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Le chasseur noir

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Portneuf n’eut pas une plainte, pas un mouvement qui pût exprimer sa souffrance.

Ces aventuriers sont trempés dans l’héroïsme comme les demi-dieux de la Grèce et de Rome.

Pathaway, durant l’opération du peau-rouge, assisté par Whiffles et Jeanjean, Pathaway pensait profondément, se demandant:

– Portneuf cherchait sa fille Nannette?… Elle serait donc Sébastien?…

La voix de Nick Whiffles rappela le chasseur noir à l’actualité.

– Encore une nouvelle petite difficulté dont on se tirera, ô oui Dieu, je le jure! Mon oncle le voyageur en a traversé bien d’autres, votre serviteur!…

Un bruit sourd, multiple et cadencé, répercuté par les échos des rochers, frappa d’abord l’oreille subtile et toujours éveillée du Shoshoné, et puis simultanément celle des trois trappeurs.

Anxieux, ils s’interrogeaient mentalement.

– Frères, visages pâles viennent en troupe, répondit à tous le chef des Shoshoné.

L’attention de tous fut ensuite distraite par une plainte de l’Indien Joe revenant à la vie.

Sébastien le premier s’élança vers lui.

Dis au chasseur noir et à Nick Whiffles de s’approcher.

Ils vinrent près de Joe.

En échange de votre vie que j’ai sauvée, dit le mourant à Pathaway, donnez au capitaine Dick cette eau pour sépulture… Et sans chercher à savoir qui il fut, avant de quitter le monde, ni pourquoi il le quitta!… faites, je vous supplie!…

L’approche de la mort donne-t-elle la prescience?… peut-être!… ou les sens doublent-ils leur clairvoyance avant de s’anéantir?… toujours est-il que l’Indien reprit:

– Avant que les troupes envoyées par la Compagnie ne soient arrivées, rendez-vous à ma prière!… Elle est respectable… Je suis Carlota, la fille du capitaine Dick. J’aimais le chasseur noir et j’étais jalouse… Je vais mourir! faites aussi pour moi ce que je vous demande pour mon père!

– Je vous le jure! dit Ténébreux, la voix strangulée par l’émotion.

Et Carlota tendant sa main pour l’adieu suprême:

– Pathaway, gardez le souvenir de la ville hantée!…

Sans effort et sans peur, l’étrange femme rendit son âme, calme et sereine comme une vestale…

Par les trappeurs, sa dernière prière fut accomplie. La dépouille mortelle du père et de la fille fut confiée à la garde du gouffre, et la pierre entraînant le corps dans ses profondeurs fut peut-être la même que celle devant y garder morte la fille de Portneuf, qui leur était jetée vivante.

Le Shoshoné, grandement attentif, écoutait au loin le bruit indéfini d’abord, et qui maintenant s’accusait.

Du point élevé ou il était, dans la masse noire, alors visible, Multonomah reconnut les éclaireurs de la troupe justicière, marchant contre les ennemis du Nord-Ouest.

N’ayant à attendre des agents de la Compagnie que bon accueil et protection, les aventuriers allèrent au-devant d’eux, Pathaway et André Jeanjean portant la civière sur laquelle reposait Portneuf, Nick Whiffles se demandant craintivement:

– Pourvu que mon nom ne tombe point encore au bout de la langue des gens des établissements, pour être mis dans les papiers!…

– Que dites-vous donc, père Nicolas?…

– Rien, rien, enfant. Une mauvaise difficulté, je vous le jure! votre serviteur, on s’en tirera, ô Dieu oui!

Se retournant pour interroger Multonomah, le Ténébreux vit l’Ours gris qui marchait au midi sur la crête des rochers basaltiques.

Ou allait-il?

Peut-être à la vallée du Trappeur perdu.

FIN

Note

[1] Les Canadiens-français désignent ainsi les gens qui font la traite des pelleteries dans l’Amérique septentrionale.

[2] Sorte de jambières de peau en usage chez les aborigènes de l’Amérique.

[3] Ceux de mes lecteurs qui désireront des détails biographiques plus intimes sur Nick Whiffles n’auront qu’à consulter ma collection des Drames de l’Amérique du Nord, publiée chez MM. Lévy.

[4] Dans le désert américain, on appelle francs-trappeurs les aventuriers qui n’appartiennent pas aux grandes compagnies de pelleteries. Pour elles ce sont des contrebandiers.

[5] Ce terme, essentiellement canadien-français sert à désigner un bonnet de pelleterie.

[6] Les gens du désert américain s’obstinent à dire buffle et non bison.

[7] Capot; terme canadien. Nous disons capote, redingote, paletot.

[8] Rassade, terme donné par les sauvages et les métis de l’Amérique septentrionale aux broderies qu’ils font avec des coquillages, des baies, des graines de verres ou des piquants de porc-épic.

[9] Locution canadienne, pour montagnard.

[10] Du vieux mot français, conservé par les Canadiens et dont nous avons fait trappe.

[11] Torquette de tabac. Tabac pressé et roulé en forme de corde pour en diminuer le volume.

[12] Les trappeurs appellent établissements les lieux habités par les civilisés, c’est-à-dire nos villes, villages, etc.

[13] Voir les Pieds-Noirs. – Michel Lévy frères, éditeur.

[14] On sait que les Anglais désignent volontiers le diable sous le nom de Nick, Old Nick, etc.

[15] Autrement dit Guillaume le roide.

[16] On sait que c’est le terrible couteau américain.

[17] Les Anglo-américains ont donné aux Canadiens-français le sobriquet de mangeux de lard.

[18] Dans le désert américain, voyageur, trappeur, coureur des bois, chasseur, sont synonymes.

[19] Bruin, ours, terme anglais, équivalent de Martin.

[20] Les caches, dans le Nord-ouest, sont des trous, des espèces de silos où les trappeurs enfouissent soit des vivres, soit des armes, soit des paquets de pelleteries pour les reprendre quand ils en ont besoin.

[21] Dans le Nord-ouest américain, on appelle ainsi la partie d’un lac on d’une rivière, souvent asséché, qui s’encaisse tout à coup au milieu des terres – en un mot une sorte de goulot.

[22] Voir les Pieds-noirs.

[23] Dans le Nord-ouest américain, on appelle bourgeois, tout facteur qui fait la traite des pelleteries pour son propre compte.

[24] Locution canadienne; être écarté c’est être en démence.

[25] Hors la loi; condamné par les tribunaux.

[26] La rivière Rouge du Nord est ainsi appelée par les Indiens et les trappeurs.