Tasuta

Histoire littéraire d'Italie (1

Tekst
iOSAndroidWindows Phone
Kuhu peaksime rakenduse lingi saatma?
Ärge sulgege akent, kuni olete sisestanud mobiilseadmesse saadetud koodi
Proovi uuestiLink saadetud

Autoriõiguse omaniku taotlusel ei saa seda raamatut failina alla laadida.

Sellegipoolest saate seda raamatut lugeda meie mobiilirakendusest (isegi ilma internetiühenduseta) ja LitResi veebielehel.

Märgi loetuks
Šrift:Väiksem АаSuurem Aa

CHAPITRE VII

LE DANTE

Notice sur sa vie; Coup-d'œil général sur ses différents ouvrages; Poésies diverses; la Vita nuova; Il Convito; Traités de la Monarchie et de l'Éloquence vulgaire; la Divina Comedia; Idées préliminaires sur ce Poëme.

Dans le chapitre précédent on a vu plusieurs fois reparaître un de ces noms auxquels s'attachent de grandes idées, le nom d'un de ces hommes qui suffisent pour illustrer un siècle, une nation et toute une littérature. J'ai nommé le Dante; j'ai parlé de ses maîtres en philosophie et dans l'art des vers. Il est temps de le montrer lui-même, et de nous élever avec lui jusqu'aux hauteurs du Parnasse italien, dont les poëtes qui l'ont précédé n'occupèrent que les avenues. Il y marcha quelque temps avec eux; mais, au milieu de sa carrière, il prit un vol inattendu, et s'élança jusqu'au sommet, où aucun de ses rivaux n'a pu l'atteindre. Je commencerai par une notice abrégée de sa vie, dont les vicissitudes sont liées aux événements politiques de son temps.

Dante Alighieri naquit à Florence, en 1265 685, d'une famille ancienne, riche et considérée, attachée au parti des Guelfes, et qui avait été chassée deux fois de sa patrie dans les mouvements de guerre civile que les papes et les empereurs y entretenaient sans cesse 686. Il reçut en naissant le nom de Durante: on s'habitua pendant son enfance à y substituer le petit nom de Dante qui lui est resté 687. L'astrologie prétendit avoir tiré à sa naissance l'horoscope de sa gloire 688, et l'on dit aussi que sa mère crut avoir fait un songe qui la lui annonçait 689. Il en a été ainsi de plusieurs grands hommes nés dans des siècles superstitieux. Il semble que leurs contemporains, forcés de reconnaître en eux une supériorité qui les humilie, s'en consolent en les entourant de prodiges, et en les plaçant comme à part de l'ordre ordinaire de la nature.

Dante était encore enfant lorsqu'il perdit son père. Sa mère Bella eut le plus grand soin de son éducation. Il eut pour maître dans ses études Brunetto Latini, après que ce poëte philosophe fut revenu du voyage qu'il avait fait en France. Il fit des progrès rapides en grammaire, en philosophie, en théologie et dans les sciences politiques, où Brunetto excellait; quant aux belles-lettres et à la poésie, il y fut lui-même son premier maître. Il se forma une très belle écriture, soin que les gens de lettres négligent trop souvent, et cultiva les beaux arts dans sa jeunesse, principalement la musique et le dessin, dont il semblerait que le goût, assez rare parmi les poëtes, y dut être fort commun, puisque la poésie est aussi une musique et une peinture.

Ce fut l'amour qui lui dicta ses premiers vers; et en cela il ressemble davantage à la plupart des autres poëtes. Dès l'âge de neuf ans 690 il avait vu dans une fête de famille une jeune enfant du même âge, fille de Folco Portinari, que ses parents nommaient Bice, diminutif du nom de Béatrice, qu'il répéta depuis si souvent, et dans sa prose et dans ses vers. Il prit pour elle un de ces goûts d'enfance que l'habitude de se voir change souvent en passions. Il a décrit dans un de ses ouvrages et dans plusieurs pièces de vers les agitations et les petits événements de ce premier amour. Une mort prématurée lui en enleva l'objet. Ils n'avaient que vingt-cinq ans l'un et l'autre quand Béatrix mourut. Dante ne l'oublia jamais, et il lui a élevé dans son grand poëme un monument que le temps ne peut effacer.

Sa jeunesse se partagea donc toute entière entre les soins de son amour et des études graves, adoucies par la culture des arts. Son tempérament porté à la mélancolie lui faisait surtout un besoin de la musique, et s'il eut des liaisons d'amitié avec Guido Cavalcanti et d'autres poëtes de son temps, avec le célèbre Giotto et d'autres peintres par qui l'art commençait à fleurir, il en eut aussi avec le musicien Casella 691 et avec tout ce que Florence avait des musiciens habiles; il se plaisait singulièrement à les entendre et à chanter ou jouer des instruments avec eux.

Ces occupations et ces amusements ne le détournèrent point du premier devoir imposé à tout citoyen d'une république, celui de servir sa patrie.

Dès sa jeunesse, il se fit inscrire, ou, selon l'expression consacrée, immatriculer sur le registre de l'un des arts ou métiers entre lesquels les lois de Florence exigeaient que se partageassent tous les citoyens qui voulaient pouvoir être admis aux emplois publics 692. Il prit les armes dans une expédition que firent les Guelfes de Florence contre les Gibelins d'Arezzo, et se distingua aux premiers rangs de la cavalerie dans la bataille de Campaldino 693, où, après une résistance opiniâtre, les Arétins furent vaincus. Il servit encore contre les Pisans, l'année suivante, année fatale pour lui par la perte qu'il fit de Béatrix. Il chercha, un an après, sa consolation dans un mariage qui ne lui procura que des chagrins. Quelques historiens de sa vie assurent que sa femme, qu'il avait prise dans l'une des plus puissantes familles du parti guelfe 694, fut à peu près pour lui ce que Xantippe avait été pour Socrate 695; mais peut-être n'eut-il pas la même patience à la souffrir.

 

Ses services militaires furent, dit-on, suivis de plusieurs ambassades dans diverses cours ou républiques d'Italie; ce qui est le plus certain, c'est qu'il fut élu à l'âge de trente-cinq ans l'un des magistrats suprêmes de Florence, qui portaient alors le titre de Prieurs; mais cet honneur eut pour lui des suites fatales, et fut la source tous ses malheurs.

Les Guelfes étaient depuis long-temps restés maîtres de Florence, et les Gibelins en avaient été chassés; mais parmi les Guelfes mêmes il s'éleva de nouveaux troubles entre les deux familles des Cerchi et des Donati. Il y en eut vers ce même temps de pareils à Pistoie entre deux branches d'une seule famille (celle des cancellieri) qui, pour se distinguer, elles et les deux factions qu'elles formèrent, prirent les titres de Blancs et de Noirs 696. Les chefs des deux partis, voulant, comme dit Machiavel 697, ou mettre fin à leurs divisions, ou les accroître en les mêlant à des divisions étrangères, se rendirent à Florence. Les Florentins, qui ne pouvaient s'accorder entre eux, entreprirent d'accorder ceux de Pistoie. La première chose que firent ceux-ci fut, comme on aurait dû le prévoir, de se lier, les Blancs avec les Cerchi et les Noirs avec les Donati, ce qui augmenta considérablement la fermentation et le tumulte. Les deux partis enrôlés désormais sous les noms de Blancs et de Noirs se livrèrent aux plus grands excès. Les Noirs se réunirent dans l'église de la Trinité. Le résultat de leur délibération fut quelque temps secret; mais on sut ensuite qu'ils avaient traité avec le pape Boniface VIII, pour qu'il engageât le frère de Philippe le Bel, Charles de Valois, que ce pontife attirait en Italie dans d'autres vues 698, à venir à Florence apaiser les troubles et réformer l'état. Les Blancs irrités de cette résolution, s'assemblent, prennent les armes, vont trouver les prieurs, et accusent leurs ennemis d'avoir, dans un conseil privé, osé délibérer sur l'état de la république. Les Noirs s'arment de leur côté, vont se plaindre aux prieurs de ce que leurs adversaires ont osé se réunir et s'armer sans l'ordre des magistrats, et demandent qu'ils soient punis comme perturbateurs du repos public. Les deux factions étaient sous les armes, et la ville dans le trouble et dans la terreur. Les prieurs embarrassés suivirent le conseil du Dante, qui montra dans cette occasion la prudence et la fermeté d'un magistrat. Ils exilèrent les chefs de deux partis, les Noirs à la Piève, près de Pérouse, et les Blancs à Sarzane. Ces derniers eurent, peu de jours après, la permission de rentrer à Florence, sous le prétexte que leur fournit la santé de Guido Cavalcanti, l'un d'entre eux, qui était tombé malade à Sarzane 699. Les Noirs exilés à la Piève accusèrent le Dante de n'avoir songé dans toute cette affaire qu'à favoriser les Blancs, dont il avait embrassé le parti, et à rendre sans effet la délibération qui appelait à Florence Charles de Valois.

Le vieux pape 700, qui voyait que les Cerchi ou les Blancs prenaient le dessus, et qui savait que parmi eux il y avait un assez grand nombre de Gibelins, craignait que les Donati ou les Noirs, qui étaient presque tous Guelfes, ne succombassent entièrement et ne fussent enfin écartés du gouvernement de la république; il avait donc résolu que Charles de Valois entrerait à Florence avec ses troupes. Charles y entra, et, au mépris des conventions faites, il s'y rendit maître absolu. D'après le parti que Dante avait pris, il ne pouvait paraître innocent ni au prince, ni moins encore aux Donati, qui étaient revenus triomphants de leur exil. Il était alors en ambassade auprès du pape, pour tâcher de le fléchir et de le ramener à des conseils de modération et de paix. Tandis qu'il servait sa patrie à Rome, on excita contre lui le peuple de Florence, qui courut à sa maison, la pilla, la rasa même entièrement et dévasta ses propriétés. Sa perte une fois résolue, on lui trouva facilement des crimes. Il fut condamné au bannissement, et à une amende de 8,000 liv. N'ayant pu la payer, ses biens furent confisqués, quoique déjà pillés d'avance. La fureur du parti victorieux ne fut point encore assouvie par son exil et par sa ruine: une seconde sentence le condamna par contumace, lui et ses adhérents, à être brûlés vifs 701. Aucun historien, aucun auteur impartial ne l'a cru coupable des malversations qu'il fut accusé d'avoir commises dans l'exercice de sa charge et qui servirent de prétexte à sa proscription; mais dans des temps de troubles et de dissensions politiques, il n'y a rien d'étonnant ni dans ces calomnies ni dans leur succès.

Au premier bruit de sa sentence, Dante partit de Rome, très irrité contre Boniface, qu'il soupçonna de l'avoir arrêté auprès de lui, tandis qu'il ourdissait cette trame à Florence. Si l'on se rappelle le caractère de ce pape, on n'aura pas de peine à le croire. On voit comme il se servait pour ses desseins de Charles de Valois, frère du roi de France, et, dans ce même temps, il préparait contre ce roi des menées sourdes, bientôt suivies de ces querelles scandaleuses qui finirent par la captivité dans Anagni, par les accès de frénésie à Rome, et par la mort violente de ce pontife ambitieux 702. Dante se rendit d'abord à Sienne, pour prendre une connaissance plus particulière des faits. Quand il en fut instruit, il partit pour Arrezzo, où il joignît ceux du parti des Blancs qui étaient exilés comme lui. C'est là qu'il se lia d'amitié avec Boson de Gubbio, qui lui rendit quelque temps après de grands services. Boson était Gibelin, et avait été lui-même chassé de Florence, deux ans auparavant, avec ceux de ce parti. Dante et ses amis étaient forcés, par les persécutions du pape, à devenir aussi Gibelins; malheureuse condition d'hommes assez énergiques pour désirer l'indépendance, mais trop faibles pour y atteindre sans l'appui d'un pouvoir étranger!

Quelque temps après 703, les exilés firent une tentative pour rentrer dans leur patrie à main armée. Ils parvinrent à rassembler seize cents cavaliers et neuf mille hommes de pied. Ils se présentèrent à deux milles de Florence et y jetèrent l'épouvante; ils pénétrèrent même dans la ville, mais les opérations furent mal dirigées, et la confusion s'étant mise parmi les différents corps, ils furent définitivement forcés à la retraite. On croit que Dante fut de cette expédition, dont le mauvais succès lui ôta tout espoir de rentrer dans sa patrie. Alors il se retira d'abord à Padoue, puis dans la Lunigiane, chez le marquis Malaspina, ensuite à Gubbio, chez son ami le comte Boson; enfin à Vérone, auprès des Scaligeri, ou des seigneurs de la Scala, qui y tenaient une cour brillante 704. Il reçut d'eux l'accueil et les traitements les plus honorables; mais la fierté de son caractère, que le malheur exaltait au lieu de l'abattre, le rendait peu propre à vivre dans une cour. La liberté de ses manières, et plus encore celle de ses discours ne tardèrent pas à déplaire. Un jour l'un des deux princes lui demanda, au milieu d'un grand nombre de courtisans, pourquoi beaucoup de gens trouvaient plus agréable un bouffon, sot et balourd, que lui qui avait tant d'esprit et de sagesse. Dante répondit sans hésiter: Il n'y a rien d'étonnant à cela, puisque c'est la sympathie et la ressemblance des caractères qui engendre les amitiés 705. Dès qu'il s'aperçut qu'on se refroidissait pour lui, il se retira sans se brouiller, et conservant tous ses sentiments pour l'un des Scaliger, célèbre sous le nom de Can grande, il lui dédia la troisième partie de son poëme, comme il dédia la seconde au marquis de Malaspina.

 

Cet ouvrage l'occupait alors tout entier; il changeait souvent de séjour, et si plusieurs villes ne peuvent se disputer sa naissance, comme autrefois celle d'Homère, plusieurs au moins se disputent la gloire d'avoir en quelque sorte donné le jour au poëme qui, pendant long-temps, a le plus honoré l'Italie. Florence prétend qu'il en avait fait les sept premiers chants dans ses murs, avant son exil. Vérone réclame la composition de la plus grande partie du poëme. Gubbio prouve, par une inscription, qu'il y travailla chez son ami Boson; et, par une autre, qu'il en fit aussi plusieurs chants dans un monastère des environs 706, où l'on fait voir encore aux étrangers l'appartement du Dante. D'autres donnent pour patrie à son poëme la ville d'Udine, ou un château de Tolmino, dans le Frioul; d'autres, enfin, la ville de Ravenne.

Au milieu de tous ces déplacements, qui prouvent une inquiétude d'esprit, bien naturelle dans la position où était le Dante, mais qui prouvent aussi l'empressement que mettaient à l'attirer chez eux les amis que lui avaient fait ses talents et sa renommée, il vit briller un nouveau rayon d'espérance. L'empereur Albert d'Autriche étant mort assassiné, Philippe-le-Bel voulut faire passer la couronne impériale sur la tête de son frère Charles de Valois, à qui Boniface VIII l'avait promise: mais Clément V, quoiqu'il fût la créature de Philippe, et pour ainsi dire, sous sa main 707, effrayé de cet accroissement de la maison de France, et conseillé par le cardinal de Prato, amusa le roi par des promesses, et dirigea secrètement le choix des électeurs sur Henri de Luxembourg. Henri, en traversant l'Italie pour aller se faire couronner à Rome, releva, dans toutes les villes de Lombardie, le courage des Gibelins. Dante se crut encore une fois prêt de rentrer dans sa patrie. Il quitta dès-lors avec les Florentins le ton suppliant qu'il avait pris depuis son exil. Il avait écrit plusieurs fois, et à des membres du gouvernement, et au peuple lui-même, pour solliciter son rappel. Dans une de ses lettres, il empruntait ces mots du Prophète 708: O mon peuple! que t'ai-je fait? Mais alors il changea de langage, et ne fit plus entendre que des reproches et des menaces. Il écrivit aux rois, aux princes d'Italie, au sénat de Rome, pour les inviter à bien recevoir Henri. Il écrivit à l'empereur lui-même, pour l'animer contre Florence 709, et se rendit personnellement auprès de lui.

Le peu de succès qu'eut ce prince en Italie, et la mort qu'il y trouva bientôt après 710, ôtèrent à notre poëte tout espoir de retour. On croit que ce fut alors qu'il vint à Paris; il fréquenta l'université, et y soutint publiquement une thèse, vivement disputée, sur différentes questions de Théologie; ce qui est d'autant plus à remarquer, que Paris était alors pour cette science, le théâtre le plus brillant de l'Europe. De retour en Italie, il fut quelque temps sans se fixer: il séjourna successivement dans les terres de plusieurs seigneurs. Vérone était comme le point central où il revenait le plus souvent. Il y soutint au commencement de l'an 1320, dans l'église de Sainte-Hélène, devant une assemblée nombreuse, une thèse célèbre sur deux éléments, la terre et l'eau 711. La même année, il se rendit à Ravenne, chez Guido Novello da Polenta, seigneur qui protégeait les lettres et les cultivait lui-même. Là, il goûta enfin quelque repos. Devenu l'ami plutôt que le protégé d'un prince éclairé et vertueux, il eut bientôt dans Ravenne une existence honorable, des admirateurs, des disciples et des amis.

On a dû remarquer dans sa vie une fatalité singulière. Chaque bienfait de la fortune était pour lui comme l'annonce d'un nouveau malheur. Son élévation à la magistrature avait commencé le cours de ses disgrâces; son ambassade auprès du pape avait été l'époque de sa ruine: une nouvelle ambassade devint celle de sa mort. Guido Novello était en guerre avec les Vénitiens; il leur députa Dante pour traiter de la paix. N'ayant pas réussi dans cette ambassade, il revint fort triste à Ravenne. Le chagrin de n'avoir pu servir le prince son ami, dans cette négociation importante, abrégea ses jours; il tomba malade, et mourut peu de temps après, à l'âge de cinquante-six ans 712.

Guido Novello le fit enterrer honorablement, et, selon l'historien Villani, en habit de poëte, quelque fût alors cet habit. Les citoyens les plus distingués de Ravenne portèrent le corps jusqu'au couvent des Frères Mineurs, où sa sépulture était préparée. Elle était simple et sans inscriptions. Guido, après la cérémonie, prononça lui-même, dans son palais, l'éloge du grand poëte qu'il avait accueilli, honoré et chéri dans son infortune. Il comptait lui faire élever un magnifique mausolée, mais les disgrâces où il se trouva bientôt enveloppé ne lui permirent pas d'exécuter ce dessein. Bernard Bembo, père du célèbre cardinal, remplit ce devoir plus de cent soixante ans après 713, lorsqu'il eut été nommé préteur de Ravenne pour la république de Venise. Le tombeau qu'il fit élever à la même place est orné d'inscriptions, parmi lesquelles on distingue l'épitaphe en six vers latins rimés, composés, selon Paul Jove, par Dante lui-même, dans sa dernière maladie 714. Avant la fin du siècle où il mourut, la république de Florence, qui avait traité avec tant de rigueur ce citoyen illustre, eut l'idée de lui consacrer un monument; mais ce projet n'eut point de suite. Dans le quinzième et dans le seizième siècles, les Florentins firent plusieurs tentatives pour obtenir des habitants de Ravenne un trésor dont ils avaient appris enfin à sentir la valeur; mais ceux de Ravenne, qui l'avaient sentie de tous temps, résistèrent à toutes les instances; ainsi sont toujours restées hors de sa patrie les cendres d'un grand homme qu'elle ne sut point honorer comme il le méritait pendant sa vie, et qu'elle désira en vain de posséder après sa mort.

Sa femme, Gemma Donati, qu'il ne voulut point emmener dans son exil, ou qui ne voulut point l'y suivre, lui donna cinq fils, et une fille qu'il nomma Beatrix, en mémoire de son premier amour. Trois de ses fils moururent jeunes, et même en bas âge: Pietro, son fils aîné, devint un jurisconsulte célèbre. Il cultiva la poésie, et fut le premier commentateur du poëme de son père: son commentaire, écrit en latin, n'existe qu'en manuscrit dans quelques bibliothèques. Son second fils, Jacopo, commenta aussi la première partie de ce poëme, et en fit de plus un abrégé en vers, de la même mesure que l'ouvrage. Malgré le mérite de ces deux fils d'un grand homme, on peut leur appliquer, plus justement que notre Louis Racine ne se l'appliquait à lui-même, ce vers de son père, le grand Racine:

Et moi fils inconnu d'un si glorieux père.

L'histoire et les beaux-arts nous ont conservé les traits du Dante: tout doit intéresser dans l'extérieur même d'un homme de ce génie et de ce caractère. Il était d'une taille moyenne; dans ses dernières années, il marchait un peu courbé, mais toujours d'un pas grave et plein de dignité. Il avait le visage long, le teint brun, le nez grand et aquilin, les yeux un peu gros, mais pleins d'expression et de feu, la lèvre inférieure avancée, la barbe et les cheveux noirs, épais et crépus; habituellement l'air pensif et mélancolique. Plusieurs médailles frappées en son honneur, qui ornent les cabinets des curieux, et un grand nombre de portraits, tant en marbre que sur la toile, qui se trouvent à Florence, sont très ressemblants entre eux, et annoncent tous le même caractère. Ses manières étaient nobles et polies: la hauteur et le ton dédaigneux qu'on lui reproche 715 ne lui étaient point naturels, et, s'il les eut, ce ne fut du moins que depuis ses malheurs; une persécution injuste peut produire cet effet dans une âme élevée.

Il étudiait et travaillait beaucoup, parlait peu, mais ses réponses étaient pleines de sens et de finesse. Il se plaisait dans la solitude, loin des conversations communes, sans cesse appliqué à augmenter ses connaissances et à perfectionner son talent; il était sujet à des distractions fréquentes, surtout lorsqu'il était occupé de quelque étude. À Sienne, étant entré dans la boutique d'un apothicaire, il y trouva un livre qu'il cherchait depuis long-temps. Il se mit à le lire, appuyé sur un banc qui était devant la boutique, et avec une telle attention, qu'il resta immobile à la même place depuis midi jusqu'au soir. Il ne s'aperçut même pas du grand bruit et du mouvement occasionés par le cortège d'une noce, ou, selon Boccace, d'une fête publique, qui vint à passer dans la rue.

Il est difficile, dans l'éloignement où nous sommes, de prononcer entre sa patrie et lui. Il est certain qu'il l'aima passionnément, qu'il la servit de toutes ses facultés et au risque de sa vie; il l'est encore qu'il en fut banni injustement, et pour avoir voulu la soustraire au joug d'un prince étranger. Le reste doit être mis sur le compte des passions et des ressentiments dont les esprits les plus sages, dans de pareilles circonstances, savent si rarement se garantir.

Doué d'un génie vaste, d'un esprit pénétrant et d'une imagination ardente, il joignit à des connaissances étendues une vivacité de pensées, une profondeur de sentiment, un art d'employer d'une manière neuve des expressions communes, et d'en inventer de nouvelles, un talent de peindre et d'imiter, un style serré, vigoureux, sublime, qui, malgré les défauts qu'on ne doit imputer qu'au temps où il vécut, lui ont toujours conservé la place que lui décerna l'admiration de son siècle. L'ouvrage qui la lui a donnée mérite une attention ou plutôt une étude particulière: je parlerai d'abord de ses autres productions. Elles sont bien inférieures sans doute; mais rien de ce qui est sorti d'un génie de cet ordre n'est indiffèrent pour l'histoire des lettres.

Le Recueil des poésies du Dante ou de ses rimes 716 est composé, selon l'usage, de sonnets et de Canzoni. Les sonnets n'ont en général rien de bien remarquable; on peut tout au plus en distinguer deux ou trois. Dans l'un il s'adresse à ses poésies elles-mêmes 717; il paraît désavouer un sonnet qui lui était attribué; il les engage à ne le pas reconnaître pour leur frère, à se rendre auprès de sa dame, et à lui dire: «Nous venons vous recommander celui qui se plaint, en répétant sans cesse: où est celle que mes yeux désirent»? dans l'autre il est brouillé avec sa maîtresse: il maudit le jour où il a vu pour la première fois ses traîtres yeux, et l'instant où elle est venue tirer son âme hors de lui 718; il maudit l'amoureuse lime qui a poli les vers qu'il a rimés pour elle, et qui la rendent à jamais célèbre dans le monde; il maudit enfin son âme endurcie, qui s'obstine à garder en elle ce qui le tue, etc. L'expression dans ce sonnet n'est pas toujours naturelle, il s'en faut bien; mais le mouvement est passionné, c'est beaucoup; dans les poëtes italiens, souvent la passion est vraie, même quand l'expression ne l'est pas.

Le mérite particulier des canzoni du Dante, c'est une force, une élévation jusqu'alors peu connues: elles sont d'un philosophe autant que d'un poëte: on y apperçoit un style plus ferme, des pensées plus grandes et plus claires, plus d'images, de comparaisons, en un mot de poésie, que dans les vers de ses contemporains; et quand il n'eût pas fait sa Divina Commedia, il serait encore au premier rang parmi les poëtes du même âge. Ce n'est pas que dans sa manière de traiter l'amour, il ne se perde quelquefois comme eux en jeux d'esprit et en vaine recherche d'expressions; il s'étend avec complaisance sur des détails que le goût doit abréger; mais le goût n'était pas né encore. Par exemple, c'est dans une canzone de cinq grandes strophes, chacune de dix-sept vers, qu'il fait le portrait de la beauté qu'il aime. La première strophe est toute entière sur les cheveux 719, la seconde sur la bouche, le front, le regard, les dents, le nez, les cils des yeux 720; son penser se fixe surtout sur cette belle bouche, et lui en dit de si belles choses, qu'il n'a rien au monde qu'il ne donnât pour qu'elle voulût bien lui dire un oui 721. Toute la troisième est sur le cou. Ici le poëte donne à ses abstractions platoniques une direction moins idéale, et tant soit peu matérielle. Son penser, qui l'enlève toujours à lui-même, lui dit que ce serait un grand plaisir que de tenir ce cou, de le serrer et d'y imprimer un petit signe. Ce même penser ajoute, en l'avertissant d'écouter avec attention: «Si les parties extérieures sont si belles, que doivent paraître celles qui sont couvertes et cachées? Ce sont les beaux effets que produisent dans le ciel le soleil et les autres astres, qui font croire que c'est là qu'est le Paradis; de même, si tu y regardes bien, tu dois penser que tous les plaisirs de la terre se trouvent dans ce que tu ne peux voir 722». Dans la quatrième strophe ce sont les bras, les mains, les doigts; et son penser lui dit encore: «Si tu étais entre ces bras, dans ce lieu où ils se partagent, tu goûterais un tel plaisir que je ne puis rien imaginer qui l'égale 723». La taille, la démarche et le maintien sont le sujet de la cinquième. Nous n'aimerions pas en français qu'un poëte comparât sa maîtresse à un beau paon, et encore moins qu'il la peignît droite comme une grue 724; mais il faut avoir égard à la différence des langues et à celle des temps.

Dans une canzone, qu'on voit qu'il fit pendant la maladie de Béatrix, il s'adresse à la Mort pour tâcher de la fléchir: chacune des cinq grandes strophes, dont cette pièce remplie de très-beaux vers est composée, commence par une invocation à la Mort, et contient toutes les raisons que son esprit peut trouver pour arrêter le coup fatal. «Hâte-toi, lui dit-il enfin, si tu dois te laisser toucher; car je vois déjà le ciel s'ouvrir, et les anges de Dieu descendre pour emporter avec eux l'âme sainte 725». La Mort fut inflexible, et le poëte déplora cette perte cruelle par une canzone, dont plusieurs vers dans chaque strophe commencent par l'exclamation plaintive Oimè, hélas! – Hélas! ces tresses blondes, dont l'or brillait avec tant d'éclat! Hélas! cette belle figure et ces yeux au doux regard! hélas! cet aimable sourire 726! etc. Figure de style vive et expressive, si elle était moins répétée, et que je remarque surtout ici, parce qu'elle paraît avoir été imitée par Pétrarque, après la mort de Laure 727.

Une ode ou canzone que Dante composa dans son exil contient une fiction singulière, où l'on voit l'état de son âme, fière dans le malheur, et qui le préfère au vice et à la honte. C'est un très-beau morceau de poésie morale. L'amour habite dans son cœur, dont il est toujours maître: trois femmes se présentent pour y chercher asyle 728; leurs habits sont déchirés; la douleur est peinte sur leur visage et dans toute leur personne: on voit que tout leur manque à-la-fois; que la noblesse et la vertu leur sont inutiles. Il y eut un temps où elles furent honorées; mais, à les entendre, tout le monde aujourd'hui les méprise; elles viennent se réfugier chez un ami 729. L'amour les interroge; l'une d'elles se fait connaître, elle et ses sœurs: c'est la Droiture; et les deux autres sont la Générosité et la Tempérance, bannies et persécutées par les hommes, et réduites à une vie pauvre, errante et malheureuse. L'amour les écoute, les accueille: «Et moi, dit le poëte, qui entends, dans ce divin langage, se plaindre et se consoler de si nobles exilées, je tiens pour honorable l'exil où je suis condamné… C'est un sort digne d'envie que de tomber avec les gens de bien 730». Belle maxime, et qui, dans les circonstances difficiles de la vie, doit être celle de tout homme d'honneur et de courage!

On trouve parmi ses canzoni une sixtine avec toute la régularité du retour inverse des rimes dans les six strophes, telle que l'avaient créée les poëtes provençaux 731. Il paraît que c'est la première qui ait été faite en langue italienne, du moins ne s'en trouve-t-il aucune dans ce qui nous est resté des poëtes antérieurs au Dante, ni même de ceux de son temps. Il était grand admirateur et imitateur des Troubadours, dont il possédait parfaitement la langue, comme on le voit dans plusieurs endroits de son poëme. On le voit aussi dans une de ses canzoni, dont l'idée est plus bizarre qu'heureuse. Les vers de chaque strophe sont alternativement provençaux, latins et italiens 732; en la finissant il s'adresse, selon l'usage, à sa chanson même; elle peut, dit-il, aller partout le monde; il a parlé en trois langues pour que tout le monde puisse apprendre et sentir ce qu'il souffre; peut-être celle qui le tourmente en aura-t-elle pitié 733. On ne voit pas trop ce que sa dame pouvait trouver là de touchant; cela ne paraîtrait aujourd'hui et ne parut peut-être même alors qu'une bigarrure de mauvais goût.

Toutes ses poésies ne sont pas dans ce recueil. Celles de sa première jeunesse sont insérées dans une espèce de roman qu'il composa peu de temps après la mort de Béatrix, et qu'il intitula Vie nouvelle, Vita nuova: c'est celui où il raconte toutes les circonstances de leurs amours. Il met chacun à leur place, les sonnets et les autres pièces de vers qu'il avait faits pour elle, et prend toujours soin de dire en combien de parties ces pièces sont divisées, et ce qu'il a voulu dire dans la première, et quelle est l'intention de la seconde, etc. On voit en un mot qu'il n'a fait ce récit en prose que pour y encadrer ses vers, et comme une espèce de monument élevé à la mémoire de celle qu'il avait aimée; mais il trouve cet hommage trop peu digne d'elle, et il annonce, en finissant, que s'il peut vivre quelques années, il dira d'elle des choses qui n'ont jamais été dites d'une femme 734. On sait qu'il remplit cet engagement dans sa Divina Commedia; et s'il est vrai que la Vita nuova fut écrite en 1295 735, on voit par-là qu'il avait, dès l'âge de trente ans, formé le dessein et peut-être même commencé l'exécution de ce grand ouvrage.

685Pelli, Memorie per servire alla vita di Dante Alghieri, vol. IV, part. II de la belle édition des œuvres du Dante, Venise, 1757 et 1758, in-4°.
686Selon quelques généalogistes florentins, le plus ancien nom de la famille du Dante était des Elisei; ils lui donnaient pour première tige un certain Eliseus qui vint s'établir à Florence au temps de Charlemagne; d'autres reculent même cet Eliseus jusqu'au temps de Jules-César. L'un de ses descendans prit, dans le douzième siècle, le nom de Cacciaguida; c'est lui que les généalogistes raisonnables regardent comme la vraie tige de cette famille. Le Dante lui-même le reconnaît pour tel en se faisant adresser par lui ces deux vezs, Parad.; c. XV, v. 88: O fronda mia in che io compiacemmi, Pure aspettando, io fui la tua radice. Cacciaguida eut pour femme une Aldighieri de Ferrare, et les noms de famille n'étant pas encore fixes, leur fils fut appelé Aldighiero, ou Allighiero, du nom de sa mère. L'un des trois petit-fils de cet Allighiero porta aussi le même nom, en sorte que Dante, fils de ce petit-fils, était des Alighieri de Florence, au quatrième degré, depuis la femme Cacciaguida.
687Régulièrement, il faudrait donc l'appeler Dante et non pas Le Dante, puisque l'article honorifique il ne se met en italien que devant les noms de famille. En Italie, on dit toujours Dante sans article, ou bien l'Alighieri: mais en France, on est habitué à dire Le Dante. Il y a des cas où il serait dur de parler autrement. De Dante et à Dante, par exemple, produisent un son désagréable. Je me suis permis d'écrire tantôt Dante, tantôt Le Dante, selon l'occasion.
688Le soleil se trouvait dans la constellation des gémeaux; Brunetto Latini, qui était alors à Florence, et qui joignait à des connaissances réelles la science imaginaire de l'astrologie, tira l'horoscope de l'enfant, et lui pronostiqua une destinée glorieuse dans la carrière des sciences et des talents. C'est pour cela sans doute que Dante se fait dire par lui, dans la troisième partie de son poëme, Parad., c. XV, v. 55: Se tu segui tua stella,Non puoi fallire a glorioso porto,Se ben m'accorsi nella vita bella.
689Boccace raconte ce songe dans sa Vie da Dante, ouvrage qui tient beaucoup plus du roman que de l'histoire.
690Boccace, Origine, vita, studj e costumi di Dante Allighieri.
691On croit que ce Casella fut son maître de musique. Il l'a placé de la manière la plus intéressante dans son poëme, Purgator., c. II, v. 88.
692Le nombre de ces arts ou métiers était d'abord de quatorze, et s'éleva ensuite à vingt-un. On les distinguait en majeurs et mineurs. Le sixième des arts majeurs était celui des médecins et des pharmaciens. C'est celui dans lequel Dante se fit inscrire, soit qu'il y eût dans sa famille quelque pharmacien, soit qu'il eût eu d'abord le dessein de professer la médecine, science à laquelle on dit qu'il n'était pas étranger.
693En 1289.
694Les Donati: elle se nommait Gemma.
695Fuit admodum morosa, ut de Xantippe Socratis philosophi conjuge scriptum esse legimus. Giannozzo Manetti, De vitâ et moribus trium illustrium poetarum florentinorum (Dante, Pétrarque et Boccace), publié par l'abbé Mehus avec une savante préface, Florence, 1747, in-8°.
696On dit que l'une des deux branches était déjà distinguée par le nom de Blanche, parce que leur ancêtre commun avait eu deux femmes, dont l'une s'appelait Blanche. «Les enfants de celle-ci avaient pris son nom, et avaient donné aux enfants de l'autre le nom de la couleur opposée». Histor. des Répub. ital. du moyen âge, ch. 24.
697Istor. fiorent, l. II.
698Boniface voulait se servir de ce prince pour chasser de Sicile le jeune Frédéric d'Aragon, choisi pour roi par les Siciliens, et qui y tenait tête au roi de Naples, Charles II, protégé du pape. Celui-ci avait promis, pour récompense, à Charles de Valois, de lui conférer le titre et la dignité de roi des Romains, qu'il roulait ôter à Albert d'Autriche, et de le mettre en possession de l'empire d'Orient, auquel Charles avait cru acquérir des droits en épousant Catherine de Courtenay, petite-fille du dernier empereur latin, Baudouin II. Muratori, Annal. d'Ital., an. 1301.
699Nous en avons parlé vers la fin du chapitre précédent. Voyez ci-dessus, p. 427.
700Il avait plus de quatre-vingts ans.
701Cette seconde sentence fut rendue par le même juge que la première. C'était un certain Conte de' Gabrielli, alors potestat de Florence, qui s'intitule Nobilem et potentem militem. C'était un noble et puissant juge de tribunal révolutionnaire. Sa sentence, écrite en latin barbare et presque macaronique, conservée dans les archives de Florence, y fut découverte en 1772, par le comte Louis Savioli, sénateur de Bologne; c'est de lui que Tiraboschi en tenait une copie authentique. Il l'a insérée toute entière dans une note de sa vie du Dante, Stor. della Letter. ital., t. V, liv. III, p. 386. Il y est dit littéralement: ut si quis predictorum (Dante et ses quatorze co-accusés) ullo tempore in fortiam (au pouvoir) dicti communis (de la commune de Florence) pervenerit, talis perveniens igne comburatur, sic quod moriatur.
702Muratori, Annal d'Ital., an 1303.
703En 1304.
704Ils étaient deux frères, Alboino et Cane. Ce ne put être que l'an 1308 au plus tôt, que Dante fut accueilli par eux à Vérone, puisque ce fut cette année-là même que les deux frères commencèrent à gouverner ensemble. Pelli, Memorie per la vita di Dante, § XII.
705Ce fait est rapporté par Pétrarque, Rerum memorabilium lib. IV.
706Celui de Santa-Croce di fonte Avellana.
707Il était à Avignon. Nous reviendrons sur ce pape, sur son élection et sur la translation du Saint-Siége.
708Michée, c. 6, v. 3. Popu'e meus quid feci tibi? etc.
709En 1311.
710Le 24 août 1313, à Buonconvento, près de Sienne.
711De Duobus Elementis terrœ et aquœ. On l'a imprimée à Venise en 1518. G.B. Corniani, t. I, p. 227.
71214 septembre 1321.
713En 1483.
714Paul Jove, Elog. Doctor. vir., c. 4. Voici les six vers: Jura monarchiœ, superos, phlegelonta, lacusqueLustrando cecini voluerunt fata quousque:Sed quia pars cessit melioribus hospita castris,Auctoremque suum petiit felicior astris,Hic Claudor Dantes patriis extorris ab oris,Quem genuit parvi Florentia mater amoris.
715Gio. Villani, Istor., l. IX, c. 124.
716Elles remplissent les trois premiers livres du Recueil des Sonetti e canzoni di diversi antichi autori Toscani. Venise, Giunti, 1527. On les trouve aussi dans les éditions complètes du Dante, Venise, Pasquali, 1741, in-8°. pic., Venise, Zatta, 1757 et 1758, in-4°. gr., etc.
717O dolci rime che parlando andate Della donna gentil que l'altre onora, etc.
718Io maladico il dì ch'io vidi imprimaLa luce de' vostri occhi traditori. J'ai rendu littéralement ces deux vers; mais c'est ce que je n'ai pu ni voulu faire des deux suivants: E'l punto che veniste sulla cima Del core, a trarne l'anima di fori.
719Io miro i crespi e gli biondi capegli, De' quali ha fato per me rete amore, etc. Et notez que ce sont des strophes de dix-sept vers, tous de onze syllabes, à l'exception de deux seuls vers de sept.
720Poi guardo l'amorosa e bella bocca,La spaziosa fronte, e il vago piglio,Li bianchi denti, e il dritto naso, e il ciglioPolito e brun, tal che dipinto pare.
721Cosi di quella bocca il pensier mioMi sprona perchè ioNon ho nel mondo cosa che non desseA tal ch'un si con buon voler dicesse.
722Apri lo'ngegno:Se le parti di fuor son così belle,L'altre che den parer che s'asconde e copre?Che sol per le belle opreChe fanno in cielo il sole e l'altre stelleDentro in lui si crede il Paradiso,Così se guardi fiso,Pensar ben dei ch'ogni terren piacereSi trova dove tu non puoi vedere.
723On peut difficilement méconnaître dans tous ces discours du penser sur les beautés cachées, la source où le Tasse a pris l'idée de cet amoroso pensier qui pénètre dans tous les secrets des beautés d'Armide, qui s'y étend, qui les contemple, et vient ensuite les décrire et les raconter au désir. Gérusal. liber., c. IV, st. 31 et 32.
724Soave a guisa va di un bel pavone, Diritta sopra se, come una grua.
725Morte, deh! non tardar mercè, se l'hai;Che mi par già veder lo cielo aprire,E gli angeli di Dio quaggiù venirePer volerne portar l'anima santa.
726Oimè lasso, quelle trecce biondeDalle quali rilucienoD'aureo color gli poggi d'ogni intorno;Oimè, la bella cera, e le dolci ondeChe nel cor mi sidienoDi quei begli occhi al ben segnato giorno;Oimè, il fresco ed adormoE rilucente viso;Oimè lo dolce riso, etc.
727Oimè il bel viso, oimè il soave sguardo,Oimè il leggiadro portamento altero,Oimè'l parlar ch'ogni aspro ingegno e feroFaceva humile e d'ogni huom vilgliardo;Ed oimè il dolce riso, etc. C'est le premier sonnet de la seconde partie.
728Tre donne intorno al cuor mi son venute,E seggionsi di fuoreChe dentro siede amoreLo quale è in signoria della mia vita, etc.
729Tempo fù già nel qualeSecondo il lor parlar furon dilette;Or sono a tutti in ira ed in non cale.Queste così soletteVenute son, come a casa d'amico, etc.
730Ed io ch'ascolto nel parlar divinoConsolarsi e dolersi così alti dispersi,L'esilio che m'è dato onor mi tegno.…Cader tra' buoni è pur di lode degno.
731Voyez ci-dessus, c. 5, p. 300 et 301.
732Elle commence ainsi: Ahi faulx ris perqe trai havesOculos meos, et quid tibi feciChe fatto m'hui cosi spietata fraude?
733Canzos, vos pogues ir per tot le mon;Namque locutus sum in linguâ trinâUt gravis mea spinaSi saccia per lo mondo, ogn'huomo il senta.Forse pietà n'havrà chi mi tormenta.
734Sicchè, se piacere sarà di colui a cui tutte le cose vivono, che la mia vita per alquanti anni perseveri, spero di dire di lei quello che mai non fu detto d'alcuna.
735Voyez Pelli, Memorie per la vita di Dante, § XVII.