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Œuvres complètes de lord Byron, Tome 11

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LETTRE CCLXXXIV

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 17 juin 1817.

«J'ai appris avec grand plaisir le succès de Moore, et d'autant que je n'ai jamais douté un moment qu'il ne fût complet. Rien ne saurait m'être plus agréable que le bien que vous pouvez avoir à me dire de lui ou de son poème; – je suis très-impatient de le recevoir. J'espère que sa gloire et les avantages qu'il en retire le rendent aussi heureux que je désire qu'il le soit. Je ne connais personne qui le mérite davantage, ou même autant.

»Vous vous occupez du troisième chant. Je n'ai encore fait ni projeté aucun plan pour la continuation de ce poème. Je suis resté trop peu de tems à Rome pour cela, et je n'ai aucune idée d'y retourner… ........................

»Je ne puis pas bien vous expliquer par lettre l'origine de l'idée que Mrs. Leigh avait conçue sur les Contes de mon Hôte; mais c'est à propos de quelques traits de caractère de sir É. Mauley et de Burley, et peut-être aussi à cause d'un ou deux morceaux burlesques qui s'y trouvent.

»Si vous avez reçu le docteur Polidori aussi bien qu'une liasse de livres, et que vous puissiez lui être utile, n'y manquez pas, je vous prie. Rien ne m'a jamais autant dégoûté dans la nature humaine, que les éternelles sottises, les tracasseries sans fin, la frivolité, le mauvais caractère et la vanité de ce jeune homme; mais il a quelque talent, et c'est un homme d'honneur. D'ailleurs, il a des dispositions à se corriger, ce à quoi il a été déjà aidé par quelque peu d'expérience, et il peut bien tourner. Ainsi donc employez votre crédit pour lui auprès du ministère; car il s'est déjà amendé, et il est susceptible de le faire encore.

»Votre, etc., etc.»

LETTRE CCLXXXV

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 18 juin 1817.

«Ci-incluse est une lettre de Pindemonte, pour le docteur Holland. Ne sachant pas son adresse, je suis chargé de m'en informer; et comme c'est un littérateur, vous découvrirez peut-être sa retraite dans le voisinage de quelque cimetière populeux. Je vous ai écrit une lettre de gronde, et à propos d'un passage de votre lettre que j'ai mal compris, je crois; mais c'est égal, cela servira pour la première fois, car je suis bien sûr que vous le mériterez. En parlant de docteur, cela me fait souvenir de vous en recommander un qui ne se recommandera pas par lui-même, c'est le docteur Polidori. – Si vous pouvez lui faire trouver un éditeur, faites-le; – si vous avez quelque parent malade, je vous conseille de le lui faire soigner. Tous les malades qu'il a eus en Italie sont morts; savoir: le fils de M. ***, M. Horner et lord G***, qu'il a embaumé avec beaucoup de succès à Pise.

»Rappelez-moi à Moore, que je félicite. Comment se porte Rogers? et qu'est devenu Campbell et tous les autres de l'ordre des Druides? J'ai reçu la Folie de Maturin, mais pas d'autre paquet, et j'ai des attaques de nerfs d'impatience, à force d'attendre la poudre à dent et la magnésie. J'ai besoin aussi des poudres de Soda de Burkitt. Voulez-vous dire à M. Kinnaird, que je lui ai écrit deux fois relativement à des affaires pressantes (il s'agit de Newsteadt, etc., etc.), dont je le prie humblement de s'occuper. – Je viens en ce moment de galopper sur les bords de la Brenta; – le moment choisi est le coucher du soleil.

»Votre, etc., etc.»

LETTRE CCLXXXVI

A. M. MURRAY

La Mira, près Venise, 1er juillet 1817.

«Depuis ma dernière, j'ai donné à mes impressions la forme d'un quatrième chant de Childe Harold; dont j'ai ébauché à peu près une trentaine de stances; j'ai l'intention de continuer, et de faire probablement de cette boutade, la conclusion du poème, de sorte que vous pourrez annoncer vers l'automne le tirage de la conscription pour 1818. Il faudra que vous songiez à vous pourvoir d'argent, cette nouvelle reprise vous présageant certains déboursemens. Vers la fin de septembre ou d'octobre, je présume que je serai sous presse; mais je n'ai encore aucune idée de la longueur, ou du calibre de ce chant, ni de ce qu'il pourra valoir. Quoi qu'il en soit, je me propose d'être aussi mercenaire que possible: exemple que j'aurais dû suivre dans ma jeunesse (je ne veux pas désigner par là aucun individu particulier, et moins encore aucune personne de notre connaissance); mais si j'en eusse ainsi agi, j'aurais pu être un homme fort heureux.

»Pas de poudre à dents, pas de lettres, aucunes nouvelles récentes de vous.

»M. Lewis est à Venise, et je vais y aller passer une semaine avec lui. – Un de ses enthousiasmes aussi est d'aimer cette ville. -

J'étais à Venise sur le Pont des Soupirs, etc.

Le pont des soupirs (il Ponte dei Sospiri) est celui qui sépare, ou plutôt qui joint le palais du doge à la prison d'état. Il a deux passages; – le criminel alla au tribunal par l'un, et revint par l'autre à la mort, ayant été étranglé dans une chambre adjacente, où il y avait un procédé mécanique pour cela.

»Je vous ai commencé la première stance de notre nouveau chant; maintenant voyons un vers de la seconde:

Venise ne répète plus les échos du Tasse, et le muet gondolier fend la vague en silence; ses palais, etc.

»Vous savez qu'autrefois les gondoliers chantaient toujours, et que la Jérusalem du Tasse était le sujet de leurs chants. Venise est bâtie sur soixante et douze îles.

»Voyez! voici une des briques de votre nouvelle Babel, et maintenant, mon homme, que dites-vous de l'échantillon?

»Votre, etc., etc.

»P. S. Je vous récrirai bientôt.»

LETTRE CCLXXXVII

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 8 juillet 1817.

«Si vous pouvez remettre l'incluse à son adresse, ou découvrir la personne à qui elle est adressée, vous obligerez le créancier Vénitien d'un Anglais décédé. Cette lettre est pour son héritier, en réclamation du loyer d'une maison. Le nom du défunt insolvable est ou était Porter Valter, suivant le dire du plaignant; ce que je soupçonne plutôt être Walter Porter, d'après notre manière d'arranger les choses. Si vous connaissez quelque mort du même nom, bien endetté, déterrez-le nous, je vous prie, et dites-lui qu'il faut «une livre de sa bonne chair,» ou les ducats, et fi de votre loi, si vous nous les refusez 74!»

Note 74: (retour) Citation du Marchand de Venise de Shakespeare.

»Je n'entends plus parler du poème de Moore, ni de Rogers, ni de nos autres phénomènes littéraires; mais demain étant jour de courrier, je recevrai peut-être quelques nouvelles. Je vous écris au milieu de gens qui parlent vénitien tout autour de moi; aussi ne faut-il pas vous attendre à ce que ma lettre soit tout anglaise.

»L'autre jour j'ai eu une querelle sur le grand chemin, comme vous allez voir. Je m'en revenais chez moi, à cheval et assez vite de Dolo, vers les huit heures du soir, lorsque je passai à côté d'un carrosse de louage, contenant une société de gens dont l'un, passant sa tête à travers la portière, commença à crier après moi d'une manière inarticulée, mais des plus insolentes. Je fis faire un tour à mon cheval, et rejoignant la voiture, je l'arrêtai en demandant: «Signor, désirez-vous quelque chose de moi? – Non,» me répondit-il d'un ton tout-à-fait impudent. – Je lui demandai ensuite ce que signifiait ce tapage indécent dont il incommodait les passans. Il me répliqua quelque impertinence à laquelle je ripostai par un violent soufflet. Je mis alors pied à terre, car ceci se passait à la portière du carrosse, moi étant à cheval, et ouvrant la voiture, je le priai de sortir s'il ne voulait en avoir un autre. Mais il était satisfait du premier, et voulut s'en tenir à des paroles et des blasphêmes dont il me lâcha une bordée, jurant qu'il irait à la police, et déclarerait avoir été assailli sans provocation. – Je lui dis qu'il en avait menti, et qu'il était un… et que, s'il ne se taisait, je le ferais sortir de la voiture, et le battrais de nouveau. Ceci lui fit garder le silence. Je lui appris alors mon nom et ma demeure, et le défiai à mort, qu'il fût gentilhomme ou non, pourvu qu'il eût assez de cœur pour accepter le combat. Il préféra aller à la police. Mais comme nous avions eu des témoins sur la route, entr'autres un soldat qui avait vu toute l'affaire, ainsi que mon domestique, considérant qu'il avait été l'agresseur, sa plainte fut renvoyée, malgré les sermens du cocher et des cinq individus que renfermait la voiture, et après beaucoup de frais des deux côtés: je fus ensuite informé que, si je ne lui avais pas donné de coups, j'aurais pu le faire mettre en prison.

»Ainsi, mettez sur vos tablettes, que jadis dans Alep, je battis un Vénitien; mais je vous assure qu'il le méritait bien, car je suis un homme paisible comme Candide, quoique mon étoile, comme la sienne, me force de tems à autre à renoncer à ma douceur naturelle.

»Votre, etc., etc.»

B.

LETTRE CCLXXXVIII

A M. MURRAY

Venise, 9 juillet 1817.

«J'ai l'analyse et les extraits de Lalla Rookh, qui, dans mon humble opinion, écrasera ***, et montrera à nos jeunes messieurs, qu'il faut quelque chose de plus que d'être monté sur la bosse d'un chameau, pour écrire un bon poème oriental. Je suis très-satisfait de ce que j'ai vu du plan, ainsi que des extraits, et je meurs d'impatience d'avoir le tout.

»Quant à la critique de Manfred, dans votre maudite précipitation, vous ne m'en avez envoyé que la moitié: – cela s'arrête à la page 294. – Faites-moi passer le reste, ainsi que la page 270, où l'on rapporte la prétendue origine de cette terrible histoire; quoique, par parenthèse, quels que soient ces conjectures et celui qui les a faites, il m'est prouvé qu'il n'y est pas et n'entend rien à la chose. J'en ai été chercher l'origine plus haut qu'il ne pourra jamais le concevoir ou le deviner.

 

»Vous ne me dites rien de la manière dont Manfred est reçu dans le monde, et je ne m'en soucie guère: – c'est, quoi qu'on en puisse dire, un des meilleurs de mes enfans bâtards.

»J'ai enfin reçu un extrait, mais pas de paquets; ils arriveront, je présume, un jour ou l'autre. Je suis venu passer un jour ou deux à Venise pour me baigner, et je vais, de ce pas, me jeter dans l'Adriatique; ainsi donc, bonsoir, – la poste presse.

»Votre, etc., etc.

»P. S. Dites-moi, je vous prie, le discours de Manfred au soleil a-t-il été conservé dans le troisième acte? Je l'espère, car c'est une des meilleures choses de l'ouvrage, et supérieure au Colosseum. J'ai fait, cinquante-six stances du quatrième chant de Childe Harold; ainsi préparez vos ducats.»

LETTRE CCLXXXIX

A M. MOORE

La Mira, près Venise, 10 juillet 1817.

«Murray, le Mokanna des libraires, a trouvé moyen de m'envoyer par la poste quelques extraits de Lalla Rookh. Ils sont tirés d'une Revue, et contiennent une courte analyse, et des citations des deux premiers poèmes. Je suis enchanté de ce que j'ai devant moi, et très-avide du reste. Vous ayez saisi les couleurs comme si vous eussiez été sous l'arc-en-ciel, et la teinte orientale y est parfaitement observée.

»Je vous soupçonne donc de nous avoir donné là une composition diablement belle, et je m'en réjouis du fond du cœur; car les Douglas et les Percy peuvent affronter tous deux le monde entier sous les armes. J'espère que vous ne serez pas offensé, si je regarde vous et moi comme oiseaux du même plumage, quoique, sur quelque sujet que vous eussiez pu écrire, j'eusse éprouvé une véritable satisfaction de vos succès.

»Il y a une comparaison entre les fleurs et les fruits d'un oranger, qui m'aurait plu davantage si je n'avais pas cru y voir une allusion à..........................

»Vous rappelez-vous le poème de Thurlow à Sam, «Quand Rogers;» et ce maudit souper de Rancliffe, qui devait être un dîner. – «Ah! maître. Shallow, nous avons entendu le carillon de la cloche à minuit.» – Mais ma barque attend sur le rivage, elle va bientôt mettre à la mer; mais avant de partir, Tom Moore, que je te porte une double santé!

Ce soupir est pour ceux qui m'aiment, ce sourire pour ceux qui me haïssent, et maintenant, quel que soit le ciel qui doive couvrir ma tête, je porte un cœur préparé à tous les coups du sort.

L'Océan, mugissant autour de moi, ne m'emportera pas moins sur son sein, et le désert qui m'environnera de sa vaste solitude, a des sources auxquelles il est possible d'arriver.

Dussé-je ne plus trouver que la dernière goutte de cette fontaine en approchant, haletant, de ses bords avant que mon courage défaillant succombât, c'est encore à toi que je boirais.

Avec cette eau, comme avec le vin qui remplit mon verre, la libation que je t'offrirais serait: Paix à toi et aux tiens, et à ta santé, Tom Moore.

»Ceci aurait dû être écrit il y a quinze mois, comme l'a été la première stance. Je viens de nager une heure dans l'Adriatique, et je vous écris ayant devant moi une jeune Vénitienne aux yeux noirs, lisant Boccace.

»Le moine Lewis 75 est ici. Comme c'est agréable 76! C'est un bien bon enfant, et qui vous est tout dévoué. Ainsi l'est Sam, ainsi l'est tout le monde, et parmi le nombre,

»Votre, etc., etc.»

»P. S. Que-pensez-vous de Manfred?

Note 75: (retour) Lewis, l'auteur du fameux roman du Moine.(Note du Trad.)

Note 76: (retour) Allusion, comme il s'en trouve beaucoup dans ces lettres, à quelque anecdote qui l'avait amusé.(Note de Moore.)

LETTRE CCXC

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 15 juillet 1817.

«J'ai fini (c'est-à-dire j'ai grifonné, car la lime ne vient qu'après) quatre-vingt-dix-huit stances du quatrième chant, dont je me propose de faire le dernier. Il sera probablement environ de la même longueur que le troisième, qui a lui-même à peu près la même étendue que le premier et le second. Il y a quelques passages que je juge très-bons, c'est-à-dire si les autres chants le sont: c'est ce que nous verrons. Quoi qu'il en soit, bon ou mauvais, il est d'un genre différent du dernier et moins métaphysique, ce qui, dans tous les cas, sera une variété. Je vous ai envoyé l'autre jour le fût d'une colonne comme échantillon de l'édifice (voyez le commencement de la première stance), ainsi vous pouvez compter sur son arrivée vers l'automne, dont les vents ne seront pas les seuls à se déchaîner, si tant est que ledit chant soit prêt à cette époque.

»J'ai prêté à Lewis, qui est à Venise (dans ou sur le Canallaccio, le Grand Canal), vos extraits de Lalla Rookh et Manuel 77; et, par esprit de contradiction, il se peut que ce dernier ouvrage lui plaise, et qu'il ne soit pas très-ravi de l'autre. Pour moi, je pense que Manuel, à l'exception de quelques passades, est aussi pesant que le plus terrible cauchemar qui ait jamais pesé sur mon estomac après une mauvaise digestion.

Note 77: (retour) Tragédie de M. Maturin.

»Pour les extraits, je ne puis les juger que comme extraits, et je préfère la Péri au Voile d'argent. Sa versification ne me paraît pas si facile dans le Voile d'argent, et on dirait qu'il est un peu embarrassé de sortir de toutes ces horreurs; mais la conception du caractère de l'imposteur est très-belle, et le plan est vaste pour son génie. Au total, je ne doute pas que l'ensemble n'ait la couleur vraiment arabe et ne soit très-beau.

»Votre dernière lettre n'est pas très-abondante en nouvelles; et aucune autre encore ne l'ayant suivie, il en résulte que je ne sais rien de vos affaires ni des affaires de personne; et comme vous êtes le seul qui m'écriviez sans me dire les choses les plus désagréables du monde, je serai toujours bien aise de recevoir vos lettres. Comme aussi il n'est pas très-possible que je retourne de sitôt en Angleterre, et que j'y réside jamais, si je puis faire en sorte, par quelque combinaison relative à mes affaires personnelles, tout ce que vous me direz au sujet de notre bien-aimé royaume de Grub-Street, et des noirs confrères et des consœurs les bas-bleus de ce vaste faubourg de Babylone, sera tout ce que j'en saurai et en demanderai jamais. N'avez-vous pas quelque nouveau nourrisson des Muses pour remplacer les morts, les absens, ceux qui sont las de littérature, et ceux qui se sont retirés? – Pas de prose, pas de vers, pas de rien

LETTRE CCXCI

A M. MURRAY

Venise, 20 juillet 1817.

«Je vous écris pour vous informer que j'ai terminé le quatrième et dernier chant de Childe Harold. Il se compose de cent vingt-six stances; il est par conséquent le plus long de tous. Reste encore à le copier et à le polir; puis viennent les notes, dont il lui faudra un bien plus grand nombre qu'au troisième chant, comme il traite nécessairement plus des ouvrages de l'art que de ceux de la nature. Il sera envoyé vers l'automne; et maintenant, venons à notre marché. Qu'en donnez-vous, hein? Vous en aurez des échantillons, si vous voulez; mais je désire savoir ce que je dois en attendre, dans ces tems difficiles (comme cela se dit) où la poésie ne rapporte pas la moitié de sa valeur. – Si vous êtes disposé «à bien faire les choses,» comme le dirait Mrs. Winifred Jenkins, je jetterai peut-être de votre côté quelque chose de plus, – quelques traductions ou quelques légères esquisses originales: – il ne faut pas répondre de ce qu'il peut y avoir de neuf sous l'enclume d'ici à la saison des livres. – Rappelez-vous que c'est le dernier chant, et qu'il complète l'ouvrage. Quant à vous dire s'il est égal au reste, c'est de quoi je ne puis encore juger. Il a moins de suite encore que tous les autres, mais il n'y aura pas de ma faute s'il leur est de beaucoup inférieur. Il est possible que je disserte un peu dans mes notes sur l'état actuel de la littérature et des littérateurs italiens, connaissant quelques-uns de leurs capi 78, tant en hommes qu'en livres; – mais cela dépendra de l'humeur du moment. – Ainsi, voyons, prononcez maintenant: je ne dis plus rien.

Note 78: (retour) Capi, chefs, et par extension, chefs-d'œuvre.(Note du Trad.)

»Quand vous aurez les quatre chants complets, je pense que vous pourrez risquer une nouvelle édition du poème in-quarto, avec des exemplaires de surplus des deux derniers chants, pour ceux qui auraient acheté l'ancienne édition des deux premiers. Voici un avis que je vous donne, qui est digne de la confrérie, et maintenant, examinez et prononcez.

»Je n'ai pas reçu un seul mot de vous sur le sort de «Manfred» ou «du Tasse;» ce qui me paraît singulier, qu'ils aient réussi ou non.

»Comme ceci n'est qu'un griffonnage d'affaires, et que je vous ai écrit dernièrement assez souvent, et d'une manière assez étendue sur d'autres sujets, je me bornerai à ajouter que je suis votre, etc., etc.»

LETTRE CCXCII

A M. MURRAY

La Mira, près Venise, 7 août 1817.

«Votre lettre du 18 et, ce qui vous fera autant de plaisir qu'à moi, le paquet envoyé par l'entremise et les bons soins de M. Croker, sont arrivés. MM. Lewis et Hobhouse sont ici: – le premier dans la même maison que moi, le second à quelques centaines de toises.

»Vous ne me dites rien de Manfred, d'où je dois conclure qu'il n'a pas réussi; – mais il me semble étrange que vous ne me l'appreniez pas du premier coup. Je ne sais rien de rien de ce qui se passe en Angleterre, et ne reçois absolument de nouvelles de personne; de sorte que tout ce que vous pourrez me dire sur les choses et sur les individus sera entièrement neuf pour moi. Je suis en ce moment très-impatient d'en finir avec Newsteadt, et je regrette que Kinnaird quitte précisément l'Angleterre dans ce moment, quoique je ne lui en dise rien, et ne demande pas mieux que de le voir aller à ses plaisirs, bien que, dans ce cas, mes intérêts puissent en souffrir.

»Si j'ai bien compris, vous avez payé à Morland 1,500 livres sterling: comme la convention du papier passé entre nous porte 2,000 guinées, il reste donc 600 et non 500 livres sterling, les 100 dernières livres formant le surplus de l'espèce; 630 livres sterling résulteront pareillement du manuscrit de Manfred et de Tasso, ce qui fait un total de 1,230 livres sterling, si je ne me trompe; car je ne suis pas très-bon calculateur. Je ne veux pas vous presser, mais je vous dirai franchement qu'il m'arrangera beaucoup que cette somme soit payée aussitôt que vous le pourrez sans vous gêner.

»Le nouveau et dernier chant a cent trente stances, et peut être raccourci ou ralongé à volonté. Je n'en ai pas encore fixé le prix, même en idée, et je ne m'en fais aucune de ce qu'il peut valoir. Il ne s'y trouve rien de métaphysique, au moins je ne le crois pas. M. Hobhouse m'a promis une copie du testament du Tasse pour mettre dans mes notes, et j'ai différentes choses curieuses à dire sur Ferrare et sur l'histoire de Parisina; j'ai peut-être aussi quelque 79 peu de lumière à répandre sur l'état actuel de la littérature italienne. C'est tout au plus si je pourrai être prêt en octobre, car j'ai tout à copier et les notes à faire; – mais cela est fort égal.

Note 79: (retour) Il y a dans le texte: pour un liard de lumière.(Note du Trad.)

»Je ne sais pas s'il plaira à Scott que je l'aie appelé dans mon texte l'Arioste du Nord. – Dans le cas contraire, faites-le-moi savoir à tems.

«On a voulu faire imprimer dernièrement à Venise une traduction italienne de Glenarvon. Le censeur, signor Petrotini, a refusé de consentir à la publication avant de m'avoir vu à ce sujet. Je lui ai dit que je ne reconnaissais pas le moindre rapport entre moi et ce livre; mais que, quelles que pussent être les opinions à cet égard, je ne m'opposerais jamais à la publication d'aucun livre, dans aucune langue, pour mon compte personnel: je le priai donc, contre son inclination, de permettre au pauvre traducteur de publier le fruit de ses travaux. En conséquence, l'affaire va son train; vous pouvez le dire à l'auteur, en lui faisant mes complimens.

 

»Votre, etc.»