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Les mystères du peuple, Tome V

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– Ces périls, ne les ai-je pas bravés avec toi? – répondit dédaigneusement le prêtre en montrant son bras gauche soutenu par une écharpe ensanglantée. – Cette blessure reçue hier dans le marais de Peulven, ne te répond-elle pas de ma bonne foi? Quant à ces abattis d'arbres, quoiqu'ils nous paraissent s'étendre à perte de vue, ils sont peut-être plus bornés que nous ne le pensons.

– Qu'importe! comment trouver une autre route que celle-ci? la seule, as-tu dit, qui traverse cette forêt, partout ailleurs impraticable à une armée. – Le moine, hochant la tête d'un air pensif, ne répondit rien. Les troupes commençaient de murmurer, en proie au découragement et à une terreur croissante, lorsque trois cris d'oiseaux nocturnes dominèrent le tumulte. Aussitôt, de derrière les abattis d'arbres, et du faîte de ceux qui bordaient la route, les frondeurs et les archers bretons, embusqués, assaillirent les Franks d'une nuée de pierres et de flèches; d'énormes branches sciées au sommet des chênes s'en détachaient, et tombant, écrasaient ou mutilaient les soldats: nouvelle panique, nouveau carnage des Franks; cavaliers renversés de leurs montures, piétons broyés sous les pieds des chevaux, soldats aveuglés, déchirés en se précipitant effarés au milieu des fourrés de houx hérissés de pointes. Quel doux spectacle pour les yeux d'un Gaulois de l'Armorique! Gémissements des mourants, imprécations des blessés, menaces de mort contre le moine accusé de trahison… Quel doux concert à l'oreille d'un Gaulois de l'Armorique! Le carnage allait croissant au milieu de cette panique, lorsque Vortigern, tenant son arc d'une main et s'attachant de l'autre à l'une des branches qui dominaient le point le plus élevé de l'abattis d'arbres, parut aux yeux des Franks; sa voix sonore fit entendre ces paroles: – Et maintenant, maudits, traversez, si vous le pouvez, cette forêt; nos carquois sont vides; nous allons vous attendre aux abords de la vallée de Lokfern! – Puis avisant le chef des Franks, qui, descendu de cheval, opposait aux pierres et aux traits des assaillants son grand bouclier blanc, où se voyaient peintes trois serres d'aigles dorées, Vortigern, reconnaissant à cet emblème un fils des Neroweg, poussa une exclamation de surprise et de haine, ajusta sur la corde de son arc sa dernière flèche, et la lançant au chef des guerriers, s'écria: – Moi, descendant de Joël, je t'envoie ceci à toi, descendant de Neroweg, tué par mon aïeul Karadeuk-le-Bagaude. – La flèche siffla, et effleurant la bordure inférieure du bouclier du Frank, lui traversa le genou au-dessous du cuissard. À cette vive douleur, Neroweg, tombant agenouillé, s'écria, désignant le Gaulois à plusieurs arbalétriers saxons: – Tirez! tirez sur ce bandit!

Trois flèches saxonnes volèrent, deux d'entre elles s'enfoncèrent en vibrant dans la branche d'arbre à laquelle se tenait Vortigern; mais le troisième trait l'atteignit au bras gauche. Le descendant de Joël, arrachant aussitôt de sa plaie le fer acéré, le rejeta sanglant contre les Franks avec un geste de méprisant défi, et disparut derrière les branchages. Par trois fois, le cri de l'oiseau nocturne se fit entendre dans la forêt, et les Bretons se dispersèrent par des sentiers connus d'eux seuls, chantant ce vieux bardit de guerre, qui se perdit peu à peu dans l'éloignement:« – Ce matin, nous disions: – Combien sont-ils, ces Franks? – Combien sont-ils ces barbares? – Ce soir, nous disons: – Combien étaient-ils ces Franks? – Combien donc étaient-ils ces barbares?»

LES LANDES DE KENNOR

Elles ont environ quatre lieues de longueur et trois lieues de largeur, les landes de Kennor; elles forment un vaste plateau; il s'abaisse au nord vers la vallée de Lokfern; il est borné à l'ouest par une large rivière qui, à peu de distance, se jette dans la mer armoricaine; la forêt de Cardik et les dernières pentes de la chaîne du Men-Brèz bordent ces landes; elles sont couvertes, dans toute leur étendue, de bruyères hautes de deux à trois pieds, l'ardent soleil caniculaire les a presque desséchées. Unie comme un lac, cette plaine immense, nue, déserte, offre un aspect désolé. Un vent violent, soufflant de l'est, fait onduler, comme des flots, les hautes bruyères couleur de feuilles mortes. Le ciel, par cette journée de vent et de hâle, est d'un azur éclatant; le soleil d'août inonde de sa lumière torride ce désert, dont le silence est seulement parfois troublé par l'aigre cri des cigales ou par les longs gémissements de la bise qui siffle dans ces landes. Bientôt, longeant le bord de la rivière, une masse noire, confuse, paraît, s'étend, s'augmente, et se dirige vers le centre de la plaine de Kennor. C'est un des trois corps de l'armée que Louis-le-Pieux conduit en personne contre les Gaulois bretons. Longtemps avant son apparition, d'autres troupes, formées en cohortes compactes, descendaient à l'est les dernières pentes de la chaîne du Men-Brèz, s'avançant aussi vers la plaine, lieu marqué pour la jonction des trois armées qui avaient envahi l'Armorique, incendiant, ravageant le pays sur leur passage et repoussant les populations vers la vallée de Lokfern. Seules, les troupes de Neroweg, engagées dans la forêt de Cardik depuis le matin, manquaient encore à ce rendez-vous. Enfin elles sortent en désordre des bois et se reforment en phalanges. Après des fatigues et des travaux inouïs, se frayant un passage la hache à la main, abandonnant la cavalerie, obligée de rebrousser chemin vers les marais de Peulven, les troupes de Neroweg sont parvenues à traverser la forêt, diminuées presque de moitié, autant par les pertes subies dans le passage des défilés et des marais, que par la défection de nombreuses cohortes qui, dans leur panique croissante, et malgré les ordres de leurs chefs, ont suivi le mouvement de retraite de la cavalerie. Ces trois corps d'armée se sont aperçus; leur marche converge vers le centre de la plaine; déjà la distance qui les sépare s'est tellement amoindrie, que de l'un à l'autre de ces corps, on voit miroiter au soleil les armures, les casques et le fer des lances. Les phalanges de Louis-le-Pieux, descendues les premières dans la plaine par les pentes du Men-Brèz firent halte, afin d'attendre des autres corps. Ces troupes démoralisées, décimées comme celles de Neroweg, ensuite de leur longue marche à travers des périls, des embûches de toutes sortes, reprenaient cependant courage. Elles allaient, cette fois, combattre en plaine, après avoir traversé cet immense plateau, que l'on pouvait mesurer des yeux dans toute son étendue; il ne devait cacher aucun piége; cette dernière bataille allait mettre fin à la guerre; les Bretons acculés dans la vallée de Lokfern seraient écrasés par des forces trois ou quatre fois supérieures aux leurs. Les premières cohortes des deux armées venant des bords de la rivière et de la forêt, allaient se confondre avec les troupes de Louis-le-Pieux… Soudain vers l'est d'où soufflait un vent sec et violent, de petits nuages de fumée, d'abord presque imperceptibles, s'élèvent, de loin en loin, sur les confins de la lande qui se prolongeait jusqu'à la dernière pente du Men-Brèz; puis ces points fumeux s'étendant, se reliant entre eux sur un développement de plus de deux lieues, forment peu à peu une immense ceinture de fumée noirâtre, rougie d'ardents reflets… Le feu vient d'être allumé en cent endroits à la fois par les Gaulois bretons dans les bruyères desséchées des landes de Kennor! Poussée par la violence de la bise, cette houle de flammes, embrassant bientôt l'horizon de l'est au midi, des versants du Men-Brèz à la lisière de la forêt, s'avance, rapide comme les grandes marées que le souffle du veut précipite encore… Épouvantés à la vue de ces flots embrasés qui arrivent sur leur droite avec la vitesse de l'ouragan, les Franks hésitent un moment: à leur gauche est une rivière profonde, derrière eux la forêt de Cardik, devant eux la pente du plateau qui s'abaisse vers la vallée de Lokfern; Louis-le-Pieux, se sauvant à toute bride dans la direction de cette vallée, donne à ses troupes le signal de la fuite, espérant sortir du plateau avant que les flammes, envahissant la lande entière, aient coupé tout passage à l'armée. La cavalerie, impatiente d'échapper au péril, rompt ses rangs, suit l'exemple du roi frank, traverse les cohortes d'infanterie, les culbute, leur passe sur le corps. Elles se débandent; le désordre, le tumulte, la terreur sont à leur comble: les flots de feu avancent, avancent toujours… La course la plus impétueuse ne saurait longtemps les devancer. L'immense nappe de feu atteint d'abord les soldats renversés, mutilés par le choc de la cavalerie, enveloppe ensuite le gros de l'armée; en un instant, les phalanges effarées sont dans la flamme jusqu'au ventre. Par la vaillance de nos pères! c'est l'enfer des damnés en ce monde! douleurs atroces! inouïes! gai spectacle pour l'œil d'un Gaulois breton! des cavaliers franks, bardés de fer, tombés de leurs chevaux, grillent dans leur armure rougie, comme tortues dans leurs écailles; des piétons font des sauts réjouissants pour échapper au flot embrasé; il les rejoint, les devance; leurs pieds, leurs jambes, brûlés jusqu'aux os ne peuvent plus les soutenir, ils s'affaissent, ils tombent dans la fournaise en poussant des hurlements affreux; des chevaux, malgré leur course haletante, sentant la flamme qui les poursuit dévorer leur flancs et leurs entrailles, deviennent furieux; frappés de vertige, ils se cabrent, se renversent sur leurs cavaliers; chevaux et cavaliers roulent au milieu du feu: les chevaux hennissent, les hommes gémissent ou hurlent; un immense concert d'imprécations, de cris de douleur et de rage, monte vers l'azur du ciel avec la flamme de ce magnifique hécatombe de guerriers franks! Oh! qu'elle était belle à voir, la lande de Kennor, rouge et fumante encore, une heure après son embrasement, qui avait mis en braise jusqu'aux racines des bruyères! Splendide brasier de trois lieues d'étendue! couvert de milliers de débris humains, informes, calcinés, chaude curée, au-dessus de laquelle tournoyaient déjà les bandes de corbeaux de la forêt de Cardik. Gloire à vous, Bretons! plus d'un tiers de l'armée des Franks a trouvé la mort dans les landes de Kennor.

 

– Quelle guerre! quelle guerre! – disait aussi Louis-le-Pieux. – Oui, guerre impitoyable, guerre sainte, trois fois sainte, d'un peuple qui défend sa liberté, sa famille, son champ, son foyer! O terre antique des Gaules! vieille Armorique! mère sacrée! tout devient arme pour tes rudes enfants! rochers, précipices, marais, bois, landes enflammées! O Bretagne à demi glacée par le poison mortel du souffle catholique! Bretagne trahie, frappée au cœur, frappée à mort par l'épée des rois franks, perdant ton généreux sang par la poitrine de tes enfants, tu subiras peut-être le joug des conquérants et des prêtres de Rome; mais les os de tes ennemis écrasés, noyés, brûlés dans cette lutte suprême, diront à nos descendants la résistance héroïque de la Gaule armoricaine!

LA VALLÉE DE LOKFERN

L'armée des Franks, décimée par l'incendie de la lande de Kennor, avait fui en désordre dans la direction de la vallée de Lokfern que dominait l'immense plateau où s'étaient réunis les trois corps de troupes. Échappée au désastre, emportée par l'impétuosité de sa course, une partie de la cavalerie franque, suivant Louis-le-Pieux dans sa course précipitée, arriva la première aux confins du plateau. Là, les cavaliers, poussés par la terreur, et ne songeant qu'à se dépasser les uns les autres, virent au-dessous d'eux, au pied du versant qu'il leur fallait descendre pour l'attaquer, la nombreuse cavalerie bretonne, rangée en bataille et commandée par Morvan et Vortigern, cavalerie rustique, mais intrépide, aguerrie et parfaitement montée. Les Franks, entraînés sur la pente rapide du vallon par la fougue de leurs chevaux, et ne pouvant les maîtriser, afin de se reformer en ordre d'attaque, s'élancèrent à toute bride en masses confuses, dans l'espoir d'écraser la cavalerie ennemie sous l'irrésistible élan de cette descente impétueuse; mais soudain se divisant en deux corps, commandés l'un par Morvan, l'autre par Vortigern, les cavaliers armoricains prirent la fuite à droite et à gauche, au lieu d'attendre les Franks. Le vaste espace qui s'étendait du pied de la colline à la rivière, se trouvant ainsi dégagé par la volte subite et rapide des Gaulois, les premiers rangs des Franks purent à grand'peine arrêter leurs chevaux à cent pas du bord de la Scoër. Alors Morvan et Vortigern, profitant du désordre des ennemis, successivement arrêtés par la largeur de la rivière, revinrent au combat, les prirent en flanc, à droite, à gauche, les chargèrent avec furie, et en firent un effroyable carnage, culbutant dans les eaux les Franks qui échappaient à leurs sabres ou à leurs haches. Pendant ce combat acharné, les débris de l'infanterie de Louis-le-Pieux, fuyant aussi la lande embrasée de Kennor, arrivèrent tour à tour en désordre; mais, ces troupes, se reformant en cohortes sur le sommet des versants de la vallée, s'élancèrent sur les cavaliers bretons d'abord vainqueurs, et, changeant la face du combat, cette réserve les écrasa sous le nombre; de l'autre côté de la rivière, leur dernière barrière, était rangée la rustique infanterie gauloise, laboureurs, bergers, bûcherons, armés de piques, de faux, de haches, les plus exercés portant l'arc et la fronde. Derrière eux, dans une enceinte défendue par des abattis de bois et des fossés, étaient rassemblés les femmes, les enfants des combattants; ces familles éplorées fuyant devant l'invasion, avaient emporté leurs objets les plus précieux, et attendaient dans une angoisse terrible l'issue de cette dernière bataille.

Pleure! pleure! Bretagne, et pourtant glorifie-toi! Tes fils écrasés par le nombre ont résisté jusqu'à la fin! tous sont tombés blessés ou morts en défendant leur liberté! La rivière était en un endroit guéable pour l'infanterie; le moine qui avait guidé Neroweg indiqua aux troupes de Louis-le-Pieux ce passage, et elles le traversèrent après l'extermination de la cavalerie de Morvan. Les Armoricains, rangés sur l'autre rive de la Scoër, défendirent héroïquement le terrain pied à pied, homme à homme, se repliant vers l'enceinte fortifiée, dernier refuge de leurs familles. Les soldats catholiques de Louis-le-Pieux, le catholique, marchant sur des monceaux de cadavres, assaillirent l'enceinte fortifiée dont tous les défenseurs étaient tués ou blessés. Les Franks, selon leur coutume, égorgèrent les enfants, violèrent les femmes et les filles dans le sang de leurs proches, les dépouillèrent et les emmenèrent esclaves dans l'intérieur de la Gaule. Ermold le Noir, un moine, compagnon de Louis-le-Pieux dans cette guerre impie (toujours les gens d'église), en a écrit le récit en vers latins. Il raconte de la sorte la mort de Morvan: « – Bientôt le bruit se répand que la tête du chef des Bretons a été apportée au roi des Franks. – Les Franks accourent en poussant des cris de joie pour contempler ce spectacle; – l'on se passe de main en main la tête sanglante de Morvan, horriblement déchirée par le glaive qui l'a séparée du tronc. —L'abbé Witchaire est appelé pour reconnaître si c'est bien celle du chef des Bretons. – Le moine jette de l'eau sur cette tête; – l'ayant lavée, il en écarte la longue chevelure et déclare qu'il reconnaît les traits de Morvan. – Ainsi la Bretagne, qui était perdue pour les Franks, est de nouveau placée sous leur dépendance[E].»

Vortigern, petit-fils d'Amael, a écrit ce récit de la guerre des Franks contre la Bretagne: laissé pour mort sur les rives de la Scoër, lorsqu'il a repris ses sens, un jour et une nuit s'étaient passés depuis la défaite des Bretons. Quelques druides chrétiens, guidés par Caswallan, qui, blessé, avait cependant échappé au massacre, vinrent sur le champ de bataille recueillir les blessés survivants. Vortigern fut de ce nombre; il apprit que sa sœur Noblède, femme de Morvan, et quelques autres femmes et jeunes filles réfugiées dans l'enceinte fortifiée, s'étaient donné la mort pour se soustraire aux outrages des Franks et à l'esclavage. Vortigern, après que l'abbé Witchaire avait eu quitté la maison de Morvan, afin d'aller annoncer à Louis-le-Pieux le refus des Gaulois armoricains au sujet du tribut qu'il exigeait d'eux, Vortigern était retourné avec sa femme et ses enfants, près de Karnak, pour y moissonner ses champs. La moisson faite, il laissa sa famille dans la maison de ses pères, et alla rejoindre Morvan afin de combattre l'armée de Louis-le-Pieux. Vortigern, à peine guéri de ses blessures, revint à Karnak, où il retrouva sa femme et ses enfants; les Franks n'avaient pas osé pousser leur invasion au delà des vallées de Lokfern, laissant l'Armorique ravagée, dépeuplée de ses plus courageux défenseurs, mais non soumise et n'attendant que le moment de se révolter de nouveau. Vortigern a joint cette légende aux autres récits de sa famille, ainsi que les deux pièces de monnaie karolingiennes, don de Thétralde, une des filles de Karl-le-Grand. Ce jour-ci, 20 novembre de l'année 818, les pieuses reliques de la famille de Joël se composent de la faucille d'or d'Hêna, de la clochette d'airain de Guilhern, du collier de fer de Sylvest, de la croix de Geneviève, de l'alouette de casque de Scanvoch, de la garde de poignard de Ronan le Vagre, de la crosse abbatiale de Bonaïk l'orfévre, et des pièces de monnaie karolingiennes de Vortigern.

FIN DES PIÈCES DE MONNAIE KAROLINGIENNES

Moi, fils aîné de Vortigern, j'écris ici la date de la mort de mon père. Je l'ai perdu hier, le cinquième jour du mois de février 889. – La Bretagne a vu de tristes temps et notre famille de plus tristes jours encore, par la division de mes deux frères: l'un a quitté notre pays pour s'en aller dans les pays du nord avec les pirates North-mans; le cœur me saigne à ces souvenirs, je n'ai ni le courage ni la volonté d'écrire ici ces lamentables récits; peut-être mon fils aîné, Gomer, aura-t-il un jour ce courage et cette volonté qui me manquent.