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Le Pèlerin amoureux

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XII. – Bonne nuit, dormez bien. Ah! ni l'un ni l'autre ne sera mon partage; elle me dit bonne nuit, elle qui éloigne de moi le repos, et elle m'envoie sous un toit tendu de soucis pour réfléchir aux inquiétudes que me cause ma défaveur. Portez-vous bien, a-t-elle dit, revenez demain; je ne pouvais me bien porter, je me suis nourri de chagrin pour mon souper. Cependant, en me voyant partir, elle a souri doucement; par dédain ou par amitié, je n'en sais rien; peut-être se réjouissait-elle de se moquer de mon exil, peut-être voulait-elle que je revinsse errer près d'elle; errer, c'est un mot fait pour les ombres comme moi, qui prennent toute la peine sans pouvoir s'emparer du profit.

XIII. – Seigneur, quels regards mes yeux lancent vers l'Orient! Mon coeur veille, le lever du matin rappelle tous les sens de leur oisif repos. N'osant pas me lier au témoignage de mes yeux, pendant que Philomède chante assise sur son lit, assis je l'écoute, et je souhaiterais que ses chants fussent accordés sur le même ton que ceux de l'alouette.

Car celle-ci salue le jour par ses chansons, elle chasse la nuit sombre aux tristes rêves; la nuit disparue, je m'élance chez ma belle, mon coeur retrouve son espérance, mes yeux le spectacle qu'ils désiraient, ma tristesse se change en consolation, ma consolation est mêlée de tristesse; pourquoi? Elle a soupiré et m'a dit de revenir demain.

Si j'étais avec elle, la nuit s'écoulerait trop vite, mais maintenant les heures ont des minutes de surcroît; pour me désoler, chaque minute semble une heure; cependant, ô soleil, brille, non pour moi, mais pour venir en aide aux fleurs! Nuit, disparais; jour, commence à poindre; ô bon jour, emprunte aujourd'hui à la nuit; nuit, abrége-toi pour cette nuit, tu t'allongeras demain.

SONNETS SUR DIVERS AIRS EN MUSIQUE

XIV. – C'était la fille d'un seigneur, la plus belle des trois soeurs, qui aimait son maître autant que possible, jusqu'à ce qu'ayant vu un Anglais le plus beau qu'on pût voir, son caprice vint à changer. L'issue du combat fut longtemps douce, l'amour lutta avec l'amour pour savoir s'il fallait laisser le maître sans amante, ou tuer le brave chevalier; l'une ou l'autre des deux alternatives était pénible à la pauvre damoiselle. Mais il fallait refuser l'un des deux, c'était là ce qu'il y avait de triste, il n'y avait rien à faire pour profiter de tous les deux; entre les deux, le brave chevalier fut blessé par son dédain. Hélas! elle n'y pouvait rien. Aussi l'art luttant contre les armes remporta la victoire; par le don de la science il remporta la belle; Lullaby, Lullaby, le savant tient la belle dame, et là-dessus ma chanson est finie.

XV. – Un beau jour (jour funeste), l'amour, qui a toujours régné sur le mois de mai, aperçut une fleur d'une beauté rare qui jouait voluptueusement dans les airs. Le vent nuisible commençait à trouver passage entre les pétales veloutés, et l'amant qui se mourait d'amour aurait voulu être le souffle du ciel. L'air, disait-il, peut souffler sur tes joues. Air, si je pouvais triompher comme toi! mais, hélas! ma main a juré de ne jamais te séparer de tes épines, voeu, hélas, bien imprudent pour la jeunesse, pour la jeunesse toujours prête à cueillir une fleur. Toi pour qui Jupiter jurerait que Junon est une Éthiopienne, et renierait son nom de Jupiter afin de devenir mortel par amour pour toi.

XVI. – Mes troupeaux ne mangent pas, mes brebis ne portent pas, mes béliers sont languissants; tout va de travers, l'amour se meurt, c'est en renonçant à sa foi, c'est en reniant son coeur qu'on en est venu là. J'ai oublié toutes mes joyeuses danses; j'ai perdu l'amour de ma dame. Dieu le sait, là où sa confiance et son amour étaient inébranlables je rencontre un non sans espoir de changement. Une folle contrariété m'a causé toutes ces pertes. Oh! Fortune ennemie, perfide, maudite dame, je sais que l'inconstance appartient plus aux femmes qu'aux hommes. Je gémis tout en deuil, je méprise toute crainte, l'amour m'a abandonné, je vis en esclavage, mon coeur est sanglant, il a besoin de secours; ô cruelle ressource, il est rempli de fiel. Mon chalumeau de berger ne peut plus résonner, la clochette de mon bélier sonne un glas funèbre; mon chien, à la queue coupée, qui avait coutume de jouer, ne joue plus du tout; il a l'air d'avoir peur; avec des soupirs profonds, il se met à pleurer en hurlant à sa façon à la vue de ma triste situation. Comme les soupirs résonnent à travers une terre insensible, semblables à un millier d'hommes vaincus dans un combat sanglant.