et tu ne peux avoir aucun sujet raisonnable de chagrin.

Je pense que tu dois aller au mois de mai à Saint-Cloud; mais il faut rester tout le mois d'avril à Paris.

Ma santé est bonne. Mes affaires vont bien.

Tu ne dois pas penser à voyager cet été; tout cela n'est pas possible; tu ne dois pas courir les auberges et les camps. Je désire, autant que toi, te voir, et même vivre tranquille.

Je sais faire autre chose que la guerre, mais le devoir passe avant tout. Toute ma vie, j'ai tout sacrifié, tranquillité, intérêt, bonheur, à ma destinée.

Adieu, mon amie. Vois peu cette Mme de P… c'est une femme de mauvaise société; cela est trop commun et trop vil.

Napoléon.

J'ai eu lieu de me plaindre de M. T… je l'ai envoyé dans sa terre, en Bourgogne; je ne veux plus en entendre parler.

LETTRE LXV

À l'Impératrice, à Paris
Le 10 mai 1807.

Je reçois ta lettre. Je ne sais ce que tu me dis des dames en correspondance avec moi. Je n'aime que ma petite Joséphine, bonne, boudeuse et capricieuse, qui sait faire une querelle avec grâce, comme tout ce qu'elle fait; car elle est toujours aimable, hors cependant quand elle est jalouse: alors elle devient toute diablesse. Mais revenons à ces dames. Si je devais m'occuper de quelqu'une d'entre elles, je t'assure que je voudrais qu'elles fussent de jolis boutons de rose. Celles dont tu parles sont-elles dans ce cas?

Je désire que tu ne dînes jamais qu'avec des personnes qui ont dîné avec moi; que ta liste soit la même pour tes cercles, que tu n'admettes jamais à Malmaison, dans ton intimité, des ambassadeurs et des étrangers. Si tu faisais différemment, tu me déplairais; enfin ne te laisse pas circonvenir par des personnes que je ne connais pas et qui ne viendraient pas chez toi si j'y étais.

Adieu, mon amie.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXVI

À l'Impératrice, à Saint-Cloud
Friedland, le 15 juin 1807.

Mon amie, je ne t'écris qu'un mot, car je suis bien fatigué; voilà bien des jours que je bivouaque. Mes enfants ont dignement célébré l'anniversaire de la bataille de Marengo.

 

La bataille de Friedland sera aussi célèbre et est aussi glorieuse pour mon peuple. Toute l'armée russe est en déroute, quatre-vingts pièces de canon, trente mille hommes pris ou tués; vingt-cinq généraux russes tués, blessés ou pris; la garde russe écrasée: c'est une digne sœur de Marengo, Austerlitz, Iéna. Le bulletin te dira le reste. Ma perte n'est pas considérable; j'ai manœuvré l'ennemi avec succès.

Sois sans inquiétude et contente.

Adieu, mon amie; je monte à cheval.

Napoléon.

L'on peut donner cette nouvelle comme une notice, si elle est arrivée avant le bulletin. On peut aussi tirer le canon, Cambacérès fera la notice.

LETTRE LXVII

À l'Impératrice, à Saint-Cloud
Le 6 juillet 1807.

J'ai reçu ta lettre du 25 juin. J'ai vu avec peine que tu étais égoïste et que les succès de mes armes seraient pour toi sans attraits.

La belle reine de Prusse doit venir dîner avec moi aujourd'hui.

Je me porte bien et désire beaucoup te revoir, quand le destin l'aura marqué. Cependant, il est possible que cela ne tarde pas.

Adieu, mon amie; mille choses aimables.

Napoléon.

LETTRE LXVIII

À l'Impératrice, à Saint-Cloud
Le 7 juillet 1807.

Mon amie, la reine de Prusse a dîné hier avec moi. J'ai eu à me défendre de ce qu'elle voulait m'obliger à faire encore quelques concessions à son mari; mais j'ai été galant, et me suis tenu à ma politique. Elle est fort aimable. J'irai te donner des détails qu'il me serait impossible de te donner sans être bien long. Quand tu liras cette lettre, la paix avec la Prusse et la Russie sera conclue et Jérôme reconnu roi de Westphalie, avec trois millions de population. Ces nouvelles pour toi seule.

Adieu, mon amie; je t'aime et veux te savoir contente et gaie.

Napoléon.

LETTRE LXIX

À l'Impératrice, à Saint-Cloud
Le 18, à midi, 1807.

Mon amie, je suis arrivé hier à cinq heures du soir à Dresde, fort bien portant, quoique je sois resté cent heures en voiture, sans sortir. Je suis ici chez le roi de Saxe, dont je suis fort content. Je suis donc rapproché de toi de plus de moitié du chemin.

Il se peut qu'une de ces belles nuits je tombe à Saint-Cloud comme un jaloux; je t'en préviens.

Adieu, mon amie; j'aurai grand plaisir à te voir.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXX

À l'Impératrice, à Paris
Le 9 janvier 1809.

Moustache m'apporte une lettre de toi du 31 décembre. Je vois, mon amie, que tu es triste et que tu as l'inquiétude très noire. L'Autriche ne me fera pas la guerre. Si elle me la fait, j'ai cent cinquante mille hommes en Allemagne, et autant sur le Rhin, et quatre cent mille Allemands pour lui répondre. La Russie ne se séparera pas de moi. On est fou à Paris; tout marche bien.

Je serai à Paris aussitôt que je le croirai utile. Je te conseille de prendre garde aux revenants; un beau jour, à deux heures du matin…

Mais adieu, mon amie; je me porte bien, et suis tout à toi.

Napoléon.

LETTRE LXXI

À l'Impératrice, à Plombières
Le 19 juin, à midi, 1809.

Je reçois ta lettre, où tu m'annonces ton départ pour Plombières. Je vois ce voyage avec plaisir, parce que j'espère qu'il te fera du bien.

Eugène est en Hongrie, et se porte bien. Ma santé est fort bonne, et l'armée en bon état.

Je suis bien aise de savoir le grand-duc de Berg avec toi.

Adieu, mon amie; tu connais mes sentiments pour Joséphine; ils sont invariables.

Napoléon.

LETTRE LXXII

À l'Impératrice, à Paris
Schoenbrunn, le 21 août 1809.

J'ai reçu ta lettre du 14 août, de Plombières; j'y vois que tu seras arrivée le 18 à Paris ou à Malmaison. Tu auras été malade de la chaleur, qui est bien grande ici. Malmaison doit être bien sec et brûlé par ce temps-là.

Ma santé est bonne. Je suis cependant un peu enrhumé de la chaleur.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE LXXIII

À l'Impératrice, à Malmaison
Le 31 août 1809.

Je n'ai pas reçu de lettres de toi depuis plusieurs jours; les plaisirs de Malmaison, les belles serres, les beaux jardins, font oublier les absents; c'est la règle, dit-on, chez vous autres. Tout le monde ne parle que de ta bonne santé; tout cela m'est fort sujet à caution.

Je vais demain faire une absence de deux jours en Hongrie avec Eugène. Ma santé est bonne.

Adieu, mon amie.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXXIV

À l'Impératrice, à Malmaison
Kems, le 9 septembre 1809.

Mon amie, je suis ici depuis hier à deux heures du matin; j'y suis pour voir mes troupes. Ma santé n'a jamais été meilleure. Je sais que tu es bien portante.

Je serai à Paris au moment où personne ne m'attendra plus.

Tout va ici fort bien, et à ma satisfaction.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE LXXV

À l'Impératrice, à Malmaison
Le 23 septembre 1809.

J'ai reçu ta lettre du 16, je vois que tu te portes bien. La maison de la vieille fille ne vaut que cent vingt mille francs; ils n'en trouveront jamais plus. Cependant, je te laisse maîtresse de faire ce que tu voudras, puisque cela t'amuse, mais, une fois achetée, ne fais pas démolir pour y faire quelques rochers.

Adieu, mon amie.

Napoléon.

LETTRE LXXVI

À l'Impératrice, à Malmaison
Le 25 septembre 1809.

J'ai reçu ta lettre. Ne te fie pas, et je te conseille de te bien garder la nuit; car une des prochaines, tu entendras grand bruit.

Ma santé est bonne; je ne sais ce que l'on débite; je ne me suis jamais mieux porté depuis bien des années: Corvisart ne m'était point utile.

Adieu, mon amie; tout va ici fort bien.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRE LXXVII

À l'Impératrice, à Malmaison
Nymphenbourg, près Munich, le 21 octobre 1809.

Je suis ici depuis hier bien portant; je ne partirai pas encore demain. Je m'arrêterai un jour à Stuttgard. Tu seras prévenue vingt-quatre heures d'avance de mon arrivée à Fontainebleau. Je me fais une fête de te revoir, et j'attends ce moment avec impatience.

Je t'embrasse.

Tout à toi,

Napoléon.

LETTRES DE NAPOLÉON À JOSÉPHINE
APRÈS LE DIVORCE

LETTRE LXXVIII

À l'Impératrice, à Malmaison
8 heures du soir, décembre 1809.

Mon amie, je t'ai trouvés aujourd'hui plus faible que tu ne devais être. Tu as montré du courage, il faut que tu en trouves pour te soutenir; il faut ne pas te laisser aller à une funeste mélancolie, il faut te trouver contente, et surtout soigner ta santé, qui m'est si précieuse. Si tu m'es attachée et si tu m'aimes, tu dois te comporter avec force et te juger heureuse. Tu ne peux pas mettre en doute ma constante et tendre amitié, et tu connaîtrais bien mal tous les sentiments que je te porte si tu supposais que je puis être heureux si tu n'es pas heureuse, et content, si tu ne te tranquillises.

Adieu, mon amie, dors bien; songe que je le veux.

Napoléon.