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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11

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LETTRE CCLXXVII

A M. MURRAY

Rome 5 mai 1817.

«Par ce courrier (ou par le premier, au plus tard), je vous envoie sous deux autres enveloppes le nouvel acte de Manfred; j'en ai refait la plus grande partie, et j'ai laissé ce qui n'était pas corrigé dans l'épreuve que vous m'avez envoyée: l'abbé est devenu un brave homme, et les esprits paraissent au moment de la mort. Vous trouverez, je crois, dans ce nouvel acte quelques bons vers par-ci par-là; – si vous en êtes content, imprimez-le d'après les corrections de M. Gifford, s'il veut bien avoir la bonté de l'examiner, et ne m'en envoyez plus les épreuves. Adressez, comme de coutume, toutes vos réponses à Venise: j'y serai de retour dans dix jours.

»J'espère que les Lamentations du Tasse, que je vous ai envoyées de Florence, vous sont parvenues. Je crois que ce sont de bonnes rimes, comme disait le papa de Pope à son fils quand il était enfant. – Pour cet ouvrage et pour le drame, vous me compterez (par la voie de Kinnaird) 600 guinées. – Vous serez peut-être surpris que je mette le même prix à ce dernier poème qu'au drame; mais, outre que je le juge bon, je me suis fait une loi de ne pas accepter moins de 300 guinées pour quoi que ce soit. Les deux réunis formeront une publication plus volumineuse que Parisina et le Siége de Corinthe; ainsi donc vous devez vous en trouver quitte à bon marché, c'est-à-dire si ces poèmes valent quelque chose, comme je le crois et l'espère.

»Je suis depuis quelques jours à Rome, cette merveille du monde. Je me suis occupé à voir, et n'ai fait autre chose, à l'exception de votre troisième acte. J'ai vu ce matin un pape en vie et un cardinal mort: Pie VII présidant aux funérailles du cardinal Bracchi, dont j'ai vu le corps exposé en parade dans la Chiesa Nuova. Rome m'a ravi plus que je ne l'avais été depuis Athènes et Constantinople, mais je n'y resterai pas long-tems cette fois. Adressez à Venise.

»Tout à vous,

»P. S. J'ai ici mes chevaux de selle, et je parcours la campagne de Rome à cheval.»

LETTRE CCLXXVIII

A M. MURRAY

Rome, 9 mai 1817.

«Adressez toutes vos réponses à Venise, car j'y serai de retour dans une quinzaine, s'il plaît à Dieu.

»Je vous ai envoyé de Florence les Lamentations du Tasse, et de Rome le troisième acte de Manfred: – j'espère que l'un et l'autre vous parviendront sans accident. Je vous ai parlé du prix de ces deux ouvrages dans ma dernière; et je vous le répèterai ici, ce sera 300 guinées pour chacun, autrement dit 600 pour les deux, c'est-à-dire si cela vous convient, et s'ils valent quelque chose.

»Enfin un des paquets est arrivé. Dans les notes de Childe Harold, il y a une erreur de vous ou de moi. – Il est question de mon arrivée à Saint-Gingo, et, immédiatement après, il est dit: «Sur la hauteur, on voit le château de Clarens;» c'est une grande bévue: – Clarens est de l'autre côté du lac, et il est totalement impossible que j'aie dit une pareille sottise. Consultez le manuscrit, et, dans tous les cas, rectifiez cela.

»J'ai lu avec grand plaisir les Contes de mon Hôte, et je comprends maintenant très-bien pourquoi ma sœur et ma tante sont tellement convaincues de la fausse opinion que j'en suis l'auteur. Si vous me connaissiez aussi bien qu'elles me connaissent, vous seriez peut-être tombé dans la même erreur; un jour ou l'autre, que j'en aurai le loisir, je vous expliquerai le pourquoi. – À présent, la chose est assez indifférente; – mais vous avez dû trouver cette méprise très-singulière, et moi aussi avant d'avoir lu cet ouvrage. La lettre que Croker vous adresse est très-flatteuse: je vous la renverrai dans ma première.

»Il paraît que vous publiez une vie de Raphaël d'Urbin. – Vous serez peut-être bien-aise de savoir que les artistes allemands qui sont ici laissent croître leurs cheveux, et les arrangent à la mode de ce grand peintre, imitant ainsi les disciples du grand philosophe, qui buvaient comme lui du cummin: s'ils coupaient leurs cheveux pour en faire des pinceaux, et qu'ils se missent à peindre comme lui, ce serait un meilleur moyen de lui ressembler.

»Que je vous raconte une histoire. L'autre jour, un homme, un Anglais qui est ici, prenant les statues de Charlemagne et de Constantin, qui sont équestres, pour celles de saint Pierre et saint Paul, demanda à quelqu'un lequel des deux était Paul? Voici la réponse qu'on lui fit: «Je croyais, monsieur, que Paul n'était plus remonté à cheval après son accident.»

»En voici une autre. Henri Fox écrivant de Naples l'autre jour à quelqu'un, après une maladie qu'il vient de faire, ajoute: «Et je suis si changé, que les plus anciens de mes créanciers ne me reconnaîtraient pas.»

»Je suis enchanté de Rome, comme je serais enchanté d'un bijou: c'est une belle chose à voir, plus belle que la Grèce elle-même, mais je n'y suis pas resté assez long-tems pour y être attaché comme résidence, et il faut que je retourne en Lombardie, car je suis malheureux d'être séparé de Marianna. J'ai monté tous les jours mes chevaux de selle; – j'ai été à Albano, aux lacs, sur la cime du mont Albain, à Frescati, à Aricia, etc., etc., etc.; enfin dans la ville et aux alentours de la ville, pour la description de laquelle je vous renvoie au Guide du Voyageur. Comme ville ancienne et moderne, elle l'emporte sur Constantinople et la Grèce, sur tout enfin, du moins sur tout ce que j'ai vu. Mais je ne puis décrire mes premières impressions, parce qu'elles sont toujours vives et confuses, et que ma mémoire ensuite y fait un choix et y met de l'ordre, de même que la distance dans un paysage fond mieux les teintes, quoiqu'elle les rende plus vagues. Nous devrions avoir un sens ou deux de plus que nous n'en possédons, nous autres mortels; là où il y a beaucoup à embrasser, nous sentons toujours notre insuffisance, et tout ce qui manque à notre intelligence en étendue et en hauteur. J'ai reçu une lettre de Moore qui éprouve quelque inquiétude au sujet de son poème: je ne vois pas pourquoi.

»J'en ai eu une aussi de ma pauvre chère Augusta qui est dans un grand tourment à cause de ma dernière maladie. Dites-lui, je vous prie, que je me porte aussi bien que jamais (ce qui est la vérité), que je jouis d'un superflu de santé presque importun, et suis en train de devenir (si je ne le suis déjà) gros et joufflu, ce qui m'attire d'impertinens complimens sur ma mine robuste, tandis que je devrais être pâle et intéressant.

»Vous me dites que Georges Byron a un fils, et Augusta dit une fille: lequel des deux? Au surplus, cela ne fait pas grand'chose. Le père est un brave homme et un excellent officier-qui a épousé une très-gentille petite femme qui lui donnera plus d'enfans que d'écus; – cependant elle a eu une assez belle dot, et c'était une charmante fille: – ce qui n'empêche pas que Georges fera bien d'obtenir le commandement d'un vaisseau.

»Je n'ai aucune idée d'aller vous voir de quelque tems, pour peu que je puisse éloigner les affaires. Si je pouvais seulement vendre Newsteadt d'une manière passable, mon retour deviendrait inutile, et je puis très-sincèrement vous assurer que je suis beaucoup plus heureux (du moins que je l'ai été beaucoup plus) depuis que je suis hors de votre île que pendant que je l'habitais.

»Toujours tout à vous.

»P. S. Il y a peu d'Anglais ici; mais parmi ceux qui y sont, j'ai rencontré quelques-unes de mes connaissances, entre autres le marquis de Lansdowne, avec lequel je dîne demain. J'ai rencontré les Jerseys sur la route de Foligno: – ils sont tous en bonne santé.

»Oh! j'oubliais! On a imprimé Chillon en Italie, etc., etc.: c'est une piraterie. – C'est une jolie petite édition, plus jolie que la vôtre, et qui, à mon grand étonnement, était publiée à mon arrivée ici. – Ce qui est plus singulier encore, c'est que l'anglais en est très-correctement imprimé. – Dans quelle intention cela a-t-il été fait, et par qui? c'est ce que je ne saurais vous dire, – mais le fait est exact. Je présume que c'est pour les Anglais qui sont ici: je vous en enverrai un exemplaire.»

LETTRE CCLXXIX

A M. MOORE

Rome, 12 mai 1817.

«J'ai reçu votre lettre ici, où j'ai fait une promenade, mais je retourne à Venise dans quelques jours, de sorte que, si vous m'écrivez, il faudra y adresser vos lettres. Je n'irai pas en Angleterre sitôt que vous le pensez, et je ne songe nullement à en faire ma résidence. Si vous traversez les Alpes dans votre expédition projetée, vous me trouverez dans quelque coin de la Lombardie, et bien content de vous voir. Seulement écrivez-moi d'avance un mot, car je ferai volontiers quelques lieues pour aller au-devant de vous.

»Je ne vous dirai rien de Rome, elle est impossible à décrire, et le Guide du Voyageur est aussi bon que tout autre livre. J'ai dîné hier avec lord Lansdowne qui est sur son retour. Il y a peu d'Anglais ici à présent, l'hiver est leur saison. Je suis monté à cheval tous les jours depuis que je suis ici; c'est ainsi que j'ai passé la plus grande partie de mon tems à l'examiner, comme je l'avais fait de Constantinople; mais Rome est la sœur aînée et la plus belle des deux. Je suis allé il y a quelques jours sur le haut du mont Albain, qui est superbe. Quant au Colisée, au Panthéon, à Saint-Pierre, au Vatican, au mont Palatin, etc., etc., – voyez, comme je l'ai déjà dit, le Guide du Voyageur. C'est incompréhensible, il faut voir cela. – L'Apollon du Belvédère est l'image de lady Adélaïde Forbes; je n'ai jamais vu une telle ressemblance.

»J'ai vu un pape en vie et un cardinal mort, qui tous deux avaient vraiment très-bonne mine; le dernier était exposé en parade dans la Chiesa Nuova, avant ses funérailles.

»Vos craintes poétiques sont sans fondement; – continuez et prospérez. Voici Hobhouse qui entre et qui m'annonce que mes chevaux m'attendent à la porte; il faut donc que je parte pour aller visiter le Campus Martius qui, par parenthèse, est tout couvert des bâtimens de Rome la moderne.

 

»Tout à vous sincèrement et à jamais.

»P. S. Hobhouse vous présente ses souvenirs, et est, comme tout le monde, plein d'impatience de voir paraître votre poème.»

LETTRE CCLXXX

A M. MURRAY

Venise, 30 mai 1817.

«Je suis de retour de Rome depuis deux jours, et j'ai reçu votre lettre; mais je n'ai eu aucune nouvelle du paquet que vous me dites avoir envoyé par sir C. Stuart. Après un intervalle de plusieurs mois, un paquet contenant les Contes de mon Hôte m'est arrivé à Rome; mais voilà tout ce qui m'est parvenu et me parviendra peut-être jamais de ce genre. – La poste me paraît la seule voie de transport qui soit sûre, et ce n'est que pour les lettres. Je vous ai envoyé de Florence un poème sur Tasso, et de Rome, le nouveau troisième acte de Manfred; j'ai remis aussi au docteur Polidori deux portraits pour ma sœur. En partant de Rome je suis venu ici sans m'arrêter; – vous continuerez donc d'adresser vos lettres comme à l'ordinaire. M. Hobhouse est allé à Naples, j'y aurais été aussi passer une semaine, si je n'avais entendu dire qu'il s'y trouvait une foule d'Anglais. Je préfère les haïr de loin, à moins que je ne fusse sûr qu'il survînt un tremblement de terre ou une bonne éruption du Vésuve pour me réconcilier avec leur voisinage...........

»La veille de mon départ de Rome j'ai vu guillotiner trois voleurs. Cette cérémonie qui présente à nos yeux des prêtres masqués, les bourreaux à demi nus, les criminels les yeux bandés, le Christ en deuil avec sa bannière, l'échafaud, les soldats, la procession marchant d'un pas lent, enfin le mouvement précipité de la hache et sa lourde chute, le jaillissement du sang et la paleur horrible de ces têtes exposées, toute cette cérémonie, dis-je, produit une impression bien plus profonde que le supplice vulgaire et ignoble de la potence avec toutes ses agonies, qu'on inflige en Angleterre aux victimes de la loi. Deux de ces hommes se comportèrent avec assez de calme; mais le premier des trois mourut avec beaucoup de répugnance et de terreur. Une chose horrible, c'est qu'il ne voulut pas se coucher, puis ensuite que sa tête se trouva trop grosse pour l'ouverture, et le prêtre fut obligé de couvrir ses cris par des exhortations encore plus bruyantes. La tête tomba avant que l'œil pût suivre le coup; mais, par suite de l'effort qu'il avait fait pour la rejeter en arrière, quoiqu'elle fût tenue en avant par les cheveux, elle fut coupée rase aux oreilles. Les deux autres furent plus nettement enlevées. Cette coutume vaut mieux que celle qu'on observe en Orient, et je la crois préférable aussi à la hache de nos ancêtres. L'exécution est accompagnée de peu de douleur, et cependant l'effet qu'elle produit sur le spectateur, ainsi que les préparatifs qui entourent le criminel, est de le frapper de terreur et de le glacer d'effroi. La vue du premier de ces hommes me donna une espèce de fièvre, je brûlais, j'avais soif, et je tremblais tellement que je ne pouvais plus tenir la lorgnette (j'étais peu éloigné de l'échafaud, mais résolu à voir attentivement ce qui se passait, par la raison qu'il faut tout voir une fois dans sa vie;) le second et le troisième, j'ai honte de le dire (et cela prouve d'une manière effrayante combien vite on s'accoutume à tout), ne me firent plus éprouver de sensation d'horreur, quoique je les eusse sauvés si je l'avais pu.

»Tout à vous, etc.»

LETTRE CCLXXXI

A M. MURRAY

Venise, 4 juin 1817.

«J'ai reçu les épreuves des Lamentations du Tasse, ce qui me fait espérer que vous avez aussi reçu le troisième acte refait de Manfred que je vous ai envoyé de Rome presqu'aussitôt mon arrivée dans cette ville. La date de cette lettre vous apprendra que je suis de retour ici depuis quelques jours; quant à moi, de tous vos paquets, il ne m'est parvenu, après un long intervalle, que les Contes de mon Hôte, dont je vous ai déjà accusé la réception. – Je ne comprends pas du tout le pourquoi, mais le fait est tel; – point de manuel, point de lettres ni de poudre à dents, pas d'extrait du Voyage en Italie de Moore sur Marino Faliero, point de rien, – comme le criait un jour un homme à une des élections de Burdett, après de longs hurlemens de: Pas de Bastille, pas de gouvernans, pas de-Dieu sait encore quoi ou qu'est-ce; mais son nec plus ultra fut pas de rien! Et j'en peux dire autant à propos de vos paquets. J'ai un grand besoin de l'extrait de Moore, et de la poudre à dents et de la magnésie, – je ne suis pas si pressé quant à la poésie, aux lettres ou à la tragédie irlandaise de M. Mathurin. La plupart des choses que vous avez envoyées par la poste sont arrivées; je veux dire les épreuves et les lettres: ainsi donc envoyez-moi l'extrait relatif à Marino Faliero dans une lettre par la poste.

»J'ai été enchanté de Rome; aussi en ai-je parcouru les environs plusieurs heures par jour à cheval, tandis que le reste de mon tems se passait à admirer ses merveilles dans l'intérieur. J'ai fait des excursions dans toutes les campagnes environnantes, à Albe, Tivoli, Frescati, Licenza, etc., etc. En outre j'ai été deux fois à la cascade de Terni, qui surpasse tout ce qu'on peut imaginer; en m'en revenant dans le voisinage du temple et sur les bords du Clitumnus, j'ai mangé des fameuses truites de cette rivière, le plus joli petit ruisseau que la poésie ait jamais célébré et qui est entre Foligno et Spolette près de la première poste. Je ne me suis pas arrêté à Florence, étant pressé de retourner à Venise, et ayant déjà vu les galeries et tout ce qu'il y a à voir. J'ai remis mes lettres de recommandation le soir d'avant mon départ, de sorte que je n'ai vu personne.

»Aujourd'hui Pindemonte, le célèbre poète de Vérone, est venu chez moi; c'est un petit homme maigre, qui a la physionomie pénétrante et agréable, les manières douces et polies; au total son aspect est très-philosophique: il peut avoir soixante ans, peut-être plus. C'est un de leurs meilleurs poètes actuels. Je lui ai donné Forsyth, car il parle, ou, pour mieux dire, il lit un peu l'anglais, et il y trouvera un compte favorable rendu de lui-même. Il s'est informé de ses anciens amis de la Crusca, Parsons, Greathead, Mrs. Piozzi et Merry, qu'il avait tous connus dans sa jeunesse. – Je lui en ai dit tout ce que j'en savais, lui répondant comme le faux Salomon Lob à Totterton dans la comédie: qu'ils étaient tous morts, et condamnés à l'oubli par une satire publiée il y a plus de vingt ans; que le nom de leur exterminateur est Gifford; enfin, qu'ils n'étaient, à tout prendre, qu'une triste bande d'écrivassiers, et ne valaient pas grand'chose, sous d'autres rapports. Il a paru, comme de juste, très-satisfait de ces détails sur ses anciennes connaissances, et s'en est allé enchanté de ce qu'il venait d'apprendre, et du sentencieux éloge que M. Forsyth a fait de lui. Après avoir été un peu libertin dans sa jeunesse, il est devenu dévot, et marmotte des prières pour empêcher le diable d'approcher; mais cela n'empêche pas qu'il ne soit un joli petit vieillard.

»J'ai oublié de vous dire qu'à Bologne (qui est célèbre par ses papes, ses peintres et ses saucissons), j'ai vu une galerie d'anatomie où il y a beaucoup d'ouvrages en cire, parmi lesquels.........

»Donnez-moi des nouvelles de Lalla Rookh qui doit avoir paru.

»Je vous renvoie les épreuves, mais la ponctuation a besoin d'être corrigée; – je me sens trop paresseux pour le faire moi-même, priez donc en grâce M. Gifford de s'en charger pour moi. Adressez toujours vos lettres à Venise. Dans quelques jours j'irai dans ma villeggiatura 73; c'est un casino auprès de la Brenta, à quelques milles de la terre ferme. J'ai résolu de passer ici une autre année et plusieurs années même si je puis en disposer. Marianna est auprès de moi, à peine rétablie de la fièvre qui a ravagé toute l'Italie l'hiver dernier, je crains qu'elle n'ait quelque tendance à la phthisie, cependant j'espère pour le mieux.

»Toujours, etc.

»P. S. Torwaltzen a fait un buste de moi à Rome pour M. Hobhouse, qu'on trouve généralement très-beau. C'est le premier sculpteur après Canova, auquel il est des gens qui le préfèrent.

Note 73: (retour) Maison de campagne.

»J'ai reçu une lettre de M. Hodgson qui est très-heureux; il a obtenu un bénéfice, mais n'a pas d'enfans. S'il était resté dans sa cure, les marmots n'auraient pas manqué d'arriver comme de raison, parce qu'il n'aurait pas eu de quoi les nourrir.

»Rappelez-moi à tous nos amis, etc., etc.

»Un officier autrichien, amoureux d'une Vénitienne, reçut l'ordre, l'autre jour, de partir avec son régiment pour la Hongrie. Égaré par les combats de l'amour et du devoir, il acheta du poison qu'il partagea avec sa maîtresse et qu'ils avalèrent tous deux. Les douleurs qui s'en suivirent furent horribles; mais les pilules n'étaient que purgatives et non empoisonnées, par suite de la prévoyance de l'apothicaire peu sentimental, de sorte que ce fut un suicide de perdu. Vous concevrez facilement le désordre qui régna d'abord, et puis qu'on finit par en rire. Néanmoins l'intention y était des deux côtés.»

LETTRE CCLXXXII

A M. MURRAY

Venise, 8 juin 1817.

«La présente vous sera remise par deux moines arméniens qui vont en Angleterre s'embarquer pour Madras. Ils vous porteront aussi quelques exemplaires de la grammaire que vous êtes, à ce qu'il me semble, convenu de prendre. Si vous pouvez leur être de quelque utilité parmi vos connaissances attachées à la Marine ou à la Compagnie des Indes, j'espère que vous ne vous refuserez pas à m'obliger sur ce point, car ils ont eu pour moi, ainsi que tout leur ordre, beaucoup d'attention et de bienveillance depuis mon arrivée à Venise. Voici leurs noms: le père Sukias Somalien, et le père Sarkis Théodorosien. Ils parlent italien, et probablement français ou un peu anglais. Je vous réitère vivement ma prière à leur égard, et vous prie de me croire votre très-sincèrement dévoué, BYRON.

»Peut-être pourrez-vous faciliter leur passage, et leur donner ou leur procurer des lettres pour l'Inde.»

LETTRE CCLXXXIII

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 4 juin 1817.

«Je vous écris des bords de la Brenta, à quelques milles de Venise, où je me suis établi pour six mois. Adressez vos lettres, comme à l'ordinaire, à Venise.

»Je vous renvoie l'épreuve du Tasse. A propos, n'avez-vous jamais reçu une traduction de St. – Paul, que je vous ai fait passer (non pour être publiée pourtant) avant mon voyage à Rome?

»Je suis maintenant sur la Brenta. – En face de moi, demeure un marquis espagnol, âgé de quatre-vingt-dix ans; le casino voisin du sien est habité par un Français; puis viennent les natifs; de sorte que, comme le disait quelqu'un l'autre jour, nous sommes absolument comme cette comédie de Goldoni (la Vedova Scaltra), où un Espagnol, un Anglais et un Français sont représentés ensemble. – Au surplus, nous vivons tous en bons voisins, Vénitiens et le reste.

»Je vais monter à cheval pour faire ma promenade du soir, et rendre visite à un médecin qui a une aimable famille, composée de sa femme et de quatre filles non mariées, au-dessous de dix-huit ans. Ils sont amis de la signora S***, et ennemis de personne. Il y a et doit y avoir, d'ailleurs, des conversazioni, etc., etc., chez une comtesse Labbia, et je ne sais chez qui encore. Le tems est doux; le thermomètre a été aujourd'hui à cent-dix degrés au soleil, et à quatre-vingts et tant à l'ombre.

»Votre, etc.»

N.