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Nassiriya — Le guet-apens

Arrivant du nord de la ville, deux grosses jeeps débâchées, avec chacune trois personnes à leur bord, arrêtèrent leur course au niveau du feu rouge d’un carrefour apparemment désert. Elles attendirent patiemment le vert, puis continuèrent lentement sur une vingtaine de mètres, jusqu’à atteindre l’entrée d’un vieil atelier abandonné.

Un homme très corpulent sauta de la première, et, armé d’une paire de vieilles cisailles, s’approcha avec circonspection de l’entrée et coupa le fil de fer rouillé qui maintenait la grosse porte fermée. Un autre homme, descendu du second véhicule, le suivit immédiatement. Il était lui aussi bien bâti. Unissant leurs forces, ils essayèrent de pousser le vieux panneau qui servait de porte. Ils durent forcer un bon moment avant que le panneau ne cède dans un sinistre grincement métallique. Ils le poussèrent énergiquement de côté jusqu’à ouvrir complètement le passage.

Les chauffeurs des deux véhicules, qui attendaient, moteur au ralenti, se glissèrent l’un après l’autre dans le vieil atelier en laissant derrière eux un gros nuage de fumée noire, avant d’éteindre les moteurs.

— Allons-y, dit celui qui semblait être le chef, en sautant de la jeep, aussitôt suivi par les trois autres.

Les deux hommes qui étaient restés à l’entrée se joignirent au petit groupe, et ils se dirigèrent tous les six sur la pointe des pieds vers l’entrée principale du restaurant.

— Vous trois, à l’arrière, ordonna le chef.

Tous les membres de cette petite équipe d’assaut étaient équipés de fusils AK-47 et on pouvait remarquer aux ceintures de certains d’entre eux les fourreaux incurvés typiques des Janbiya, les couteaux arabes. Ces poignards ne sont pas très longs, mais leur lame affilée des deux côtés en fait des armes blanches redoutables.

Conscient du fait que ses compagnons allaient arriver d’un moment à l’autre, le propriétaire du restaurant faisait en permanence la navette entre la petite salle et l’entrée arrière, d’où il surveillait les alentours pour repérer d’éventuels mouvements suspects. Mais sa nervosité n’échappa pas au général qui, en vieux renard qu’il était, commença à flairer que quelque chose n’allait pas tout à fait comme il aurait fallu. Sous le prétexte d’attraper la bouteille de bière, il s’approcha de son gros acolyte et lui murmura à l’oreille :

— Tu ne trouves pas que ton ami est un peu trop nerveux ?

— À vrai dire, je l’avais remarqué moi aussi, répondit-il à mi-voix également.

— Tu le connais depuis quand ? Tu ne crois pas qu’il est en train de nous organiser une petite surprise ?

— Je ne pense pas… Ça a toujours été quelqu’un de sûr.

— Peut-être, dit le général en quittant son siège, mais moi je n’ai pas confiance. Allons-nous en vite d’ici.

Les deux autres se regardèrent un instant, perplexes, puis se levèrent eux aussi et se dirigèrent rapidement vers le propriétaire.

— Merci pour tout, dit le gros, mais il faut vraiment qu’on y aille.

Et il glissa un deuxième billet de cent dollars dans la poche de sa chemise.

— Mais je ne vous ai même pas apporté le dessert, répliqua l’homme bouclé.

— Tant mieux, je suis au régime, répondit le gros, se dirigeant à grands pas vers la porte.

Il regarda dehors par derrière le rideau et, ne voyant rien de suspect, fit signe aux deux autres de le suivre. Il n’avait pas même franchi le seuil qu’il aperçut du coin de l’œil les trois malabars qui arrivaient à sa droite.

— Salopard ! eut-il juste le temps de crier avant que le plus proche des trois ne lui intime de s’arrêter, dans un anglais très approximatif.

Pour toute réponse, il détacha de sa ceinture une grenade assourdissante et hurla à l’adresse de ses compagnons :

— Flashbang !

Ils fermèrent aussitôt les yeux et se bouchèrent les oreilles. Un éclair aveuglant, suivi d’une déflagration assourdissante, rompit le calme de la nuit. Les trois assaillants, surpris par la réaction du gros, restèrent quelques instants étourdis par l’explosion, et l’aveuglement causé par la grenade les empêcha de voir les trois Américains qui, dans un sprint digne de la finale d’une épreuve de cent mètres, détalaient en direction de leur véhicule.

— Feu ! cria le chef des assaillants.

Une rafale d’AK-47 partit en direction des fugitifs, mais, l’effet du flashbang n’étant pas encore dissipé, elle se perdit au-dessus de leurs têtes.

— Vite, vite, cria le maigre, qui, tirant son Beretta M9 de son étui de poitrine, répondait aux tirs.

En courant, le gros avait réussi à sortir la télécommande de la poche de sa veste et à ouvrir le coffre de la voiture. D’un bond agile, il roula au fond et lança au général un des fusils M-16 qu’il emmenait toujours avec lui. Lui se saisit en revanche d’une mitraillette FN P90 et se mit à tirer en rafales en direction des assaillants.

— Viens par là ! hurla-t-il au maigre qui, tête baissée, alla directement vers la portière côté conducteur. Il se glissa dans l’auto pendant que ses deux amis le protégeaient par un tir de couverture. Une nouvelle rafale, arrivant derrière lui, dessina une série de petits trous dans la paroi de tôle de la bicoque en face de lui.

Entre-temps, les trois agresseurs qui étaient passés par l’arrière avaient débouché par la porte principale et s’étaient unis aux tirs de leurs compagnons. Ils visaient nettement mieux. Une balle toucha le rétroviseur gauche qui se brisa en mille morceaux.

— Putain ! s’écria le maigre qui, baissant instinctivement la tête, essayait de démarrer.

— Général, sautez ! cria le gros en tirant une autre rafale en direction des assaillants.

Avec l’agilité d’un jeune homme, Campbell se jeta sur le siège arrière juste au moment où une balle effleurait sa jambe gauche et se fichait dans la portière ouverte. D’un geste rapide, il rabattit le siège et put accéder à la malle arrière. Il remarqua aussitôt des grenades alignées dans une boîte de polystyrène. Sans réfléchir une seconde de plus, il en prit une, la dégoupilla et la lança en direction des assaillants.

— Grenade ! hurla-t-il et il s’aplatit contre le siège.

Alors qu’une nouvelle rafale d’AK-47 brisait la lunette arrière et ravageait le feu arrière droit, la grenade roula tranquillement au beau milieu du petit groupe d’agresseurs qui, conscients du danger imminent, se jetèrent au sol en s’aplatissant le plus possible. L’engin explosa avec un bruit assourdissant et une lueur aveuglante déchira l’obscurité de la nuit.

Le gros, profitant de l’action surprise du général, courut vers le côté passager, monta à bord, et une jambe encore à l’extérieur, cria :

— Vas-y, vas-y !

Le maigre écrasa l’accélérateur et le véhicule, dans un crissement de pneus strident, bondit en avant en direction de la porte de la bicoque abandonnée. La masse du véhicule vint à bout de la tôle rouillée du panneau, qui tomba lourdement vers l’intérieur. La voiture poursuivit sa course folle en écrasant tout ce qui se trouvait sur son passage. De vieux vases de terre cuite, des caisses de bois pourri, des chaises et même deux vieux lampadaires furent renversés et jetés en l’air, soulevant un énorme nuage de sable et de débris. Au volant, le maigre essayait d’éviter le plus de choses possible, mais, malgré tous ses efforts, il ne réussit pas à contourner le pilier central de bois pourri qui soutenait toute la charpente, le coupant net. La bicoque frémit, trembla, et, comme si un énorme rocher était tombé sur son toit, s’effondra littéralement sur elle-même, exactement au moment où les trois hommes, après avoir défoncé le mur arrière, bondissaient hors du vieil atelier, suivis par une détonation assourdissante et un énorme nuage noir. La voiture, maintenant incontrôlable, finit sa course sur un tas de détritus abandonné sur le bord du trottoir et s’y arrêta net.

— Oh, misère, s’exclama le général, dont la tête avait plusieurs fois cogné sur l’accoudoir de la portière, mais qui est-ce qui t’a appris à conduire comme ça ?

Pour toute réponse, le maigre enfonça à nouveau le pied sur l’accélérateur et essaya de se frayer un chemin dans ce fatras. Des chiffons de couleur s’enroulèrent dans les roues, et un vieux téléviseur resta accroché au pare choc arrière. Il dut tâtonner un moment dans les détritus avant de retrouver enfin la chaussée. Dans un bruit sourd, la voiture dégringola du trottoir, et ils se retrouvèrent sur la route principale, en direction de l’est.

— Mais c’était qui, ces types ? demanda le gros en s’installant sur le siège et en essayant de refermer la portière.

— Tu devrais le demander à ton copain restaurateur, répliqua sèchement le maigre.

— Si je le retrouve, je lui fais avaler tous les couverts du restaurant, louches comprises.

— Mais qu’est-ce que tu veux y faire ? Tu devrais avoir compris, maintenant, qu’on ne peut faire confiance à personne, ici.

Et, pendant qu’il tournait dans une petite rue sur sa droite, il ajouta :

— Au moins, on a réussi à se mettre quelque chose sous la dent.

La voiture sombre poursuivit vers le cœur de la nuit, laissant cependant derrière elle un inhabituel sillage d’un liquide non identifié.

Vaisseau Théos — Le président

— Mais où prend-il l’énergie, pour créer un champ de forces aussi puissant ? demanda le colonel, intrigué, qui regardait attentivement le chandelier qui venait d’apparaître.

— L’énergie est partout, en tout point de l’univers, répondit Atzakis. Tout ce qui le compose est matière, et la matière n’est rien d’autre qu’une forme d’énergie ; et vice-versa. Même les êtres vivants ne sont rien d’autre que de simples assemblages d’énergie et de matière.

 

— Nous sommes tous des poussières d’étoiles, murmura Élisa, enchantée, exhumant une vieille citation de quelqu’un dont elle ne se rappelait plus le nom sur le moment.

— Là-dessus, je suis d’accord, mais de là à réussir à la maîtriser de cette façon, il y a une marge, répliqua le colonel.

Il s’apprêtait à demander de plus amples explications, quand il fut interrompu par un motif de blues provenant de son téléphone.

— Qui ça peut bien être ? demanda-t-il à haute voix en lisant le nom du correspondant, « Camp Adder — Prison ».

— Colonel Hudson, annonça-t-il sèchement au téléphone.

— Colonel, enfin !

Jack reconnut aussitôt la grosse voix du sergent noir qui l’avait secondé dans tant de missions.

— Qu’y a-t-il, Sergent ?

— Ça fait des heures que j’essaie de vous joindre. Mais où êtes-vous ?

— Hum, disons qu’actuellement je « tourne comme une toupie ». Qu’importe, Sergent, quel est le problème ?

— Je voulais juste vous informer que votre demande de transfert du général a été réalisée sans accroc.

— Demande de transfert du général ? Mais de quoi parlez-vous, que diable ?

— J’ai devant moi un ordre écrit, signé de votre main, qui autorise le général Richard Wright et le colonel Oliver Morris à récupérer le général Campbell pour le transférer dans un endroit top secret. J’ai vérifié, et c’est bien votre signature.

— Mais je n’ai jamais rien autorisé de pareil.

Le colonel marqua une brève pause, puis demanda :

— Et où est le général, maintenant ?

— Pas la moindre idée, Monsieur. Les deux officiers dont je vous parlais l’ont pris en charge.

— Le bougre, il a réussi à s’échapper.

Puis il eut une intuition et demanda :

— Sergent, pourriez-vous me décrire les deux militaires qui l’ont récupéré ?

— Bien sûr. Il y en avait un grand et maigre, et un autre plus petit et plutôt en surpoids. Ils avaient…

— Ok, Sergent, ça suffit. J’ai compris. Je vous remercie.

— J’espère que je n’ai pas fait de bêtise ?

— Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas de votre faute -et il coupa la communication.

— Qu’est-ce qui se passe ? demanda Élisa, inquiète.

— Les deux hommes qui nous ont agressés et que nous avions capturés ont filé et ont réussi à faire évader cette crapule de général Campbell.

— Je suis désolée, mon chéri, je suis vraiment désolée, mais ne t’inquiète pas trop. Pour l’instant, nous avons des problèmes bien plus importants à résoudre, non ?

— Tu as raison.

Il lui prit le chandelier des mains, le montra à Atzakis, et demanda :

— Où en étions-nous ?

— À la source d’énergie.

— Ah oui, c’est ça. Bref, comment diable fonctionne cette chose ?

— Ce n’est pas vraiment facile à expliquer, mais on peut dire qu’il peut absorber l’énergie qui l’entoure et lui donner la forme pour laquelle il a été programmé.

— Mouais, commenta Jack, perplexe. Je n’ai pas compris grand chose. Il n’en reste pas moins qu’il fonctionne, et qu’il fonctionne même magnifiquement. Tu penses que cette technologie pourrait être reproduite sur Terre ?

— Certainement. Je ne vois aucune incompatibilité. Je demanderai à Pétri de vous transférer toutes les informations nécessaires, quand le moment sera venu.

— Magnifique. J’imagine la tête de nos scientifiques face à une révélation de ce genre. Actuellement, nous ne savons pas produire d’énergie en grande quantité, si ce n’est à partir de sources fossiles ou nucléaires. Je crois vraiment que votre visite va être une révolution dans bien des domaines, sur notre planète.

— Comme ça a toujours été le cas, ajouta Atzakis avec un petit sourire.

Élisa se glissa dans la discussion :

— Si ma mémoire est bonne, ce n’est pas un certain Nikola Tesla, un savant qui a vécu entre le XIXème et le XXème, qui avait imaginé une forme d’énergie qui imprégnait tout le cosmos ?

— Ouah ! s’écria Jack, stupéfait. Je ne te savais pas si experte en la matière.

— Tu as encore tant à découvrir de moi, mon chéri.

D’un geste malicieux, elle passa la main dans ses longs cheveux.

— Mais Tesla fit en fait beaucoup plus, reprit Jack. En plus d’avoir créé toute une série d’inventions que nous utilisons encore aujourd’hui, il théorisa la possibilité d’utiliser ce qu’il appelait « l’éther » comme source d’énergie inépuisable. Une telle substance, qui parcourrait tout l’univers, pourrait, si on la stimulait convenablement, fournir de l’énergie partout et en tout instant.

Flatté que sa bien-aimée le regarde avec une admiration croissante, il poursuivit fièrement son exposé.

— Mais ce chercheur, après avoir affronté l’hypocrisie et l’avidité des puissants de l’époque, affirma que l’humanité n’était pas encore prête pour un bouleversement de ce type et abandonna son projet, en faisant disparaître toutes les traces. Ce n’est qu’aujourd’hui, après plus de cent ans, que nos scientifiques ont recommencé à théoriser la présence d’une « substance » qu’ils appellent « matière sombre », et aussi d’une forme énergétique dite « énergie noire », qui constituerait la densité de l’univers à plus de 70 %.

— Je suis impressionnée, s’écria le Professeur en le regardant, émerveillée. Moi non plus je n’imaginais pas que tu étais si érudit dans ce domaine.

— Tu as encore tant à découvrir de moi, ma chérie, répondit Jack en reprenant ses mots et son geste, même si ses cheveux étaient bien trop courts pour obtenir l’effet recherché.

— Nous parlons peut-être de la même chose, affirma Atzakis, satisfait.

— Énergie illimitée, à disposition de tous, disponible dans l’univers à coût zéro… incroyable.

Jack était plongé dans une estimation de toutes les implications envisageables de cette nouvelle révélation bouleversante, quand son téléphone recommença à jouer son petit air.

— Mais qui ça peut être, encore ? s’écria-t-il, un peu agacé.

Il lut le nom de son correspondant et son visage s’éclaira.

— Amiral, je n’espérais pas vous entendre si vite.

— Mon garçon, j’ai réussi à me mettre en contact avec le président, et je lui ai expliqué la situation. Il est devant moi. Je te le passe, si tu veux.

— Mais bien sûr, bien sûr, répondit-il, tout gêné, en indiquant par de grands gestes son téléphone à Pétri.

Quelques secondes plus tard, une voix calme et profonde sortit du téléphone :

— Colonel Jack Hudson ?

— Oui, Monsieur le président, c’est moi. À vos ordres.

Il ne put s’empêcher de se mettre au garde-à-vous, ce qui fit timidement sourire Élisa.

— Colonel, seuls le respect et la confiance que j’ai en l’amiral Wilson ont rendu cette conversation possible. Ce qui m’a été rapporté est si insensé que cela pourrait même être vrai.

— Monsieur le président, je voudrais que vous fassiez pointer le premier télescope disponible sur les coordonnées que je vais vous envoyer.

Pétri, qui avait déjà manœuvré de façon à déplacer le Théos sur un parallèle plus proche du Pôle Nord, pour que l’on puisse le voir d’une zone de la Terre où il faisait encore sombre, afficha sur l’écran une série de chiffres, que Jack nota très rapidement et envoya par son téléphone.

— Voilà la position actuelle de notre vaisseau. Je pense que vos techniciens n’auront pas de difficultés à nous trouver.

Le président fit un signe rapide à l’assistant le plus grand et robuste qui se trouvait avec lui dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Il lui montra les chiffres qui s’étaient affichés sur le portable et lui glissa quelque chose à l’oreille. L’homme, vêtu d’un costume noir, d’une chemise d’un blanc éblouissant et d’une cravate grise à fines rayures, porta son poignet près de sa bouche pour donner sèchement quelques ordres.

— Monsieur le président, poursuivit Jack, la situation est très sérieuse. Notre planète risque un bouleversement inconcevable et, grâce à l’aide de ces personnes venues de très loin, nous pourrions faire quelque chose pour l’éviter. Je comprends parfaitement vos doutes, mais elles sont réellement là-haut, et je peux vous le prouver.

Pétri activa les senseurs à courte portée sur les coordonnées que le colonel lui avait indiquées, et l’image du Bureau ovale s’afficha à l’écran du pont de commandement.

— Monsieur, vous vous appuyez en ce moment de la main droite sur votre bureau, vous avez l’amiral à vos côtés et deux autres personnes sont présentes dans la pièce.

Le président regarda instinctivement autour de lui pour repérer l’intrus qui les épiait. Il hésita un instant, avant de dire :

— Mais c’est absurde. Comment faites-vous pour savoir ça ?

— Je vous regarde, tout simplement.

— Mais c’est absolument impossible. Il n’y a rien qui soit en mesure de forcer le blindage de cette pièce.

— Rien de terrestre, Monsieur le président, le corrigea Jack.

Pétri s’approcha de lui et lui glissa quelque chose à l’oreille. Le colonel écarquilla les yeux, puis, d’une voix ferme, dit :

— Je crois que notre technologie n’est pas non plus en mesure de faire ça.

Il n’avait pas terminé sa phrase que le bureau historique du XIXème siècle, connu dans le monde entier sous le nom de Resolute Desk, se souleva lentement. Le président fit un bond en arrière et regarda, abasourdi, en direction de l’amiral, qui lui renvoya un regard tout aussi stupéfait.

— Le bureau flotte en l’air, s’écria-t-il. C’est comme si la force de gravité n’avait plus d’effet sur lui.

Le deuxième homme qui était dans la pièce, un peu plus petit que le précédent mais tout aussi trapu, tira instinctivement son pistolet de son étui de poitrine, dans l’intention de protéger son chef. Il regarda rapidement de droite et de gauche comme s’il essayait de dénicher un fantôme, mais ne vit rien de suspect.

— Tu peux rengainer, dit tranquillement le président. Je pense qu’il n’y a aucun danger. Nous devons ça à nos petits camarades de là-haut.

Instinctivement, ils se mirent tous à regarder vers le plafond blanc de la pièce, sauf le plus grand des assistants qui, après avoir appuyé deux doigts sur son oreillette, dit, d’une voix qui ne laissait transparaître aucune émotion :

— Monsieur, nous avons les images.

Il prit une grande tablette tactile de son sac, tapa plusieurs commandes sur l’écran, l’observa un instant puis la tendit gentiment au président. L’homme que beaucoup considèrent comme le plus puissant du monde la prit de la main gauche et se mit à regarder attentivement l’écran. L’amiral Wilson, très intrigué, mit ses lunettes de presbyte et s’approcha de lui pour essayer lui aussi d’y comprendre quelque chose.

L'appareil affichait via satellite les images d’un télescope de moyenne puissance, installé dans un petit observatoire secret du sud de la Finlande. Là-bas, le soleil s’était couché depuis plusieurs heures déjà, et la nuit permettait de voir plus facilement le point indiqué.

— Donnez-moi encore quelques instants, Colonel. Je vais voir la zone correspondant aux coordonnées que vous m’avez envoyées.

L’image n’était pas encore complètement nette quand tout à coup, se détachant du noir de l’espace poinçonné de millions d’étoiles, une petite sphère argentée à demi éclairée par la lumière du soleil apparut sur l’écran.

L’image changea quelques instants après, soumise à un agrandissement supérieur. La sphère occupait maintenant presque tout l’écran et on pouvait en admirer les mille nuances de couleur qui, du violacé au bleu foncé, semblaient se fondre sur sa surface argentée.

Pendant ce temps, à bord du Théos, les deux Humains et les deux extraterrestres jouissaient d’une vue plongeante sur le Bureau ovale. Manœuvrant les commandes de la console centrale, Pétri avait même réussi à zoomer sur la tablette du président pour afficher la vidéo qui y défilait.

— Ils nous regardent, s’écria-t-il.

Puis, s’étant rendu compte que le cadrage était un peu décalé, il fit pivoter le vaisseau d’une centaine de degrés vers la droite, et ajouta :

— Voilà, c’est parfait maintenant. Que diriez-vous de vous mettre à la fenêtre et de dire bonjour ?

Étonnés, Élisa et Jack le regardèrent, mais, voyant qu’il se dirigeait vers le grand hublot ovale qui donnait sur l’extérieur, ils le suivirent sans un mot. Ils s’appuyèrent tous les trois contre le hublot et ne purent s’empêcher d’écarquiller les yeux, émerveillés. Devant eux, la Terre, dans toute sa splendeur majestueuse.

 

— Elle est merveilleuse, ne put que murmurer Élisa.

— Et maintenant dites bonjour, leur dit joyeusement Pétri.

Dans le Bureau ovale, l’image changea à nouveau sur l’écran. L’agrandissement était maintenant au maximum.

— Que le diable m’emporte, Colonel, balbutia le président d’une toute petite voix. Je vous vois.

Il se tourna vers l’amiral qui, de stupéfaction, avait laissé tomber le stylo qu’il avait à la main, et ajouta :

— C’est absolument incroyable.

— Je vous l’avais bien dit ! répliqua Wilson, l’air vivement satisfait.

— Je vous présente le Professeur Élisa Hunter, à ma droite, et à ma gauche, le commandant du vaisseau, Monsieur Atzakis.

Ils firent tous deux un signe de la main, et l’homme le plus puissant du monde ne put que répondre, très gêné :

— Hum, enchanté.

Pétri rejoignit le trio à la fenêtre, et se mit lui aussi à saluer, d’un sourire éblouissant.

— Et voici son bras droit qui nous rejoint, Monsieur Pétri.

— Je... Je ne sais que dire.

— Mais nous, nous avons plein de choses à vous dire, Monsieur, et je crains qu’il ne nous faille organiser une rencontre le plus vite possible. Nous n’avons plus beaucoup de temps.

— Évidemment, une rencontre est une priorité absolue. Laissez-moi réfléchir une seconde.

Le président posa son téléphone sur le Resolute Desk et sortit de la pièce. Il revint quelques instants plus tard, une expression sereine sur le visage, reprit le téléphone et demanda :

— Colonel, vous êtes toujours là ?

— Oui, Monsieur.

— Je crois que le meilleur endroit pour notre rencontre sera ce que tout le monde appelle la « Zone 51 ». Je ne pense pas avoir besoin de vous expliquer où elle se trouve, n’est-ce pas ?

— Non, Monsieur. Je connais très bien l’endroit.

— Parfait. Je fais préparer Air Force One. Si ce n’est pas un problème pour vous, nous pourrions nous retrouver ce soir à 22 h 00, heure locale, aux coordonnées qui vous seront communiquées sur votre portable.

— Nous y serons.

— Je pense qu’il est inutile de vous recommander la plus grande discrétion sur la question, pour le moment.

— Aucun problème, Monsieur le président.

— À plus tard, alors.

Et il mit fin à la conversation.

Jack fixa son téléphone quelques instants, comme hébété. Puis il se tourna vers ses trois compagnons et leur dit :

— Voilà.

Élisa ne put s’empêcher de lui sauter au cou et de le serrer le plus fort qu’elle put.

— Tu as été merveilleux, mon amour.

— C’est bon, c’est bon, dit Jack, essayant de parer l’attaque comme il le pouvait. Mais il faut qu’on s’organise. Le rendez-vous est dans… -il fit mentalement un rapide calcul- neuf heures environ.

— Eh bien, ça nous laisse pas mal de temps, s’écria le Professeur. Qu’est-ce qu’on fait en attendant ?

— J’aurais bien une idée… répondit Jack avec un regard qui était tout un programme. Zak, la chambre de tout à l’heure est encore disponible ?

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